Mauvaise foi

Clara est juive, Ismaël est arabe. Ils forment un couple heureux et épanoui. Lorsque Clara tombe enceinte, c'est le plus beau jour de leur vie. Tout va bien...

Thème(s): 
Public ciblé: 
Tout public
Genre: 
Comédie
Durée: 
83 minutes
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
Paris
Date de sortie: 
2006
Réalisateur / Réalisatrice: 
Roshdy Zem
Comédiens: 
Roschdy Zem
Cécile de France
Production: 
Pan-Européenne Production

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1. Charme des deux acteurs,

2. Humour au ton doux-amer,

3. Message d’espoir pour le vivre-ensemble.

Peut-on vivre ensemble lorsqu’on est de confessions différentes ? A travers l’histoire du couple formé par Clara et Ismaël, « Mauvaise foi » raconte la difficulté de faire coexister les traditions et les communautés. Il faut, au quotidien, dépasser les préjugés et sortir du repli identitaire.

Sélections :

Les Césars 2007 : Meilleur premier film

Globes de Cristal : Meilleur acteur

Festival International du Film de Karlovy Vary, république Tchèque

Singapour French Film Festival; Singapour

Festival International du Film de Seattle, Etats-Unis

Festival du Film Français de Stockholm, Suède

Festival du Film Francophone de Grèce

France Cinema Floride (Miami - Boca Raton), Etats-Unis

 

Prix :

Etoile d'or de la meilleure actrice pour Cécile de France

Ismaël et Clara filent le parfait amour. Lui est professeur de musique, elle est psychomotricienne. Lorsque Clara tombe enceinte, elle décide de présenter Ismaël à sa famille, mais garde sa grossesse secrète. La légitimité de leur couple est remise en cause par les parents de la jeune femme – car Clara est juive, et Ismaël est arabe.

De son côté, Ismaël se confie à son ami Milou, qui est juif comme Clara. Ismaël et lui font des virées le week-end pour donner des concerts de jazz. Après avoir été victime du rejet des parents de Clara, Ismaël a peur de la présenter à sa mère, de confession musulmane.

Clara et Ismaël emménagent ensemble mais des doutes s’immiscent dans leur vie de couple – chacun est influencé par la peur du regard de sa famille. Clara annonce à sa mère qu’elle est enceinte. Cette dernière le vit comme une catastrophe : l’enfant sera tiraillé entre deux religions incompatibles.

Les premiers obstacles dus aux traditions font irruption dans le couple : la question de l’âge auquel l’enfant devra être circoncit (différent chez les juifs et chez les arabes), la Mézouza (un petit rouleau de parchemin roulé sur lequel les mots hébraïques du Chéma sont écrits à la main par un scribe) posée sur la porte par Clara, et qui déplaît à Ismaël...

Clara fait la rencontre de Mounia, la jeune sœur d’Ismaël, qui vient faire le ménage gratuitement chez son frère tous les mardi, ce qui surprend et choque Clara. Mounia n’était pas au courant de l’existence de Clara et comprend qu’Ismaël a fait croire à sa compagne que leur mère était partie en thalassothérapie pour ne pas que Clara la rencontre.

Lorsqu’Ismaël rend visite à sa mère, celle-ci essaye de le convaincre de faire le Ramadan, mais Ismaël se sent éloigné des coutumes religieuses. Mounia lui avoue avoir fait la rencontre de Clara et le rassure lorsqu'elle dit avoir confirmé son histoire de thalassothérapie. Mais elle a inclus Milou dans le mensonge, disant à Clara qu'il était lui aussi au courant...

Justement, taraudée par ses doutes, Clara décide de s’arrêter au magasin de disques où travaille Milou pour l’interroger sur ce que représente selon lui ses origines juives. C’est alors qu’elle se rend compte que la thalassothérapie est un mensonge. Le soir, elle confronte Ismaël qui lui promet de lui présenter sa mère. Le lendemain, Clara est surprise d’apprendre qu’Ismaël a décidé de faire pour la première fois de Ramadan.

Ismaël invite sa mère à dîner pour lui présenter Clara, mais cette dernière, retenue à son travail, n’arrive pas à temps. Lorsqu’elle rentre chez eux, Ismaël, en colère, lui annonce que leur fils portera le prénom arabe de son père. Une dispute s’ensuit, où leurs origines juives et arabes se confrontent. Ils décident de se séparer.

Clara retourne vivre chez ses parents, tandis qu’Ismaël cherche le réconfort auprès de Milou et de sa mère. Loin l'un de l’autre, ils sont malheureux. Le père de Clara s’en rend compte et décide de convier Ismaël à une sortie à vélo pour s’excuser et l’inviter de nouveau à dîner chez eux.

Mais une fois sur place, Ismaël comprend que les parents de Clara ont l’intention de le faire convertir à la religion juive. Même s’il n’a pas l’intention de devenir juif, Ismaël est prêt à faire des efforts pour retrouver Clara, et prévoit de se rendre à la synagogue. Il va demander conseils à Milou, mais lors d’une partie de poker, ils se disputent violemment au sujet de la guerre entre Israéliens et Palestiniens.

Ismaël et Clara, eux, se disputent à nouveau autour de la question de la Mézouza. Fatigué de tous ces conflits, Ismaël jette l’éponge et avoue à Clara ne pas être sûr de désirer un enfant. Effondrée, elle se réfugie dans les bras de sa tante. Contre l’avis de cette dernière, elle décide d’avorter.

Ismaël se réconcilie avec Milou et lui raconte sa rupture avec Clara, et notamment le fait qu’elle refusait que l’enfant porte le prénom de son père. Milou lui demande alors s’il trouvait le prénom de son père joli...et un déclic a lieu pour Ismaël. Il va voir sa mère et lui confie toute l’histoire d’une traite, révélant que Clara est juive et enceinte. La réaction de sa mère le surprend : elle est très heureuse et n’a aucun problème avec le fait que Clara soit une jeune femme juive.

Ismaël fonce alors chez les parents de Clara pour la retrouver, mais elle est déjà en chemin pour l’hôpital. Elle n’a averti personne, à part sa tante à qui elle a laissé une note. Cette dernière avertit Ismaël qui fonce avec Milou à travers Paris pour empêcher Clara d’avorter. Mais il arrive trop tard. En sortant de la salle d’opération, Clara croise d’Ismaël. Ils se regardent longuement.

Nous les retrouvons quelques années plus tard. Ils ont deux enfants et vivent ensemble. Ils ont réussi à dépasser leurs difficultés.

« Aujourd'hui, les gens ne veulent plus faire de compromis or, moi, je pense qu'on ne peut avancer, dans la vie, qu'avec des compromis », Roschdy Zem.

Roshdy Zem naît le 27 septembre 1965. Fils d’immigrés marocains, il prend des cours de théâtre et tourne dans son premier film en 1987 : « Les Keufs » de Josiane Balasko. Il joue ensuite dans deux films d’André Téchiné, puis enchaînera les rôles après « N’oublie pas que tu vas mourir » de Xavier Beauvois. Depuis, Roshdy Zem a joué dans plus de 60 films et a campé des rôles dans tous les registres (polar, comédie, film social, film de guerre, thriller...).

Acteur multi-récompensé (prix d’interprétation masculine de festival de Cannes 2006 pour le casting du film « Indigènes », cinq nominations aux Césars...), il passe à la réalisation en 2006 avec la comédie « Mauvaise foi ». Il réalisera par la suite « Omar m’a tuer » en 2011 et « Bodybuilder » en 2014. Son nouveau film en tant que réalisateur, « Chocolat », sort en 2016.

La radio annonce de tragiques nouvelles engendrées par le conflit israélo-palestinien alors que la caméra remonte le long du lit pour aller capter un parfait moment d’intimité entre Clara et Ismaël, blottis l’un contre l’autre sous la couette. Cette première scène annonce déjà tout l’enjeu du film : ce couple fusionnel va-t-il réussir à surmonter « l’incompatibilité » (comme dit la mère de Clara) fondamentale entre juifs et arabes ?

En superposant ce moment intime avec les nouvelles de la guerre entre Israël et la Palestine, le réalisateur et acteur Roschdy Zem ancre ses personnages dans un conflit qui les dépasse et qui pourtant va venir s’immiscer dans leur quotidien. En écho à cette première scène, une autre séquence qui intervient plus tard dans le film, après la rupture du couple, montre Clara seule devant sa télévision, allongée sur son lit. La caméra remonte le long de son corps comme elle remontait le long du lit dans la première scène, et le journal télévisé nous informe à nouveau des nouvelles du conflit israélo-palestinien. D’une scène à l’autre, l’éternelle opposition juifs/arabes a séparé les personnages. Le couple s’est désagrégé, victime de questionnements identitaires.

Ce questionnement, ce doute, est particulièrement lisible lors de la scène où Ismaël et Clara, qui viennent d’emménager ensemble à ce moment du film, dansent sur une musique romantique. Comme lors de la scène d’ouverture, leurs têtes reposent l’une contre l’autre, mais Clara n'a plus les yeux fermés comme au début du film, et il y a quelque chose d'un peu forcé, mécanique, dans leur danse. Le regard de Clara se perd, on y perçoit le doute. L’évidence de la première scène s’est perdue.

« J’ai peur » dit-elle à Ismaël, en pleurs, dans la salle de bain. Un pan du mur obstrue alors le cadre. Plus loin dans le film, elle n'arrive pas à temps pour dîner avec la mère d'Ismaël. Cette absence conduira à la première dispute du couple, et sa première rupture. Ismaël décroche le dessin d’enfant dont il s’était servi pour cacher la Mézouza posée sur la porte par Clara. Le cadre est alors à nouveau obstrué par un pan du mur, en écho à la scène de la salle de bain. Cette façon de laisser le mur exister dans l’image exprime un obstacle qui se tient entre eux – une manière visuelle de dire le mur qui les sépare.

Clara et Ismaël deviennent métaphore d’une guerre qui ne leur appartient pas. Le conflit israélo-palestinien remet en jeu leur couple – il y a réflexe identitaire, les personnages s’approprient une guerre qui a lieu à des milliers de kilomètres. L’arrivée d’un enfant dans leur vie marque leur passage définitif à l’âge adulte. Cette transition s’accompagne d’une crise identitaire, avec la tentation d’un repli communautaire pour tenter de se définir à soi-même. En cela, « Mauvaise foi » peut être considéré comme un récit initiatique, une quête d’identité.

L’annonce de la grossesse de Clara renvoie les personnages à la question de ce qu’ils veulent transmettre. En pleine perte de repères, ils se réfugient dans des réflexes identitaires, c’est-à-dire un héritage familial qu’ils ne comprennent pas vraiment et dont ils se sentent éloignés. « C’est quoi être juif ? » demande Clara à Milou, tandis qu’Ismaël commence le Ramadan pour la première fois après avoir rendu visite à sa mère qui l’encourage à jeûner, alors que jusqu’ici la seule chose qu’il considérait comme « sacrée » était la musique.

Clara et Ismaël trouvent dans la ré-appropriation de leur héritage culturel et religieux quelque chose qui les définit, mais aussi, qui les différencie. « Il est comment ? » demande le père de Clara à propos d’Ismaël. « Arabe » répond froidement la mère. Pour eux, Ismaël est un « arabe » avant d’être une « personne ». Est-ce qu'un couple de confessions différentes peut tenir face au poids de l'héritage culturel et religieux, du regard de la société et de la famille ?

Cette différence de confessions se cristallise autour de deux traditions, l’une juive et l’autre arabe : la Mézouza accrochée au montant de la porte d’entrée par Clara, et la volonté de transmettre le prénom du père d’Ismaël. « On a dit pas de religion » dit Ismaël à Clara. « Tu confonds religion et tradition » lui répond-elle. La religion est un acte de foi, tandis que la tradition est un héritage culturel et familial.

C’est cet héritage qui pèse sur les épaules des personnages ; Ismaël veut imposer à Clara le prénom de son père si l’enfant est un garçon. Leur dispute est filmée, pour la première fois dans le film, en caméra portée. C’est un moment de basculement, de rupture entre les personnages aussi bien que de rupture dans le processus de filmage. Ismaël vide son sac : « Je me suis fait humilier par tes parents, après tu me poses une Mézouza, après tu me fais Chabbat, on va aller jusqu'où comme ça ? »

« Sur les deux religions, y’en a une qui doit céder » dit le père de Clara à Ismaël pendant leur discussion à vélo. Lorsqu’il retourne chez les parents de Clara, Ismaël est « surcadré », c’est-à-dire que l’encadrure de la porte fait comme un deuxième cadre à l’intérieur de l'espace définit par le champ de la caméra. Cela traduit son enfermement : il est pris au piège par les parents de Clara qui veulent le convertir au judaïsme. Lors de la scène de dispute avec Clara, Ismaël lui reprochait justement de se sentir pris au piège.

Comment sortir de ce repli communautariste ? Comment surmonter le poids d’un héritage culturel et religieux ? Le film prône une pensée à contre-courant, capable de s’extirper des cadres et des idées préconçus. C’est la métaphore du « saumon » employée par Milou, et relayée par une affiche sur un arrêt de bus qui interpelle Ismaël. Comme les saumons qui remontent les rivières dans le sens inverse du courant, la relation entre Clara et Ismaël va contre le « sens commun » des choses, elle est à contre-courant. Il est alors tentant pour les personnages d’abandonner cette relation amoureuse, de se laisser porter par le courant, de retourner à « la norme ».

Mounia, la sœur d’Ismaël, vit à contre-courant elle aussi, osant faire les choses « comme les garçons ». Elle joue au football, refuse de porter du rose et veut s’enrôler dans l’armée. Elle doit subir les moqueries des garçons de son quartier, et les critiques constantes de sa mère. Mais Mounia refuse de se laisser porter par le courant, de se conformer aux normes sociales, à ce qu’on attend d’elle en tant que fille.

Ismaël finit par se rendre compte qu’il s’est laissé porter par un courant qui ne lui correspond pas. Milou lui demande s’il trouve le prénom de son père défunt joli – le prénom qu’Ismaël voulait obstinément attribuer à son futur enfant pour honorer la tradition. Soudain, Ismaël se rend compte que le prénom ne lui plaît pas. Que cette tradition ne correspond pas à qui il est vraiment.

La séquence finale montre Ismaël et Clara qui ont réussi à fonder une famille en « remontant le courant ». Mais la scène nous montre une famille parfaitement normale, fonctionnelle, qui ne paraît pas du tout à « contre-courant ». Car la norme, le sens commun, le « sens du courant », varie en fonction des lignes qui définissent les structures sociales et culturelles.

« Mauvaise foi » se positionne dans une volonté de réconciliation, symbolisée par la dernière image du film qui montre les deux grand-mères, juive et arabe, se réunir autour de leurs petits-enfants. Une génération pourtant très attachée à ses origines religieuses et culturelles. Ces deux femmes de confessions opposées représentent un espoir de vivre-ensemble. Elles sont la métaphore de deux communautés adversaires qui peuvent se réunir au-delà de leurs différences.

« Et l’enfant ? Il sera juif-musulman » s’inquiétait la mère de Clara. « Il sera français », lui répondait-elle.

- Quelle est la réaction des parents de Clara lorsqu’ils rencontrent Ismaël ? Pourquoi ?

- Pourquoi Ismaël est-il contre la Mézouza posée sur la porte d’entrée ?

- Y’a-t-il une différence entre religion et tradition ?

- Pourquoi Ismaël a-t-il peur de présenter Clara à sa mère ?

- Quelle influence a le conflit israélo-palestinien sur les personnages ? Comment se manifeste-t-il ?

- A quel moment Ismaël réalise-t-il qu’il s’est enfermé dans des réflexes identitaires qui ne lui ressemblent pas ?

- Pourquoi peut-on dire que le film va vers une « réconciliation » ?

- 2006 fut l’année de la sortie de « Mauvaise foi », premier film de Roschdy Zem en tant que réalisateur, mais aussi l'année où il fut en mai l'un des cinq lauréats du Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes pour « Indigènes » de Rachid Bouchareb.

- Roschdy Zem a pu s’inspirer de sa propre vie pour l’écriture de « Mauvaise foi ». En effet, il vivait, au moment de la conception du scénario, en ménage avec une femme d’origine juive.

- La bande originale du film a été confiée à Souad Massi, artiste algérienne qui a également signé la chanson du générique de fin du film d’animation « Azur et Asmar » de Michel Ocelot.