Chocolat

Du cirque au théâtre, de l'anonymat à la gloire, l'incroyable destin du clown Chocolat, premier artiste noir de la scène française. Le duo inédit qu'il forme avec George Footitt, va rencontrer un immense succès populaire dans le Paris de la Belle Époque avant que la célébrité,  l'argent facile, le jeu et les discriminations n'usent leur amitié et la carrière de Chocolat. Le film retrace l'histoire de cet artiste hors du commun.

Public ciblé: 
Tout public
Genre: 
Comédie dramatique
Durée: 
114 minutes
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
Paris
Date de sortie: 
2016
Réalisateur / Réalisatrice: 
Roshdy Zem
Comédiens: 
Omar Sy
James Thiérrée
Production: 
Mandarin production

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Consultez le dossier de presse complet du film et la page internet officielle du film.

1. Un destin extraordinaire,

2. Un duo d’acteur formidable,

3. Une histoire oublié mise en lumière.

L’histoire du clown Chocolat est longtemps tombée dans l’oubli. Elle est ici réhabilitée. Nous découvrons le racisme du Paris bourgeois du début du vingtième siècle. Le destin de Chocolat, premier artiste noir à avoir connu la célébrité en France, donne une leçon sur hier pour mieux interroger le racisme d’aujourd’hui. Il relate le chemin parcouru et celui qu’il reste à parcourir.

Sélections :

 

Meilleur son : Vincent Guillon, Brigitte Taillandier, Stéphane Thiébaut

Meilleur décor : Jérémie D. Lignol

Meilleur acteur dans un second rôle : James Thiérrée

Meilleur acteur : Omar Sy

Meilleure musique originale : Gabriel Yared

 

Palmares :

César du meilleur acteur dans un second rôle : James Thiérrée

César des meilleurs décors : Jérémie D. Lignol

Nous sommes en 1897. George Footitt, célèbre clown qui a eu son heure de gloire, est aujourd’hui en perte de vitesse : ses numéros ne font plus rire. Dans un petit cirque itinérant, il fait la rencontre d’un dénommé Kananga, un homme noir massif qui joue les cannibales pour son numéro sous le chapiteau. Foottit voit en lui l’occasion de moderniser son spectacle et lui propose de former un duo. Monsieur Delvaux, le directeur du cirque, est sceptique, mais Footitt sait le convaincre et forme Kananga à l’art du clown.

Leur représentation est un succès immédiat. Pour la première fois, le « Clown Blanc » et « l’Auguste » sont réunis en un seul et même numéro. Foottit joue le rôle du Clown Blanc, le clown autoritaire qui domine le spectacle, tandis que Kananga affiche celui de l’Auguste, le clown gaffeur qui se prend toujours des coups de pieds et des gifles à la fin du numéro. Le cirque Delvaux voit ses profits accroître avec le succès du duo, mais Foottit et Kananga ne sont pas augmentés pour autant, et le Clown Blanc ne divise pas l’argent en parts égales. Tous les soirs, Kananga joue aux dès et perd l’argent qu’il gagne. Il entretient en secret une relation sentimentale avec Camille, la plus jeune d’une famille d’artistes qui officie au cirque.

Ayant eu vent de la rumeur de ce duo incongru, Joseph Oller, directeur du prestigieux Nouveau Cirque de Paris, se déplace en province et, séduit par leur numéro, engage Foottit et Kananga pour venir jouer dans son cirque. Kananga part en promettant à Camille de la faire venir à Paris dés que possible.

Le succès est à nouveau au rendez-vous à la capitale. Kananga change de nom et devient le clown Chocolat. Ses pitreries séduisent tellement la foule des bourgeois parisiens qu’il en éclipse Foottit. Chocolat, emporté par son triomphe, se perd dans l’alcool, les prostituées et les jeux d’argent. Foottit et lui proposent au public des numéros toujours plus inventifs et modernes. Mais Chocolat reçoit quoiqu'il arrive un coup de pied et une gifle en conclusion de chaque spectacle. Les frères Lumière viennent filmer le duo avec leur invention révolutionnaire : le cinématographe.

Dénoncé par la femme du directeur du cirque Delvaux, jalouse, Chocolat qui n’a pas de papiers est emmené par la Police et est jeté en prison après avoir subi des agressions physiques. Il y fait la rencontre d’un militant haïtien qui lui fait prendre conscience de l’image de « bon nègre » véhiculée par le clown Chocolat qui se fait toujours rossé par l’homme blanc. À partir de ce moment, Chocolat ne prendra plus de véritable plaisir à son succès, sauf lorsqu'il il fait une performance à l’hôpital pour des enfants malades. Il y rencontre Marie, dont il tombe amoureux. Foottit, lui, traîne dans les bars, mais ne peut pas assumer son homosexualité. Il s’enferme dans sa solitude.

Chocolat a de plus en plus de mal à supporter que son personnage soit frappé tous les soirs par Foottit. Lorsque le publicitaire de Félix Potin propose une affiche représentant Foottit bottant les fesses de Chocolat, ce dernier refuse. Foottit est alors retiré de l’affiche pour que Chocolat ait l’air de sauter de joie avec un visage apparenté à celui d’un singe, visage qui sera finalement redessiné pour lui redonner ses traits humains.

Une tension s’installe entre les deux amis. Chocolat reproche au clown blanc de ne pas partager les recettes équitablement, et s’amuse à déstabiliser son partenaire en ne respectant pas le déroulement de leurs numéros. Un soir, il surprend Foottit en esquivant sa gifle, et pour la première fois, renverse les rôles et le frappe à la place. Chocolat quitte le cirque pour se lancer dans le théâtre : il veut donner une autre image de l’homme noir et prouver qu’il peut jouer comme les blancs. Il rencontre, par l’intermédiaire de Marie, un directeur de théâtre qui accepte de monter la pièce de Shakespeare Othello avec Chocolat dans le rôle titre. Chocolat reprend alors son véritable nom : Rafael Padilla.

Mais par peur de ne pas être à la hauteur sans son acolyte, Rafael sombre définitivement dans l’alcool et le jeu, et contracte des dettes qu’il ne peut plus payer. Il parvient pourtant à tenir bon et son interprétation d’Othello est irréprochable. Mais le public n’est pas prêt à voir un noir jouer au théâtre, et Rafael ne récolte que des sifflements. A la sortie de la représentation, des hommes de main viennent le trouver pour ne pas avoir payé ses dettes de jeu et l'agressent violemment.

Des années plus tard, en pleine guerre 14-18, Chocolat, vieilli et mourant, est devenu balayeur pour un petit cirque de province. Marie est toujours auprès de lui. Foottit arrive pour assister à la mort de son ami de toujours, sa main dans celle de Rafael.

« Avec ce film, je voulais réparer une injustice : de Charlie Chaplin jusqu’à Zavatta, tous les clowns se sont inspirés de Foottit et de Chocolat », Roshdy Zem.

Roshdy Zem naît le 27 septembre 1965. Fils d’immigrés marocains, il prend des cours de théâtre et tourne dans son premier film en 1987 : « Les Keufs » de Josiane Balasko. Il joue ensuite dans deux films d’André Téchiné, puis enchaînera les rôles après « N’oublie pas que tu vas mourir » de Xavier Beauvois. Depuis, Roshdy Zem a joué dans plus de 60 films et a campé des rôles dans tous les registres (polar, comédie, film social, film de guerre, thriller...).

Acteur multi-récompensé (prix d’interprétation masculine de festival de Cannes 2006 pour le casting du film « Indigènes », cinq nominations aux Césars...), il passe à la réalisation en 2006 avec la comédie « Mauvaise foi ». Il réalisera par la suite « Omar m’a tuer » en 2011 et « Bodybuilder » en 2014. Son nouveau film en tant que réalisateur, « Chocolat », sort en 2016.

« Chocolat » est l’histoire d’une prise de conscience. Celle d’un homme né esclave qui est parvenu à se hisser, grâce au rire qui est parfois la meilleure des armes, dans la société bourgeoise de la France du début du vingtième siècle. Cette prise de conscience, c’est celle de la lutte contre les discriminations raciales. Chocolat, caricaturé comme un singe, éternel souffre-douleur au service du clown Foottit, doit regagner son humanité, son identité. C’est ce qu’il fait en reprenant son véritable nom dans la dernière partie du film : Rafael Padilla.

Le film est aussi l’histoire de l’amitié complexe entre Chocolat et Foottit et la rivalité qui se développe progressivement entre eux. Foottit est tout en technique là où Chocolat fait preuve d’une drôlerie naturelle qui séduit plus aisément les foules. Foottit est solitaire, triste mais raisonnable, Chocolat est bon vivant, solaire et excessif.

La scène où Chocolat est mis en prison est un moment charnière qui va faire basculer le film. Chocolat fait la rencontre d’un intellectuel haïtien qui lui fait réaliser le rôle dans lequel il s’est enfermé : celui d’un noir battu par un blanc qui conforte les bourgeois dans leurs stéréotypes. À partir de ce moment, il ne peut plus être le clown insouciant qu’il était avant. Il sombre dans l’alcool et les jeux d’argent, comme échappatoire à sa condition tragique : même en étant devenu célèbre, il reste considéré comme inférieur.

Foottit lui, souffre de ne pas avoir la reconnaissance et l’amour du public, comme Chocolat. Une scène dans un bar montre un jeune homme homosexuel venant lui faire des avances, et le trouble mutique de Foottit nous fait comprendre qu’il refoule sa véritable orientation sexuelle. A cette époque l’homosexualité est un tabou absolu dans la société française. Foottit est donc lui aussi victime de discrimination. C’est peut-être ce qui le touche la première fois qu’il voit Chocolat faire son numéro de cannibale : il reconnaît en lui le fait de prétendre être quelqu’un, quelque chose, qu’on n’est pas.

Lorsqu’il propose à Chocolat de former un duo, ce dernier lui répond ; « t’as besoin d’un noir ». Foottit rétorque : « j’ai besoin d’un clown » et « nous serons les deux faces d’une même pièce ». Foottit semble être au-dessus des considérations raciales et montre l’exemple sur la question de l’égalité et du vivre-ensemble. Pourtant, le personnage a ses paradoxes : il ne divise pas l’argent en parts égales et refuse d’être le clown battu dans le spectacle. Il avouera à la fin du film, sur le lit de mort de son ami : « j’ai pas trop su aller plus loin ». Mais il appelle, pour la première fois, son ami « Rafael ». Il reconnaît alors, définitivement, Chocolat comme son égal.

La photographie et l’éclairage du film changent à mesure que le récit se déroule. Le film débute par une image solaire et colorée pour progressivement aller vers des scènes de pluies, plus froides et des couleurs plus ternes lors de la représentation d'Othello au théâtre. Cette « dégradation », cette perte progressive du caractère coloré et flamboyant de l’image, accompagne la déchéance de Chocolat, monté au sommet et mort en anonyme avant d’avoir cinquante ans.

A travers l’histoire de Chocolat, le réalisateur brosse le portrait de la vie de cirque, et celui de la bourgeoisie parisienne de la Belle Époque, dénonçant le racisme ordinaire qui régnait alors. Lors de la scène de l’exposition coloniale internationale à Paris, Chocolat se retrouve face à la vision primitive qu’ont les Parisiens des noirs – ils leur lancent des pièces comme on jette des cacahuètes aux animaux. Chocolat se tient du « bon » côté de la barrière, du côté des blancs, des occidentaux. Mais un homme africain s’adresse à lui dans son dialecte, comme si Chocolat n’était pas à sa place parmi les blancs. C’est toute la complexité de ce personnage à la fois hanté par ses souvenirs d’enfant esclave né à Cuba et en même temps roi du cirque parisien.

Lorsque Chocolat meurt, un mouvement de caméra sort de la roulotte et part vers le ciel, comme pour accompagner la vie qui s’échappe du personnage. Le film se termine sur les images tournées par les frères Lumière, inventeurs du cinématographe, sur lesquelles les véritables Foottit et Chocolat font leur numéro. Un hommage à ces deux clowns qui ont révolutionné le cirque, et ont pour la première fois osé un duo en noir et blanc.

– Déterminez les différents éléments dans le film qui relèvent du racisme.

– Pourquoi Chocolat décide-t-il d’arrêter le duo avec Foottit ?

– Pourquoi la représentation d’Othello au théâtre se fait-elle huer par le public ?

– Pourquoi Foottit est-il aussi solitaire ?

– Pourquoi peut-on dire que le duo formé par Foottit et Chocolat était à l’époque novateur ?

 

Pour aller plus loin : découvrez le dossier pédagogique réalisé par la Ligue des Droits de l'Homme.

– Les frères Lumière sont joués par deux autres frères : les comédiens Denis et Bruno Podalydès.

– James Thiérrée, qui interprète Foottit, vient du crique et a lui-même chorégraphié les numéros de Chocolat et Foottit. Il a été l’entraîneur d’Omar Sy pour la pantomime.

– Malgré les rejets dont elle a été victime, Marie, femme du clown Chocolat, a lutté jusqu’à son dernier souffle pour être enterrée sous le nom de « Veuve Chocolat ».

– James Thierrée est le petit-fils de Charlie Chaplin.