Le silence et l'oubli

Emmanuel est prof dans un lycée de banlieue et rencontre des problèmes de discipline avec ses élèves. Lorsqu’il apprend que son père a fait la guerre d'Algérie en tant que soldat, contrairement à ce qu'il lui avait toujours dit, ses certitudes en sont bouleversées. Sa vision de son quotidien d'enseignant commence alors à changer. 

Public ciblé: 
À partir de 12 ans
Genre: 
Drame
Durée: 
18 minutes
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
06000 - NICE
Date de sortie: 
2011
Réalisateur / Réalisatrice: 
Christophe Delsaux
Comédiens: 
Malik Zidi
Philippe Nahon
Production: 
La vie est belle

Consultez la page Unifrance du film.

 

Contactez la société de production :

LA VIE EST BELLE FILMS

45 rue de la Mare 75 020 PARIS

Céline Maugis

assistant@lavieestbellefilms.fr

1. Réalisme,

2. Jeu sobre et nuancé des acteurs,

3. Paysages niçois.

Le silence et les tabous qui entourent encore la guerre d’Algérie sont évoqués à travers le personnage du père d’Emmanuel. Un lien est tissé entre passé et présent, entre mémoire et éducation. La connaissance de notre histoire change notre perception du quotidien.

Festivals :

Festival d’Aubagne

Rencontres du court de Montpellier

Compétitions européennes du Festival international de Contis

Emmanuel attend devant le bureau de la proviseure du lycée où il enseigne. Noredine, un jeune élève, patiente également auprès de son père qui lui parle en arabe. A l’issue de l’entretien avec la directrice de l’établissement, le jeune homme est renvoyé du lycée. Ce que les élèves d’Emmanuel vont lui reprocher ; pour eux, c’est une injustice. Emmanuel, hanté par Noredine qui traîne toujours près du lycée, se demande si la bonne décision a été prise.

Emmanuel est convié à une fête chez des amis de son père. Bien que ce dernier ait toujours dit à son fils qu’il avait participé à la guerre d’Algérie en tant qu’instituteur, Emmanuel apprend que son père était en réalité un soldat. Troublé par cette révélation, il commence à faire des recherches sur la guerre d’Algérie sur internet, et découvre les tortures qui ont été perpétrées.

Son regard sur Noredine, d’origine algérienne, change alors. Emmanuel va trouver le père du jeune homme pour le convaincre de trouver un nouveau lycée pour son fils. Mais Noredine a décidé de ne pas passer son Bac et de retourner en Algérie. Emmanuel prend rendez-vous avec la directrice du lycée pour lui demander de ré-intégrer Noredine. Lorsqu’elle refuse, Emmanuel répond qu’il écrira une lettre au rectorat pour modifier son témoignage, en s’accusant lui-même.

Il retrouve son père autour d’un plat de pâtes et lui demande des explications sur le rôle qu’il a joué lors de la guerre d’Algérie. Il demande la vérité. Le père prévient que ce n’est pas une belle histoire. Mais il la raconte et transmet son témoignage.

Christophe Delsaux est diplômé de la faculté de sciences économiques de Rennes. Il intègre l’équipe de La Vie est belle en tant que producteur et se consacre à la production de longs métrages. En 2013, il crée la société de production Oriflamme Films. Le premier long métrage à voir le jour est « Qui vive » (Marianne Tardieu, 2014), avec Reda Kateb et Adèle Exarchopoulos. Il passe à la réalisation avec deux courts métrages et est en cours d’écriture de son premier long métrage, « Quartier Libre ».

Le film est construit sur une dynamique haut/bas qui reflète la différence de classe sociale. En bas, il y a le lycée professionnel et certains de ses jeunes en échec scolaire, à la dérive. En haut, il y a la villa des riches amis du père d’Emmanuel. Le réalisateur met en avant les paysages dans des « plans larges » qui laissent de la place dans l’image aux collines, pour montrer qu’on a pris de la hauteur – on s’est élevé à la fois physiquement, et socialement. Emmanuel se tient à la bordure de ces deux mondes, il navigue de l’un à l’autre en essayant de redonner du sens à son travail de prof.

« Le silence et l’oubli » est l’histoire d’une coïncidence. Celle du renvoi d’un lycéen d’origine algérienne au moment où son professeur découvre que son propre père a été soldat pendant la guerre d’Algérie. Pour ce prof, Emmanuel, revenir sur la décision du renvoi de Noredine est une forme de réparation. Le passé, à travers les images de la guerre, semble obséder Emmanuel, le hanter tout comme Noredine hante le lycée à force d’y traîner, comme pour réveiller la culpabilité de son prof. Faire le bon choix, au présent, donner une nouvelle chance à Noredine, permet à Emmanuel de « panser l’Histoire », de réparer un peu de ce qui a été brisé lors du conflit algérien.

C’est aussi une manière de se raccrocher à sa vocation. Car quand il apprend que son père n’était pas instituteur pendant la guerre, c’est le sens même de son métier d’enseignant qui semble être remis en cause pour Emmanuel. En se confrontant à la directrice, se dressant contre le choix de renvoyer Nouredine, il endosse le rôle que son père n’a pas joué : le combat sur le terrain de l’éducation.

Pour mener ce combat à l’école, Emmanuel doit d’abord le mener en lui-même. C’est ce que représente la scène du rêve, où il se tient à la fois au centre du cercle, aux prises avec Noredine, et dans le cercle, parmi les soldats. Cette dualité, ce dédoublement, exprime quelque chose de l’ennemi intérieur, celui qu’on a en nous, et qui est nous-mêmes. Il peut être combattu par nos choix. C’est également le combat contre un héritage, celui de la violence, de la guerre, du conflit et de la division. Il y a une prise de conscience d’Emmanuel, une volonté d’aller vers l’autre, pour tenter de surmonter cet héritage commun fait de violences et de conflits.

A la fin, la parole du père se libère. La voix qu’on entend ne colle plus à l’image, elle s’en détache, pour devenir un témoignage universel qui dépasse le film. C’est un travail de « mémoire » qui est alors en train de s’accomplir. Il nous rappelle, quel que soit le conflit, que la guerre ment, parce qu’elle veut toujours nous faire croire que les vies humaines du camp opposé valent toujours beaucoup moins que les vies humaines du camp auquel on appartient.

– Pourquoi Emmanuel change-t-il d’avis sur le renvoi de Noredine ? Quel lien faites-vous avec l’histoire de son père ?

– Pourquoi le père d’Emmanuel lui a-t-il menti sur son rôle dans la guerre d’Algérie ?

– Où se passe le film ? En quoi peut-on dire que deux mondes y coexistent ?

– « Le Silence et l’oubli » est le premier film de fiction de Christophe Delsaux en tant que réalisateur.

– Christophe Delsaux retient principalement de ses années d’études les films Super 8 réalisés en amateur avec ses copains.