La vie en grand

Adama est un adolescent de 14 ans. Il vit avec sa mère dans un petit deux-pièces à Bondy, en banlieue parisienne. Il est en échec scolaire même si c’est un élève prometteur. Suite à un événement inattendu, il va renverser la vapeur, en compagnie de Mamadou, plus jeune que lui.

Public ciblé: 
Tout public
Genre: 
Comédie dramatique
Durée: 
82 minutes
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
93240 - STAINS
Lieu Concerné - specifique: 
Quartier du Clos Saint Lazare
Date de sortie: 
2015
Réalisateur / Réalisatrice: 
Mathieu Vadepied
Comédiens: 
Balamine Guirassy
Ali Bidanessy
Guillaume Gouix
Joséphine de Meaux
Production: 
Unité de Production

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1. Justesse des jeunes acteurs,

2. Fable républicaine attachante,

3. Vision positive de l’école.

Comment peut-on, dans un milieu qui ne favorise pas l’accès à la culture et au savoir, s’émanciper et y accéder ? L’école joue le rôle de « passeur » et permet aux adolescents de prendre leur destin en mains. Elle établit un rempart contre le monde de la drogue, l’argent facile et la voie de la délinquance.

Festival de Cannes 2015 : Semaine de la Critique.

 

Festival du film francophone d’Angoulême.

Adama, quatorze ans, habite avec sa mère en banlieue parisienne. Ils vivent séparés du père d’Adama en raison de la loi interdisant la polygamie. Adama en souffre, ses résultats et son comportement à l’école s’en ressentent.

Alors qu’Adama risque l’exclusion du collège, monsieur Mauger, son professeur principal, a l’idée de lui faire signer un contrat moral : Adama doit s’engager à améliorer ses notes, ou il sera renvoyé de l’établissement. Ainsi, Adama se voit responsabilisé.

En parallèle, Mamadou, douze ans, trouve par hasard un paquet de drogue et demande à Adama de l’aide pour écouler le lot. Les deux adolescents s’improvisent alors dealers et vont vendre aux plus grands aux abords d’une école privée, profitant de l’arrestation du dealer local.

Mais Adama voit les choses en grand : il voudrait sortir sa mère de la précarité, qui est condamnée à accepter des emplois peu gratifiants avec des horaires difficiles. Il va donc voir Terrence, le caïd du quartier, qui a connu son frère, Djibril, envoyé au « bled » par le père d’Adama. Terrence accepte de mettre Adama à l’épreuve en lui confiant un stock de marijuana à écouler. De nouveau, Adama s’associe à Mamadou.

Avec l'argent récolté, Adama achète une machine à laver à sa mère et cherche un nouvel appartement pour se rapprocher de son père. Mais il délaisse son « contrat » à l’école pour son « business » avec Mamadou. La menace de l’exclusion du collège se rapproche, et avec elle, celle d’être envoyé au bled. Pour ne pas mettre en péril leur business, Adama décide de mieux travailler à l'école et Mamadou l’aide à apprendre ses cours. Bientôt ses notes s’améliorent.

Mais lors d’un deal dans un parking, Mamdou et Adama sont menacés par un homme muni d’une arme à feu. Traumatisé, Mamadou décide d’arrêter le trafic. Adama doit pourtant finir d’écouler le stock, sous peine de subir la colère de Terrence. C’est à ce moment que le dealer local, dont Adama a pris la place, sort de prison. Entouré de sa bande, il vient trouver Adama à l’école pour en découdre. L’adolescent est sauvé in extremis par l’intervention de la police.

Devant le danger de la situation, monsieur Mauger propose aux parents d’Adama de l’éloigner du quartier pour un temps. Il a pris l’initiative de soumettre son dossier à une école d’excellence dans la Creuse, et les bonnes notes d’Adama lui ont permis d’y être accepté.

Avant de quitter sa cité, Adama déterre l’argent gagné avec la drogue et le partage avec Mamadou. Le film se termine dans le pensionnat de la Creuse, où Adama, entouré de verdure, est devenu un élève studieux.

                                        « Le savoir est l’arme la plus puissante pour changer le monde », Mathieu Vadepied.

Mathieu Vadepied est né en 1963. Après un CAP de photographe, il travaille comme assistant de photographes de mode, puis avec le célèbre photographe Raymond Depardon. Entre 1991 et 1995, il réalise une dizaine de clips vidéo. Il travaille également comme directeur de la photographie sur « Samba Traoré » d'Idrissa Ouedraogo et « Sur mes lèvres » de Jacques Audiard (2001 - nomination aux Césars 2002 pour la meilleure photo).

En 1996, il entame une collaboration avec Xavier Durringer comme directeur de la photographie sur deux de ses films : « J’irai au paradis car l’enfer est ici » (1997) et « Les Vilains » (1999). En 2000, il réalise un documentaire pour Arte, « L'Histoire de Bruno ». En 2003, il tourne « Le Souffle » et, en 2005, « Mille Soleils », deux courts-métrages de fiction. Après deux autre court-métrages de type documentaire, il entreprend en 2014 son premier long-métrage : « La vie en grand ».

Adama ne trouve pas le sommeil. Il est filmé en gros plan (son visage remplit le cadre) dès sa première apparition : c’est lui qui va remplir tout le film, nous verrons le monde depuis son point de vue. Le montage mélange à ces premières prises de vue sur Adama des images de la cité. Cette juxtaposition, ce rapprochement du visage d’Adama et de la vue sur la cité vient lier leurs destins : Adama est partie intégrante de son environnement. Tout au long du film reviendront des scènes où Adama a du mal à dormir, ce qui témoigne de l’agitation intérieure du personnage. Adama est un enfant qui, séparé de sa famille, a perdu ses repères, et que la cité menace d’engloutir.

Adama vit avec sa mère dans un petit appartement. Celle-ci est contrainte d’accepter des emplois précaires aux horaires difficiles. Adama regarde, impuissant, sa mère se lever au milieu de la nuit pour aller travailler, ou se faire traiter de manière condescendante par une conseillère Pôle Emploi déconnectée de la réalité des personnes qui se tiennent en face d’elle : « soit vous cherchez du travail, soit vous en cherchez pas ». Le film utilise la caricature pour montrer comment un individu sans ressources peut se retrouver démuni face aux institutions censées l’aider à s’insérer dans la société.

Cette séparation de sa famille « à cause de la loi sur la polygamie » comme il le répète à plusieurs reprises, et le quotidien difficile de sa mère, sont vécus par l’adolescent comme des injustices. Lorsqu’un autre enfant le traite de pauvre, Adama se jette sur lui pour le frapper, exprimant ainsi une colère intérieure, celle de sa condition sociale.

Adama passe son temps libre accoudé à sa fenêtre, les tours de la cité semblent être sa seule perspective. Un soir il se réveille pour voir, dans la rue en contrebas, le dealer du quartier se faire appréhender par la police. Nous voyons la scène depuis le point de vue d’Adama, l’action se déroule à distance, filmée en « plongée », c’est-à-dire que la caméra regarde « vers le bas » et accentue la verticalité du cadrage. La poursuite entre le dealer et les policiers, ainsi vue de loin, ressemble alors à un jeu du chat et de la souris à l’échelle du « terrain de jeu » du quartier. Cela a pour conséquence de dédramatiser l’action et d’appuyer l’innocence du regard d’Adama. En même temps, cela renforce la menace d’un monde de la délinquance tout proche d’Adama, juste sous ses fenêtres, dans lequel il risque d’être aspiré.

La banlieue est mise en scène comme un territoire d'affrontement pour le contrôle des points de vente de drogue. Alors qu’il va à la laverie, Adama se fait accoster par le dealer du quartier - qui sera par la suite arrêté - qui tente de recruter l’adolescent par la force. Un cocktail molotov est envoyé depuis une voiture contre le mur de la laverie d'où Adama vient de sortir. Adama regarde le feu avec insistance, et le ralenti souligne l’impact des flammes sur l’adolescent qui paraît à la fois fasciné et terrifié. Ce feu, c'est le risque de combustion lorsqu'on prend le mauvais chemin. Dans ce quotidien de violence et de précarité, Adama doit trouver sa propre voie.

Il n’y a pas de scène où Adama n’est pas à l’image, tout ce qui est filmé appartient à son point de vue. Le film refuse le sensationnalisme et les effets inutiles, il se met à la hauteur du personnage et regarde la banlieue à travers ses yeux avec un usage majoritaire de la caméra portée à l’épaule qui nous place dans l’énergie d’Adama. La caméra est en permanence réactive à ce qu’il se passe à l’image : le cinéaste a laissé beaucoup de liberté aux jeunes acteurs pour capter leur spontanéité. La mise en scène recherche ainsi la sobriété et la simplicité. L’éclairage du film se veut naturaliste, et le tournage s’est fait en équipe réduite pour avoir un maximum de souplesse et de liberté, dans une dynamique proche du documentaire. Les scènes entre Mamadou et Adama ont été tournées à deux caméras qui s’adaptaient en permanence dans les cadrages au jeu des acteurs.

L’image du film est froide, teintée de bleu, lorsqu’il s’agit de filmer les rues de la cité, ce qui exprime l’austérité d’un territoire où se déroulent les trafics de drogue. Le bleu est la couleur la plus présente dans le film, c’est celle de la veste d’Adama et de nombreux éléments de décor. C’est la couleur associée aux garçons – les filles, elles portent du rose, comme la fillette qui invite Adama à sortir avec elle. La mère d’Adama apparaît deux fois dans une lumière rosée dans l’appartement, alors qu’elle se lève en pleine nuit pour aller travailler.

L’image se fait plus chaleureuse, douce et colorée à l’intérieur de l’école. Cela crée une dialectique, un contraste, entre l’image froide-bleutée-monochrome de la banlieue de la délinquance et l'image plus solaire, aux couleurs pastels, de l'école. L’école est ainsi filmée comme un refuge – cela se ressent particulièrement lorsque Mamadou et Adama y passent la nuit.

Adama entretient un rapport complexe à l’école : s’il n’est pas un cancre, il a du mal à s’adapter à l’institution scolaire, rattrapé par ses difficultés personnelles (il voit sa mère trimer et est coupé de son père et de son frère). Sa mère est pourtant claire avec lui : « je veux que tu travailles très bien à l’école », mais Adama se retrouve vite menacé d’expulsion. Il doit alors rédiger un contrat avec l'école et s'engager à le tenir. C’est une manière pour ses professeurs d'impliquer l'élève dans son destin scolaire en le responsabilisant, et cette stratégie se révélera payante.

En parallèle, Terrence, le caïd de la cité, confie à Adama un important stock de marijuana à écouler. D’une façon analogue à son professeur principal (le prof de sport M. Mauger), Terrence « responsabilise » Adama. Son parcours à l’école et celui dans le milieu de la délinquance vont alors fonctionner en parallèle, jusqu’à se rejoindre à la fin du film. Pour pouvoir vendre sa drogue sans être inquiété, Adama doit faire profil bas au collège (sans quoi il sera renvoyé au bled comme son frère Djibril. Pour continuer son « business » de dealer, Adama doit donc améliorer ses notes. Ces deux projets, celui de la drogue et celui de l’école, sont liés par la force des choses.

Éloigné de son père, coupé de son grand frère renvoyé au bled, Adama est en recherche de modèles. Deux figures de « grand frère », qui représentent une forme d’autorité, s’offrent donc à lui : Terrence et M. Mauger, le prof de sport. L’un représente le monde de la délinquance, l’autre, celui de l’école. L’école est un refuge, et M. Mauger joue un rôle de « gardien » dans la vie d’Adama : lorsqu’il fait faire du Yoga et de la méditation à ses élèves, il pose sa main sur celle d’Adama. Ce geste, filmé en gros plan, a quelque chose de protecteur. Terrence, lui, vient en quelques sortes remplacer la figure de Djibril, avec qui il a travaillé – ce qu’on imagine être la raison de son renvoi au bled. La figure du père est, elle, manquante, à tel point qu’Adama doit le « remplacer » lorsque la CPE organise un rendez-vous.

M. Mauger est comme un « passeur », qui n’hésite pas à sortir du cadre scolaire pour aller proposer aux parents d’Adama de le faire intégrer un pensionnat. Il se sent concerné par la vie des élèves et le contexte dans lequel ils grandissent. Il représente les valeurs de tolérance et de bienveillance républicaines. Il donne à Adama des perspectives et pousse ses élèves à se dépasser.

Mais Adama est lui aussi une figure de grand frère pour Mamadou, dont il est le « tuteur » à l’école. Au départ, Adama refuse de remplir son rôle de tuteur, mais petit à petit, les deux adolescents se rapprochent. Lorsque Mamadou fait réviser ses devoirs à Adama, la figure se renverse et c’est Mamadou qui devient le grand frère. Adama continue d’exercer son autorité sur lui, mais ils ont besoin l’un de l’autre pour tromper leur solitude, progresser et sortir de leur condition sociale. Au contact de Mamadou, Adama devient un meilleur élève et renoue avec l’école.

C’est tout le contraste qui se joue dans le film : c’est en s’associant pour un business de drogue que les deux adolescents vont retrouver la voie de l’école et des valeurs républicaines. Le trafic de drogue n’est donc pas montré comme une fatalité, un point de rupture : Adama et Mamadou n’ont pas l’intention de sombrer dans la délinquance.

Adama s’est allié à Mamadou et s’improvise dealer pour offrir un meilleur quotidien à sa mère (une nouvelle machine à laver, un appartement plus grand). Mais pour les deux ados, le deal de drogue est comme un jeu sans conséquences, un moyen provisoire d’obtenir de l’argent. Adama voit « grand » : cet argent lui servira à sortir de la précarité, et, paradoxalement, de lui éviter une « carrière » dans la délinquance. « Toi tu vas devenir ingénieur et moi Président de la République » dit-il à Mamadou, ce qui démontre son ambition et son refus de s’enfermer dans la case « délinquance ».

Le film se déroule entre les tours, les terrains vagues et la sortie des écoles privées – ces lieux constituent le « terrain de jeu » d’Adama et Mamadou. Mais parfois le danger de leur situation resurgit : quand Adama s’avance parmi les silhouettes menaçantes des policiers casquées sous la pluie battante, ou lorsqu’ils sont braqués par une arme à feu. Adama et Mamadou sont projetés dans un monde d’adulte qu’ils observent avec un regard d’enfants. Un monde qui parfois est trop grand pour eux. Quand Terrence remet à Adama un important stock de marijuana, la drogue qui dépasse du sac de l’adolescent montre à quel point il est pris dans un engrenage qui le dépasse, une épreuve trop grande pour ses épaules, qui ne rentre pas dans son sac d’écolier.

Le film appuie ce contraste entre la jeunesse des personnages, leur taille, leurs accolades d’enfants, et les négociations dans lesquels ils sont lancés pour mener à bien leurs « deals ». Ce contraste dédramatise le film et le fait basculer dans la comédie, qui prend ainsi le contre-pied du drame social et permet de rester dans le regard de l’enfance, dans le point de vue innocent des personnages. Le drame social devient alors « conte social républicain », et le cinéaste porte un regard bienveillant sur ses personnages et assume une vision optimiste où il est possible de sortir de l’engrenage de la délinquance.

La notion d’équilibre est très importante dans le film. Adama fait le funambule entre le monde de la délinquance et celui de l’école. La scène du cour de cirque donné par monsieur Mauger souligne cette idée : les élèves doivent rester en équilibre sur la poutre. Dans cette scène, Mauger aide Adama à conserver son équilibre, mais c’est également ce qu’il fait, métaphoriquement, pendant tout le film.

L’équilibre est précaire, et les mondes se mélangent. L’école est l’endroit où Adama et Mamadou font leurs comptes, cachent leur argent et coupent leur drogue. Adama cache la drogue dans son sac d’écolier, la roule dans des cartes à collectionner et tient ses comptes dans son cahier de cours. Le trafic de drogue est assujetti au monde de l’enfance et de l’école. C’est un monde de « grands » mis en scène du point de vue de l’enfance.

Lorsqu’Adama et Mamadou passent la nuit dans l’école vide, elle devient un espace de jeu qui les détourne de leur « business ». Cet espace vient faire écho au terrain de jeu que représentent les rues et les terrains vagues de la cité. En s’appropriant ainsi les salles de l’établissement, Adama et Mamadou redeviennent momentanément pleinement des enfants, détournés du monde d’adultes du trafic de drogue. L’école qui incarne les valeurs républicaines représente un rempart contre la délinquance et la drogue.

Cet équilibre est également celui entre le « bien » et le « mal », le « juste » et le « nécessaire ». Est-ce juste de vendre de la drogue si c’est pour sortir de la précarité ? Adama doit faire un exposé sur l’affiche rouge pour sa classe. Cette affiche de propagande publiée en 1944 avait pour but de discréditer le groupe Manouchian, composé de résistants qui ont organisé des attentats sur Paris durant l’occupation pour tenter de déstabiliser le régime allemand. Les problématiques du groupe Manouchian font écho à celles d’Adama : est-ce qu'on peut faire le mal si c'est pour la bonne cause ? Est-ce que la fin justifie les moyens ? Est-ce qu’Adama est moralement condamnable pour sa participation au trafic de drogue ?

L’école est dans le film le symbole de la République. Adama doit tout faire pour ne pas en être exclu. L’école devient métaphore de la société - être expulsé de l’école, c’est ne pas avoir trouvé sa place dans la République française. L’alternative pour Adama est le retour au bled, donc, littéralement, quitter la France. Pourtant « La vie en grand » ne remet jamais en cause l’appartenance d’Adama à la société française : pour preuve la veste qu’il porte derrière laquelle est marqué « France ».

Le poème de Joachim Du Bellay qu’Adama doit apprendre pour l’école entre en écho avec la question de la double-culture et de l’immigration :

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

En découvrant ce poème, Adama reçoit un héritage de l’exil, qui le pousse à s’interroger sur le sens du mot « altruisme ». Enfant issu de l’immigration, Adama analyse la nostalgie de Du Bellay, qui est aussi celle de Mamadou, nostalgique d’un pays d’origine qu’il n’a jamais connu et qu’il fantasme.

Mais plus qu’un miroir d’une jeunesse issue de l’immigration qui navigue entre plusieurs cultures, le poème de Du Bellay exprime l’affection qu’Adama a pour sa cité. Cela prend tout son sens dans la dernière scène du film. Peu avant, l’équilibre entre l’école et le monde de la délinquance s’était rompu, lorsque le dealer du quartier, sorti de prison, poursuivait Adama dans l’école. Ce moment marque le véritable point de rupture du film : un monde doit l’emporter sur l’autre. Grâce au professeur de sport, Adama est « sauvé » par l’école et gagne sa place dans un pensionnat, loin des tours de sa cité, dans la Creuse. Il déterre son argent avec Mamadou, déterminé à bien réfléchir sur l’usage à en faire, soucieux d’être ambitieux et de s’éloigner du mauvais chemin. « Faut réfléchir » sont les derniers mots qu’il dit à Mamadou dans le film.

Nous retrouvons Adama dans une salle de classe entourée de verdure. C’est maintenant un élève studieux qui a l’avenir devant lui : l’école lui a offert des perspectives. Le réalisateur nous conte ainsi une fable républicaine qui croit en les valeurs de sa société. Adama récite le poème de Du Bellay, comme pour lui-même. Le film se termine sur ce poème, qui exprime à la fois qu’Adama est parvenu à devenir un élève modèle (il a réussi à apprendre le poème par cœur), mais aussi la nostalgie de l’adolescent pour sa cité, qui, malgré tout, est sa maison.

- Comment comprenez-vous le titre du film ?

- Pourquoi peut-on dire qu’Adama est « en équilibre » ?

- Quelles menaces pèsent sur Adama s’il ne travaille pas assez à l’école ?

- Quel rôle joue son professeur principal ? Comment parvient-il à motiver Adama à travailler mieux à l’école ?

- En quoi l’école est-elle un refuge pour Adama ?

- Pourquoi Adama se lance-t-il dans le trafic de drogue avec Mamadou ?

- En quoi les trafics d’Adama et Mamadou sont-ils mélangés avec des éléments propres à l’enfance ?

- L’école est-elle selon vous un rempart contre la délinquance ?

- Est-ce mal de la part d’Adama de vendre de la drogue pour changer sa vie ?

 

Pour aller plus loin :

- Découvrez le dossier sur l’affiche rouge réalisé par le Musée National de l'Histoire de l’Immigration en cliquant ici.

- Lisez le poème de Joachim Du Bellay "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage" en cliquant là.

- 1500 enfants ont été castés dans différents collèges pendant près d'un an et demi pour les besoins du film. Les premiers enfants choisis pour incarner Adama et Mamadou avaient trop grandi au moment où l’équipe était prête à tourner le film. Le choix de Balamine Guirassy pour le rôle d’Adama s’est donc fait au dernier moment.

- Le tournage s'est principalement déroulé dans la ville de Stains, en Seine Saint-Denis, notamment dans le quartier du Clos Saint-Lazare.

- Le réalisateur Mathieu Vadepied est aussi directeur de la photographie du film « Intouchables » réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache.

- Mathieu Vadepied, réalisateur du film, a eu un rapport conflictuel à l’école, et a vécu dans sa jeunesse un décrochage scolaire. Son père était maire de Méru, ville de l’Oise jumelée avec un village malien, ce qui a poussé Mathieu à aller travailler sur des films en Afrique. Ce rapport complexe à l’école et ce lien avec les populations issues de l’immigration africaine se retrouvent dans son film « La vie en grand ».

- Tourner avec des enfants demande une adaptabilité et exige de se plier à la contrainte horaire ; en effet, l’équipe ne pouvait tourner que quatre heures par jour avec les jeunes acteurs.