Jeune

20 jeunes filles et garçons ont choisi de se battre et se sont emparés des armes de la création pour nous raconter, sans filtre ni intermédiaire, leur parcours de déscolarisation. Bien décidés à s’en sortir, ils nous le font savoir au travers d’autoportraits dictés par l’intime, avec la conviction qu’ils peuvent redevenir maîtres de leur destin et redonner du sens au mot avenir.

Public ciblé: 
Tout public
Genre: 
Documentaire
Durée: 
93 minutes
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
81540 - SOREZE
21000 - DIJON
31000 - TOULOUSE
Date de sortie: 
2014
Réalisateur / Réalisatrice: 
Christian Zerbib
Production: 
Veo2Max Films
Le-Lokal Production

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VEO2MAX FILMS PRODUCTION

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1. Combat les clichés sur la déscolarisation,

2. Montre la richesse intérieure de ces jeunes à la dérive,

3. Livre un message d’espoir pour l’avenir.

Le décrochage scolaire concerne environ 100 000 jeunes chaque année. Souvent désœuvrés et livrés à eux-mêmes, leur déscolarisation peut s’accompagner d’un sentiment de ne pas être reconnu, de ne pas exister.

Un espace de parole est accordé à 20 jeunes « décrocheurs » dans ce film, afin qu’ils puissent nous raconter leurs histoires. Nous prenons ainsi conscience des limites de l’école qui a du mal à s’adapter aux élèves qui ne rentrent pas dans les cases. Mais aussi, nous découvrons la force intérieure de ces jeunes, et leur combat pour exister, quels que soient leur classe sociale ou leur niveau d’étude.

Sélections :

Festival des Films du Monde, Montréal 2014

Diffusion :

TV5 MONDE (Asie, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Afrique, Océanie et Europe, de juin à novembre 2014)

Ils sont vingt, ils sont jeunes, ils sont de milieux et d’origines différents, ils ont des histoires différentes. Mais ils ont tous pour point commun d’avoir « décroché » de l’école. Ces dix filles et dix garçons déscolarisés ont accepté de se raconter à travers des autoportraits en vidéo, dont des extraits ponctuent le documentaire.

Le réalisateur commence par emmener la bande au Musée des Beaux-Arts de Dijon, puis celui des Augustins à Toulouse, afin de les confronter à la question de l’œuvre d’Art et de la pratique artistique. Puis ils prennent la route pour la Montagne noire, à Sorèze, dans le Tarn, dans un chalet au milieu de la nature. C’est dans ce cadre bucolique qui les sort de leur quotidien urbain qu’ils sont formés à la prise de vue et la prise de son par des intervenants. Nous suivons leurs exercices, comment ils s’approprient petit à petit la caméra, et deviennent progressivement un groupe soudé, uni, malgré leurs différences.

Puis c’est les adieux, chacun retourne à sa vie. Le réalisateur va alors interroger des enseignants au lycée, mais aussi le directeur de l’école de la deuxième chance qui tente de re-scolariser ces jeunes à la dérive. Il donne la parole à des employés de la mission locale, et à des agents de formation. À travers les extraits des autoportraits, nous découvrons la vie des jeunes, leurs combats, leurs difficultés, leurs peurs mais aussi leurs espoirs et leur inébranlable volonté.

Puis nous les découvrons confrontés à leurs images, lors du montage et de la projection de leurs films sur écran. Ils témoignent de l’importance que ces autoportraits ont eu pour eux : beaucoup se sont redécouverts et acceptés.

                 « J’ai voulu rendre audible et visible cette jeunesse en déshérence, résignée et vulnérable », Christian Zerbib.

Christian Zerbib sort son premier long-métrage en 1983 : « La Fuite en avant ». Il écrit pour la télévision et scénarise le film « Cheb » de Rachid Bouchareb. Il sort son deuxième long métrage « Dernier stade » en 1994, et s’attaque au documentaire en 2009 avec « En terre étrangère ».

Les jeunes déscolarisés, que le réalisateur Christian Zebib met en avant dans son film, ne sont pas des délinquants, ni même des mauvais élèves ou des cancres. La diversité de leurs parcours, de leurs histoires et de leurs profils, va à l’encontre des idées reçues sur la déscolarisation, et montre qu’on peut décrocher à tout âge, quelle que soit l’origine ou la classe sociale.

Filmé dans le train, Rémy raconte avoir arrêté l’école simplement parce qu’il voulait gagner de l’argent rapidement, alors qu’il avait 15 de moyenne. Dans le train également, Clémence parle de son décrochage, qui a été bénéfique pour elle : elle va reprendre le lycée plus sereinement. Son exemple est marquant, car la jeune fille, de par sa « normalité » apparente, échappe totalement aux clichés du décrochage scolaire. Elle faisait partie d’un cursus « classe européenne » d’élite et n’a pas supporté la pression. « On n’a pas besoin d’être dans le malheur pour arrêter l’école » dit une de ses amies. Dans ce train, Clémence est filmée de profil, avec le même cadrage que Rémy : le cadre identique montre qu’ils sont égaux à l’image. Il n’y a pas un parcours supérieur à un autre.

Jérôme, lui, a été réorienté de force parce qu’il arrivait en retard tous les matins, du fait qu’il habitait loin de l’établissement et qu’il devait subir les aléas des transports. Olivier était à la fac quand il a décroché, et se demande qui il est aujourd’hui, ne se reconnaissant pas dans les regards portés par les différentes strates sociales. « Un glandeur pour les bourgeois, un échec pour ceux d’en bas, un fragile pour les amis ». Mélissa vit bien sa déscolarisation, car l’école ne lui correspondait pas, mais s’inquiète du regard de ses parents qui ont peur pour son avenir. Cette dualité, ces deux positions différentes qu’elle tient vis-à-vis de son décrochage scolaire, s’expriment, dans son autoportrait, par la présence de son reflet dans l’image, lorsqu’elle est assise dans le train et qu’elle contemple son reflet dans la vitre.

Marieke a arrêté son école d’Art, car elle se sentait seule, Jean-Clément a perdu sa mère et était victime d’un père violent, tandis que Boris rêvait d’être entomologiste, puis astronaute, puis milliardaire. Lui aussi a décroché quand il a perdu sa mère. Dans son autoportrait, il montre la chambre dans le foyer dans lequel il vit. Pour se présenter, il filme son lit (« tellement sale que t’as l’impression de dormir par terre »), sa poubelle, son lavabo qu'il « kiffe ». Son identité, c'est les quatre objets qui composent sa petite chambre.

Tous ces parcours montrent bien qu’il n’y a pas de règle du décrochage, ni de profil type du jeune déscolarisé. Christian Zebib va interroger des professionnels de l’enseignement pour comprendre les mécanismes qui poussent un jeune à rompre avec l’Éducation nationale. « Souvent, trop souvent, on choisit la facilité. Un élève qui déstabilise la classe, on va le sortir de la classe » témoigne une enseignante du lycée Marc d’Ors. Elle explique ses difficultés face à l’institution de faire des exceptions pour des élèves qui s’adaptent mal au système scolaire, et la complexité d’aller dans l’autre sens, c’est-à-dire d’adapter les règles, trop rigides, à ces jeunes. « L’école, telle qu’elle est conçue, ne peut pas correspondre à tout le monde ».

Le réalisateur constate ainsi qu’un jeune dans une filière générale est « sur les rails » alors qu’un jeune en décrochage, donc déjà en difficulté, doit décider de « la chose la plus difficile du monde » : son projet d’avenir. Il utilise au milieu du film l’image d’une voiture qui tourne en boucle autour d’un rond-point pour exprimer la difficulté pour un jeune déscolarisé de choisir sa route. Mais cette difficulté est aussi celles des barrières administratives, qui peuvent être décourageantes : dans son autoportrait, Marieke tente d’avoir des informations par téléphone sur les formations auxquelles elle peut avoir accès. Elle fait alors l’épreuve de l’absurdité administrative où son interlocuteur la renvoie constamment vers quelqu’un d’autre, jusqu’à lui demander d’appeler via une ligne fixe….qu’elle n’a pas. Marieke exprime à travers cette petite série de coups de téléphone les divers freins à la réinsertion qui peuvent mettre à mal la motivation.

Pourtant cette réinsertion scolaire existe. Le directeur de l’école de la deuxième chance  témoigne du travail qualitatif qu’ils peuvent faire auprès des jeunes, du fait qu’ils aient douze élèves en moyenne et non trente comme dans les lycées classiques. Pour lui, ces jeunes sont « plus des décrochés que des décrocheurs ».

Le film établit alors une critique d’une école parfois incapable de s’adapter, et d’accompagner. Le système éducatif, par essence collectif, peut difficilement prendre en compte les individualités, les particularités de chacun. Et comme Clémence le raconte, il est difficile de retourner à l’école. De se réadapter, de vivre à nouveau parmi les autres, de se soumettre aux règles. Elle explique, dans son autoportrait, sa perte de repères : « je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire, je suis perdue ». Ce que fait le réalisateur à travers son film, ce qu’il apprend à ces jeunes et que l’école ne leur apprend pas, c’est de cultiver l’estime de soi.

Pour sortir ces 20 jeunes de leur enfermement, le réalisateur Christian Zebib commence par les sortir de leur contexte quotidien. Il les emmène dans le Tarn, dans une nature bucolique mise en avant dans le documentaire par des plans « généraux », c’est-à-dire des cadrages qui montrent une grande partie du paysage avec de l’horizon, pour souligner sa splendeur. Entourés de cette beauté de la nature, soutirés à leur quotidien désœuvré composé de ville et d’isolement, les « décrocheurs » parviennent à lâcher prise et à s’exprimer sans peur du jugement de l’autre.

Au début du film, on voit les jeunes marcher vers le chalet le long d’une route de campagne. Des voix multiples, les leurs, s’enchaînent en voix off : elles se relayent pour toutes raconter le même texte ; plusieurs voix sont ainsi fondues en un seul discours. À travers ce montage sonore où les voix se complètent, Christian Zerbib exprime toute sa volonté de recréer du collectif pour ces jeunes. La formation audiovisuelle qui leur est dispensée dans le chalet va dans ce sens. Que ce soit lors d’exercices comme décrire une image que les autres ne voient pas, ou se présenter en vidéo, les jeunes fonctionnent en groupe, dans une ambiance conviviale où le collectif semble s’installer presque comme une évidence.

Une conseillère de la mission locale et une enseignante en formation adaptée témoignent alors : « ici ils sont joyeux et ont une ouverture qu’on ne soupçonne pas en entretien » avant d’ajouter « Ils ont peu de choix d’orientation et sont souvent dirigés vers des métiers qui ne leur plaisent pas. On a le droit de manquer d’enthousiasme ». C’est cet enthousiasme que leur redonne Christian Zerbib. Sarah, la jeune fille de l’autoportrait qui ouvre le film, raconte sa joie et sa surprise de ne pas être exclue du groupe, comme elle l’a toujours été auparavant. En quelque sorte, le réalisateur cherche par le collectif à recréer l’école, à sa manière, à travers une pratique artistique audiovisuelle.

Pour les préparer à cette confrontation avec la pratique artistique, Christian Zerbib emmène les jeunes au musée. Ils choisissent tous une œuvre, sculpture ou tableau, qui leur plaît ou leur ressemble, et nous livrent leurs interprétations. Le réalisateur les filme alors comme des œuvres d’art, dans des positions et des décors qui peuvent rappeler les tableaux qu’ils ont choisi, ou en filmant les œuvres et les jeunes dans le même cadrage, pour les associer. Dans cette scène particulièrement, les jeux de lumière, les choix de cadrage et l’utilisation du flou apportent un aspect « cinéma » à ce documentaire, renforcé par le format Scope de l’image (deux bande noires horizontales en haut et en bas de l’écran). En filmant ainsi les jeunes de manière « artistique », le réalisateur cherche à montrer la beauté et la richesse qu’ils recèlent. Il les met en rapport, par le montage, aux statues du musée. Comme elles, les jeunes sont figés (socialement), mais l’art les met en mouvement.

Chaque autoportrait est en soi une création artistique. Mais à l’intérieur de ces petits films, la plupart des jeunes ont recours à leur pratique artistique quotidienne pour parvenir à s’exprimer. Ainsi Sarah, Jérôme et Jean-Clément se dévoilent par le rap. Sarah raconte sa passion pour le « flow » et se met en scène d’une manière « clipesque », qui renvoie aux codes et au rythme du clip. Jérôme utilise également ces codes du clip et se filme dans un lycée, en disant « garder la tête haute », comme une revanche. Jean-Clément n’exprime pas son identité à travers cette forme clipesque, mais chante en rap devant sa caméra en adressant son message directement à son père violent.

Priscilla, dans son autoportrait, raconte avoir été déscolarisée, car l’école n’était pas en mesure de gérer sa dyslexie. Elle nous montre ses tableaux. Elle s’exprime par la peinture. Marieke, elle, était en école d’Art quand elle a décroché. Clémence fait du théâtre. On voit bien à quel point la pratique artistique est fondamentale chez ces jeunes et comment elle leur permet de tenir, de prendre du recul sur eux-mêmes et d’apprendre à se connaître. Elle leur permet d’exister.

Certains ne s’appuient pas sur une pratique artistique mais cherchent le geste artistique dans la manière dont ils fabriquent leurs autoportraits. Celui d’Olivier se rapprocherait d’un « film d’auteur ». Il cherche des cadrages composés, très artistiques. Il filme une déchetterie comme métaphore de son sentiment d’échec et donne la parole à sa grand-mère qui raconte que ses frères étaient déjà malheureux dans leur travail. Il termine son autoportrait en montant sur le toit pour pointer sa caméra vers le ciel, comme un message d’espoir dans l’avenir. Boris, lui, se met en scène avec humour, sur un ton décalé. Il fait de la percussion, traîne dans la ville, se plaint des touristes, va se baigner dans un lac. Pour parler de sa détresse, il mime une tentative de suicide en faisant un pistolet avec ses doigts. Puis il reproduit la même scène avec une arme dans sa main, mais c’est encore un jeu : Boris veut devenir acteur.

Soufiane, lui, introduit son autoportrait en marchant de long en large dans un couloir. Il a la sensation d’aller nulle part, de faire du surplace. Il raconte ne pas avoir pu interviewer son éducateur, car « le cadre professionnel reste professionnel ». Il se met en scène dans son film comme un fantôme qui apparaît et disparaît dans des images parfois inquiétantes. « Quand j'étais visible, j'étais vraiment quelqu'un » nous dit-il. Depuis, il a la sensation d’être devenu invisible, et donc de ne plus être personne. Il se filme en train d'écrire, en « plongée totale », c’est-à-dire une vue de haut sur le cahier, qui souligne un destin écrasant. Soufiane a décroché parce qu’il n’en pouvait plus : dans son établissement, c’était « la loi de la rue, la loi du plus fort ». On le voit courir dans des champs, apparaître et disparaître. Il court comme s’il voulait échapper à sa disparition, mais elle semble à chaque fois inéluctable. Soufiane est en mouvement, il lutte pour ne pas disparaître. Grâce à la mission locale il a connu l'école de la deuxième chance et a repris en main son destin. Sur son cahier, son crayon arrête de noter : le reste de l'histoire est encore à écrire. « Mon histoire est peut-être terminée, mais mon aventure, elle, commence ». Soufiane court au loin, à l’horizon : il échappe à l'effacement. Comme Olivier, il finit avec sa caméra pointée vers le ciel.

Grâce à cet exercice de la prise de parole à travers l’autoportrait, certains ont pu gagner en confiance. Clémence raconte que la fabrication de son film marque la fin de sa période de déscolarisation. Elle a repris les cours et est au lycée en seconde générale. Sarah, la petite rappeuse du début, dit avoir moins peur et mieux s’assumer. Son autoportrait l'a libérée, « comme si j'avais un poids en moins ». Elle y déclame un texte, « l’amour a plusieurs sens », et assume face caméra son homosexualité. « Être homo, hétéro ou bi, c’est la vie qui choisit ». Elle finit son autoportrait par un message d’espoir adressé à la jeunesse, en citant Oscar Wilde : « La jeunesse est un art ».

C’est cet art de la jeunesse qu’a voulu capter le réalisateur. L’art de se battre, celui d’affirmer son identité à travers la musique, ou le cinéma, ou la peinture. « Quelque part dans le monde, y'a des adultes qui nous entendent et qui veulent nous aider à nous en sortir » conclue Sarah. Il faut faire du bruit, créer de l’art et du collectif pour se faire entendre, il faut courir comme Soufiane pour ne pas disparaître. Il faut prendre la parole, s’exprimer. Ou comme dit Sarah, « hurler pour dire qu’on existe ».

– Quels sont les points communs entre les jeunes du film ?

– Pour quelles raisons ont-ils décroché du système scolaire ?

– Que permet la réalisation des autoportraits en vidéo ?

– Pourquoi le réalisateur emmène-t-il les jeunes dans un chalet dans la montagne pour faire leur formation audiovisuelle ?

– En quoi peut-on dire que le réalisateur recrée du collectif ?

– Quel autoportrait avez-vous préféré ? Pourquoi ?

– Pourquoi le réalisateur emmène-t-il les jeunes dans un musée ? Comment les filme-t-il dans ce musée ?

– « La jeunesse est un art ». Commentez cette citation d’Oscar Wilde utilisée par Sarah dans son autoportrait en fonction des profils des jeunes que vous avez vu dans le film et leurs réalisations vidéo.

 

Pour aller plus loin : téléchargez le dossier pédagogique du film.

 

– La bande originale du film a été composée par le groupe Zebda.

– Le réalisateur Christian Zerbib a lui-même décroché l’école très jeune. Cela ne l’a pas empêché d’entrer dans le milieu du cinéma en 1983 avec sa première réalisation : « La fuite en avant ».