Voiler la face

Amine est un jeune musulman rigoriste, très amoureux de sa femme, Enora, une jeune convertie. Lorsque sa femme reçoit une amie, qui comme elle, porte le voile intégral, Amine quitte systématiquement l'appartement et ne voit jamais le visage de l'invitée. Jusqu'au jour où les remarques de ses amis éveillent sa jalousie. Le doute s'insinue dans l'esprit d'Amine : qui se cache sous la Burqa ?

Thème(s): 
Public ciblé: 
Tout public
Genre: 
Comédie dramatique
Durée: 
17 minutes
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
78200 - MANTES LA JOLIE
Date de sortie: 
2015
Réalisateur / Réalisatrice: 
Ibtissem Guerda
Comédiens: 
Azedine Kasri
India hair
Oumar Diaw
Big John
Production: 
Yukunkun Productions

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Yukunkun productions

5 passage Piver 75011 Paris

01 42 77 31 03

yukunkun.productions@yukunkun.fr

gabriel@yukunkun.fr

nelson@yukunkun.fr

1. Suspense,

2. Humour,

3. Vertige.

Le film traite de l’intense ferveur de certaines personnes converties à l’Islam, et du parcours d’un jeune musulman rigoriste qui va aller à l’encontre de ses principes religieux par jalousie.

Festivals :

La Normandie et le monde, Vernon - Compétition

Les 12 courts de minuit, Paris - Compétition

Cinebanlieue, Aubervilliers - Compétition

Festival du film franco-arabe, Noisy le sec - compétition

Festival de Port-Vendres - Compétition

Festival du court marocain de Rabat, Maroc

Dubai Film Festival, UAE - Compétition Muhr Short

Images in Cabestany - Compétition

FEMI, Guadeloupe - Compétition

Luxor film festival, Egypte - Compétition

Les monteurs s'affichent, Paris - Compétition

Nuits Méd, Corte - Compétition

Vues d'Afrique, Montreal - Compétiton

Festafilm, Paris - Compétition méditerranéenne

Festival du film Arabe, Amsterdam - Compétition

Festival du court de Montalbert - Compétition<br>Festival du film oriental de Genève - Compétition

Panorama des Cinémas du Maghreb et Moyen Orient, Paris

Rencontres Kinoma, Paris - Compétition

Aflam du sud, Maroc - Compétition

Histoire en court, Paris

Urban Films Festival, Paris - Compétition

Filmets, Barcelone - Compétition<br>Festicab, Burundi - Compétition

Quinzaine des réalisateurs, projection Talents en court à la Bocca

Nahal Film festival, Teheran - Compétition

Ecrans Noirs, Yaoundé (Cameroun) - Compétition

Festival du fillm de femmes, Fontenay le fleury- Compétition

Religion Today Festival, Italie - Compétition

Court en Champagne, Ay - Panorama

Prix :

Coup de coeur du jury, La Normandie et le monde

Mention d'interprétation masculine, Festival du film franco-arabe

Coup de coeur du Jury, Festival de Montalbert

Prix du Jury, Images in Cabestany

Mention Spéciale, Vues d'Afrique Montréal

Le film s’ouvre au son d’une émission radio traitant de la place de l’amour dans la religion musulmane. Enora, une blonde au teint laiteux, se met du verni sur les ongles de pieds. Elle appelle l’émission radio pour poser une question qui lui semble essentielle : a-t-elle le droit de garder son verni à ongles pendant la prière ?

Enora, convertie à l’Islam avec une ferveur farouche, vit avec Amine, un jeune musulman rigoriste. Cette rigueur dans les principes religieux convient parfaitement à Enora qui ne laisse rien passer : une dispute éclate lorsqu’elle se rend compte que le gâteau acheté par Amine contient de la gélatine de porc, et s’envenime lorsqu’Amine fait référence à la mère d’Enora qui n’est pas convertie à l’Islam.

C’est à ce moment qu’arrive une amie d’Enora. Conformément à ses principes, Amine doit sortir de l’appartement et laisser les femmes entre elles. Il jette un coup d’œil à cette mystérieuse amie mais elle est recouverte d’une Burqa qui cache intégralement son corps.

Au bar du coin, Amine retrouve deux amis qui lui proposent de faire de l’argent en vendant leurs produits. Mais un flacon de parfum à l’effigie érotique et une bouteille de « champagne sans alcool » dissuadent Amine – cela n’est pas en accord avec ses principes religieux. C’est à ce moment que le Barman raconte l’histoire qu’il a lu dans le journal : deux hommes se sont cachés sous des Burqa pour faire un braquage...

Le doute naît dans l’esprit d’Amine. Et si cette fameuse amie en Burqa était en réalité un homme ? Il tente de questionner Enora qui reste vague, et sur la défensive. Le doute s’accentue. Lorsque l’amie à la Burqa revient, Amine sort comme d’habitude, mais débarque en trombe dans l’appartement quelques instants plus tard en pensant surprendre Enora au lit avec un homme. Mais les deux « amies » sont sorties et l’appartement est vide, ce qui laisse Amine à la fois soulagé et inquiet.

Il entreprend une filature de « l’amie à la Burqa ». Mais rien de plus difficile dans un quartier où la Burqa est adoptée par beaucoup de femmes : on ne sait plus qui est qui et Amine perd sa Burqa de vue. Lorsqu’il croit la retrouver, il demande à un adolescent de lui arracher son voile, et lui propose de le payer. L’adolescent refuse catégoriquement. Amine poursuit sa filature, qui s’arrête à une supérette dans laquelle est entrée l’amie à la Burqa. Amine hésite, puis craque : il appelle la police pour signaler un voile intégral dans un lieu public.

Mais il se rend compte que la personne qu’il vient de dénoncer n’est autre qu’Enora ! Il s’est trompé de cible et a suivi sa propre compagne. La police arrive ; paniqué, Amine attrape une nappe à la terrase d’un restaurant et se la met sur la tête, comme un voile, pour attirer l’attention de la police et épargner Enora. Les forces de l’ordre l’embarquent, Enora, les yeux obstrués par la grille de tissu de sa Burqa, regarde Amine se faire emmener.

Ibtissem Guerda est née le 17 décembre 1977 à Mantes-la-Jolie. Elle y tournera son premier court-métrage, « Pour ton bien », sorti en 2012. Mais avant ça, elle suit une formation d’actrice et tourne dans des séries populaires telles que « Plus Belle la Vie » ou « Une Autre Vie ». « Voiler la face » est son deuxième film en tant que scénariste-réalisatrice, qu’elle tourne également à Mantes-la-Jolie. Elle est actuellement en écriture pour un long-métrage.

Le film s’ouvre sur des doigts de pieds cadrés de très prés. Puis on découvre une bouche, des yeux, une oreille. Le corps d’Enora est dévoilé, mais les gros plans et le montage le décomposent, n’en révèlent que des détails, et au final, rien n’est montré dans son ensemble, et nous ne parvenons pas à reconstituer, à saisir, à quoi ressemble véritablement cette jeune femme.

Ce qui est caché, ce qui est montré, ce qui est présent à l’image, et pourtant n’est pas vu ; là se situe toute la dynamique et le questionnement du film. La Burqa est une présence-absence : n’importe qui peut se cacher dessous. Un être est présent sous le tissu, bien là, ancré dans le réel, et pourtant, la Burqa soustrait cet être à notre regard, lui permettant d’être à la fois présent, et invisible, masqué.

La réalisatrice s’appuie sur ce trouble pour créer un mystère : qui se cache sous la Burqa ? Elle en fait une présence presque fantomatique. Cela se sent particulièrement lorsqu’Amine est à la poursuite de « l’amie » d’Enora, et que sa silhouette voilée se confond avec les autres porteuses de Burqa qui « hantent » le marché, ou encore lorsqu’il la suit sur une petite place, et que soudain, à la faveur d’un « plan large » (un cadre qui perd le personnage dans le décor), l’amie en Burqa a disparu comme par magie.

Ce trouble, ce doute (qui se tient là, caché sous le tissu noir ?), fait perdre pied à Amine, et le pousse à trahir ses préceptes les plus élémentaires. La Burqa, masquant, cachant le visible, suscite l’imagination ; en nous incitant à percer le mystère de la personne qu’elle recouvre, elle suscite nos fantasmes. On y projette nos peurs. Les côtés les plus sombres d’Amine ressortent alors : incertitude sur son couple, jalousie, paranoïa.

« Voiler la face », c’est l’histoire d’une chute, précédée d’un vertige. Le vertige se tient dans ce mystère, ce doute qui fait vaciller les convictions d’Amine (il va jusqu’à soudoyer un jeune pour qu’il arrache le voile de « celle » qu’il pense être un homme). A la mise en scène, le basculement se situe au moment où Amine se précipite chez lui, pensant surprendre Enora au lit avec un autre homme. Le montage est en « jump cut », c’est-à-dire qu’il y a des « sautes » dans l’image qui viennent casser la sensation de continuité, comme si le disque du film était rayé. Cela vient traduire visuellement le trouble et la panique qui s’emparent d’Amine. Puis, lorsqu’Amine se lance dans la filature de la Burqa en baskets, il la perd de vue, et la caméra tourne autour de lui, soulignant ce vertige que ressent le personnage. Cette utilisation du mouvement de caméra pour exprimer le doute, l’indécision, culmine lorsqu’Amine hésite à appeler la police pour qu’elle vienne démasquer la personne qui se cache sous la Burqa. La scène est filmée en caméra portée qui fait des va-et-vient traduisant visuellement toute l’hésitation à laquelle Amine est en proie, car s’il signale une personne en Burqa sur un lieu public, il trahit ses croyances religieuses.

Comme par un tour de passe-passe, c’est en fait Enora qui est sous cette Burqa. Comme si les êtres étaient interchangeables sous le tissu. C’est le moment, après le vertige, de la chute. Et cette chute finale s’accompagne littéralement d’une chute sonore : les sons de la rue s’évanouissent, laissant place au silence. L’image se ralentit, et cela donne une sensation irréelle, comme si la réalité avait été chamboulée. Il n’y a plus de prise sur le réel, quelque chose a échappé à Amine – il n’entend plus (il n’y a plus de son), sa perception du temps est altérée (l’image est au ralenti). Et ce qui lui a échappé, c’est déjà le visible.

Pour épargner sa compagne, Amine doit attirer l’attention des policiers sur lui. Il couvre sa tête d’une nappe qui lui fait comme un voile, et les policiers le lui arrachent. Il est alors « dévoilé » : il montre son vrai visage. Sous le masques de ses principes, maintenant trahis, il y a un homme jaloux et méfiant. Le film se termine sur le regard voilé d’Enora. On devine la jeune femme à travers la grille de la Burqa, grâce au bleu de ses yeux. Ce bleu, seul élément distinctif qui nous apparaît, devient alors sur-présent, il prend une ampleur, de nouveau, fantomatique, ou du moins étrange. Le trouble perceptif provoqué par ce bleu qui perce le masque de la Burqa vient questionner notre regard sur le réel : qui est véritablement en-dessous ? Il y a comme une distance entre Amine et Enora, et c’est appuyé par le point de vue subjectif à l’intérieur même de la Burqa, qui fait ressortir la grille que constitue le tissu. Comme un mur entre ce regard bleu étrange et le regard du spectateur.

- Pourquoi Amine refuse-t-il de vendre le parfum et le « champagne sans alcool » ?

- Pourquoi Enora s’énerve-t-elle quand Amine propose de donner le gâteau à sa mère ?

- Qui se tient sous la Burqa dans la dernière image du film ? Comment le savez-vous ?

- Que représente selon vous la Burqa dans le film ?

- En quoi peut-on dire qu’Amine s’est « trahi » à la fin du film ?

- Ibstissem Guerda, la réalisatrice, anime des stages à Marseille pour les jeunes acteurs.

- Pour son précédent film, « Pour ton bien », Ibstissem Guerda a tourné dans sa ville natale, à Mantes-la-Jolie, et a voulu investir les habitants dans son projet. Elle avait à cœur de faire découvrir le cinéma, de partager son expérience et de susciter des vocations.