Une vie ordinaire

Nadia, quinze ans, doit s’occuper seule de l’éducation de son frère de onze ans, de l’entretien de la maison et de ses études, sa mère étant en formation à l’autre bout de la France. Elle est totalement livrée à elle-même. Alors, lorsqu’un de ses camarades la provoque, Nadia explose. Résultat, elle est exclue de l’école. Cette fois-ci, pas d’échappatoire possible : elle va devoir affronter sa mère et faire des choix.

Public ciblé: 
Tout public
Genre: 
Drame
Durée: 
20 minutes
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
71250 - CLUNY
Date de sortie: 
2015
Réalisateur / Réalisatrice: 
Sonia Rolland
Comédiens: 
Inès d’Assomption
Giani Lopes
Tatiana Rojo
Zinedine Soualem
Production: 
Bagan Films

Consultez la page internet officielle du film.

 

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BAGAN FILMS

16 rue Jacquemont  75 017 Paris

Tel : +33 (0)1 45 22 51 91

contact@baganfilms.com

1. Jeune actrice instinctive,

2. Photographie solaire,

3. Le premier court métrage de Sonia Rolland.

L’adolescence est un moment charnière dans la construction identitaire d’un enfant. C’est un moment où les émotions sont exacerbées et où on doit apprendre à s’assumer. Pour Nadia, le jeune personnage du film, ce passage initiatique est d’autant plus difficile qu’elle ne peut compter que sur elle-même. « Une vie ordinaire » pose un regard sans jugement sur la précarité, comment adultes et adolescents se positionnent face à elle et leur combat pour garder la tête hors de l’eau.

Festivals :

- Festival International des Cinémas Numériques - Nouveaux Cinémas (juin 2016)

- Festival Partie(s) de Campagne 2016 (Programme Région Bourgogne Franche-Comté)

- Hollyshorts Film Festival, Hollywood, USA 2016 (Official Selection)

- Festival de Saint Jean de Luz, 2016

- 27th Sao Paulo International Short Film Festival, Brésil 2016

- Festival Effervescence 2016

- Festival du film de Saint Paul Trois Châteaux (Drôme) 2016

- Festival Fenêtres sur Courts, Festival International du court-métrage de Dijon, France 2016 (Compétition régionale)

- Filmfest Eberswalde, Allemagne 2016

- Les Rencontres du Court, Montpellier, 2016

- Festival du Film Court Saint Pierre, Réunion, 2016

- 30e édition du Festival international du cinéma francophone en Acadie, Canada, 2016

- Festival du cinéma & musique de film de la Baule

- 14th IN THE PALACE International Short Film Festival (Sofia, Bulgarie), 2016

- Festival Prix de Court, Martinique, 2017

- Hors Compétition - Festival Mamers en mars, 2017

Le réveil sonne. Comme tous les matins, Nadia, quinze ans, doit réveiller son petit frère Gaël, préparer le petit déjeuner, conduire son frère à l’école. Sa mère est en formation, loin de la maison, et les deux enfants sont livrés à eux-mêmes.

À l’école, les notes de Nadia ont considérablement chuté. Son professeur de maths essaye de comprendre, elle qui était si bonne élève. Sans compter ses problèmes de comportement en classe. Mais Nadia reste impénétrable.

Dans la cour, Tonio, un élève du lycée, s’amuse à la provoquer. La mère de Nadia fait ses courses aux restos du cœur, mais les range dans des sacs « Carrefour » pour ne pas que les voisins s’en rendent compte. Tonio se moque de Nadia et de sa mère qui n’assume pas d’aller aux restos du cœur, jusqu’à ce que Nadia perde son calme et se jette sur Tonio pour le frapper.

Nadia est alors exclue du lycée pendant une semaine. Son oncle doit venir la chercher à l’école mais elle refuse de s’expliquer auprès de lui. Le soir, elle parle à sa mère au téléphone, mais lui cache son exclusion.

Malgré ses ennuis, Nadia doit continuer à s’occuper de son frère et l’emmener à l’école. Alors qu’elle reste toute seule à la maison pendant la journée, l’absence de sa mère devient de plus en plus pesante.Quand sa mère revient, Nadia choisit de la confronter. Sa mère, mise au courant par l’oncle de l’exclusion de Nadia, reproche à sa fille de s’être battue et de lui avoir menti, tandis que Nadia voudrait que sa mère admette la situation précaire dans laquelle ils vivent. La dispute finit sur une gifle que la mère donne à sa fille.

Le soir, Nadia va chercher son frère à l’école. Sa mère est venue elle aussi. Elle demande pardon à sa fille.

Sonia Rolland est née au Rwanda en 1981. Elle quitte le pays en 1994 avec ses parents, peu avant que le conflit n’éclate, pour s’installer en France, en Bourgogne. Elle sera élue Miss Bourgogne en 1999 avant d’être sacrée Miss France en 2000.

En parallèle de sa carrière de Miss, Sonia joue au théâtre. Elle fonde son association pour les enfants en 2001, puis poursuit sa carrière en tant que mannequin, tout en jouant pour la télévision et le cinéma (« Désordres » en 2012 et « Quai d’Orsay » en 2013). Après le tournage d’un documentaire, elle s’attelle à la réalisation de son premier court métrage de fiction, « Une vie ordinaire », qui sort en 2015.

Se réveiller le matin. Prendre le petit-déjeuner. Allez à l’école. Faire les courses. « Une vie ordinaire » est un film sur les petits instants qui fondent le quotidien. Mais ici, pas de parents pour s’occuper des enfants. Tous ces petits instants sont marqués par l’absence de figures parentales, Nadia et son petit-frère Gaël sont livrés à eux-mêmes. La musique « pop » au début du film vient rythmer ce quotidien à la fois si banal et en même temps déréglé. Les « plans larges » dans l’appartement, c’est-à-dire les cadrages qui montrent tout l’espace d’une pièce, renforcent l’impression d’un vide, d’un manque, d’une absence ; celle de la mère. Ils font ressentir la solitude des deux enfants. Le mot laissé sur la porte d’entrée (« éteindre les lumières et fermer la porte à clef ») est comme une trace qui subsiste de la mère, une façon d’être présente malgré tout.

Mais cela ne suffit pas à effacer la tristesse de Nadia, chargée du poids de la responsabilité des adultes absents. En pleine perte de repères, Nadia, pourtant bonne élève, se met en échec scolaire. Lorsqu’on la découvre dans sa salle de classe, tous les élèves sont flous à l’image, Nadia est la seule à être nette, ce qui souligne sa solitude parmi ses camarades (elle ne met pas son nom au dos du papier pour venir à la fête). Elle est la dernière à réagir à la sonnerie, gagnée par une lenteur, une mélancolie qui l’empêche d’avancer.

Contrairement à sa grande sœur, Gaël, qui n’a pas de responsabilité d’adulte, est souriant, jovial, innocent. Nadia, elle, perd pied. Au supermarché, elle se laisse glisser avec le caddie et ses pieds ne touchent pas le sol. Elle n’est pas ancrée. Son quotidien est une lutte et elle doit remettre une partie des courses dans les rayons par manque d’argent. Nadia est victime de la précarité ordinaire. Elle tente de garder la tête haute, même lorsque Tonio la provoque dans la cour du lycée. La scène est étirée en longueur pour créer un effet « cocotte-minute », faisant monter la tension, privilégiant des allers-retours de Tonio, suivi par la caméra, tandis que Nadia reste immobile, elle encaisse. Jusqu’au moment où elle explose et s’attaque à Tonio. Le jeune homme l’a attaquée sur la question de sa dignité. La pauvreté est souvent vécue comme une honte. La mère de Nadia cache les courses du resto du cœur dans des sacs Carrefour, pour elle aussi garder la tête haute.

Cette précarité isole Nadia du reste de ses camarades. Lorsqu’elle est allongée sur le muret en pierre, la caméra s’avance lentement vers elle, puis l’image d’un couloir de l’appartement donnant sur une porte fermée apparaît progressivement (on appelle ça un « fondu enchaîné »), comme pour faire naître l’idée d’un avenir bouché. Un futur qui donne sur une porte fermée. Les paroles de la chanson qu’on entend par-dessus cette image sont d’ailleurs : « le futur j’ose même pas y penser ». Un mouvement de caméra laisse entrevoir Nadia qui rappe devant un miroir, à travers l’encadrure de la porte. C’est un « surcadrage », c’est-à-dire que l’encadrure de la porte fait comme un second écran à l’intérieur de l’image. Ce surcadrage exprime encore l’enfermement de la jeune fille. Elle se laisse tomber sur le lit de sa mère et pleure, la tête enfouie dans l'oreiller : le cadre est alors en « plongée », c’est-à-dire que la prise de vue est faite « d’en haut », du dessus. Ce point de vue surplombant écrase le personnage et donne la sensation d’un destin trop lourd à porter.

Pourtant la réalisatrice refuse de donner une image terne du quotidien du personnage. La photographie, solaire, est chaleureuse et dégage une atmosphère douce et apaisante. Située sur les hauteurs de la ville, la cité est un lieu propre, d’où l’on voit les toits en tuile de la ville d’en bas. Leur cité est un « ailleurs », qui isole Nadia et son frère : à la fois cocon protecteur et enclave enfermante.

Nadia confronte finalement sa mère. Les choses se disent enfin, l’abcès se perce. Dans la scène suivante, la réalisatrice filme à nouveau les pieds de sa jeune héroïne, qui marchent sur le muret de pierre puis frottent la terre battue. Cette fois, les pieds sont bien ancrés dans le sol. Nadia ne vit plus dans le déni. Elle reprend prise sur sa réalité avec le retour de sa mère. « Une vie ordinaire » ne condamne personne. Pour la réalisatrice Sonia Rolland, chacun a ses raisons, et fait comme il peut avec la situation donnée.

– Pourquoi Nadia et son frère sont-ils livrés à eux-mêmes ?

– Décrivez le quotidien de Nadia.

– Pourquoi Nadia se bat-elle avec Tonio dans la cour du lycée ?

– Faut-il assumer d’être pauvre ?

Sonia Rolland a commencé à imaginer le film alors qu’elle était enceinte. L’histoire de Nadia est inspirée de sa propre adolescence.