Un métier bien

A la mort de sa mère, Hakim décide d’arrêter ses petits trafics pour trouver un « métier bien ». Il devient vendeur dans une boutique spécialisée en vêtements islamiques.

Thème(s): 
Public ciblé: 
Âge suggéré à partir de 12 ans
Genre: 
Comédie dramatique
Durée: 
25 mn
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
93300 - AUBERVILLIERS
Date de sortie: 
2015
Réalisateur / Réalisatrice: 
Farid Bentoumi
Comédiens: 
Bellamaine Abdelmalek
Yannick Cjoirat
Djemel Barek
Oulaya Amamra
Mohamed Seddiki
Production: 
Easy Tiger

Consultez la page Unifrance du film.

 

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  • 1. Acteurs naturels et spontanés,
  •  
  • 2. Humour,
  •  
  • 3. Point de vue positif sur la banlieue.

La démocratisation de la religion à travers son merchandising. Est-elle alors source de liberté ou d’asservissement ? Quelles valeurs transmet-elle quand elle devient consommation ?

Le rapport avec le pays d’où on vient – quel lien garde-t-on avec le pays d'où ses parents ont émigré ? Quel regard peut-on porter sur un ailleurs qui n'appartient pas à sa génération mais qui nous définit ?

Un regard bienveillant et humoristique est porté sur la banlieue.

Festivals en France :

  • - Festival du Cinéma d’Alès Itinérance 2016 – Mention du Jury
  •  
  • - 5ème Festival Eurydice du Court Métrage de Fécamp – Prix du Public
  •  
  • - Festival Paris Court Devant
  •  
  • - Rencontres du Court-Métrage de Bourg-en-Bresse 2016
  •  
  • - 21ème Festival International de Contis
  •  
  • - Festival le Plus Court 2016
  •  
  • - Festival de Cinéma Lusophone et Francophone de Montpellier
  •  
  • - Festival de la Ciotat 2016
  •  
  • - Festival International Cinéma Méditerranéen, Montpellier, 2015 – Prix Jeune Public
  •  
  • - 32ème édition du Festival du Cinéma Européen de Lille – Meilleur Rôle Masculin
  •  
  • - Festival du Film Court de Villeurbanne 2015
  •  
  • - Festival Un Poing C’est Court 2015
  •  
  • - Festival Les Pépites du Cinéma 2015
  •  
  • - Festival des Cinémas d’Afrique du pays d’Apt 2016
  •  
  • - Festival Mulhouse Tous Court 2016 – Meilleur Rôle Masculin
  •  

Festivals étrangers :

  • - 32ème édition du Alexandria Mediterranean Film Festival
  •  
  • - Festival du court-métrage européen
  •  
  • - Festival Africano di Verona 2016
  •  
  • - Festival du Cinéma Africain de Tarifa/Tanger 2016
  •  
  • - Festival International du Film Oriental de Genève
  •  
  • - 26ème African, Asian and Latin American Film Festival, Milan
  •  
  • - 16ème International Film Festival of Lanzarote
  •  
  • - Journées Cinématographiques d’Alger
  •  
  • - Sudan Independant Film Festival
  •  
  • - « In Short », International Short Film Festival, Nigeria
  •  
  • - Postira Seaside Film Festival, Croatie
  •  
  • - FESTILAG, Côte d’Ivoire – Meilleur Court-Métrage

 

A la mort de sa mère, Hakim décide d’arrêter ses petits trafics qui lui valent le surnom de « Darty » pour trouver un « métier bien ». Mais pas facile de trouver du boulot à Aubervilliers quand on n'a pas le visage d'un vigile Carrefour ou la voix d'un opérateur téléphonique...

Hakim se lance alors dans les marchés, ce qui lui vaut les vannes de ses voisins, et une vie exigeante et fatigante. Il voit sa chance tourner lorsque Tony, spécialiste du Halal à Aubervilliers, lui propose de gérer une boutique de vêtements islamiques. Hakim se révèle être un excellent vendeur, même s'il doit supporter son collègue extrêmement pieux qui refuse toute offense aux préceptes religieux islamiques, dont Hakim se sent déconnecté.

Mais lorsque son père et sa sœur découvrent la réalité de son travail, Hakim remet en question son rapport à l'islam et à sa commercialisation.

Il décide d'arrêter. Mais Tony ne veut pas le perdre comme vendeur. Il lui propose alors de le promouvoir négociant de ses produits halal à l'étranger.

Farid Bentoumi est né en France en 1976. Après des études en arts et en communication et de nombreux voyages, il devient acteur. Il se lance dans l'écriture en 2005. Son court métrage « Brûleurs » est sélectionné dans plus de soixante festivals.

Un premier long-métrage, sorti en 2016, « Good Luck Algeria », porte à l'écran la folle histoire de son frère, chef d'entreprise, sélectionné aux Jeux Olympiques de Turin en 2006 pour représenter l'Algérie à la compétition de ski de fond. « Un Métier Bien » est son troisième court métrage de fiction.

Le film s’ouvre sur une déchirure : la mère mourante doit être rapatriée « au bled ». Soraya, la fille, refuse catégoriquement. Déjà, il y a tiraillement, entre le pays d’où on vient, et le lieu où on habite. Et déjà, il y a indécision d’Hakim, refus de se positionner, immobilisme : c’est aux « darons » de décider. Pourtant, dans cette première séquence, les figures parentales sont absentes. Car la personne en charge de la famille, c’est maintenant lui, Hakim.

Celui qu’on surnomme « Darty » doit devenir un adulte responsable, et ça, ça veut dire arrêter ses petits trafics et trouver un « vrai travail ». Mais le choix est vite limité : Hakim a trop « l’accent » pour travailler au démarchage téléphonique, il n’est pas « renoi » et ne peut donc pas être vigile à Carrefour…ne reste que les marchés. Une vie difficile et exigeante.

Comment envisager un avenir et l’entrée dans la vie active quand les choix sont aussi limités ? Les nombreux cadrages très rapprochés sur Hakim avec une grande présence du flou à l’image, viennent appuyer cette sensation d’enfermement, de perte de repères. C’est encore souligné lorsque Hakim refourgue une Go Pro au début du film : le « surcadrage » avec l’encadrure de la porte, c’est-à-dire qu’Hakim est filmé entre les murs qui soutiennent la porte, appuie cette idée d’un enfermement, d’un manque de liberté. On ne fait pas les mauvais choix parce qu’on est une mauvaise personne, on fait les mauvais choix par manque de bons choix à portée de main.

Hakim, garçon au charme certain, se retrouve à faire ce pour quoi il est doué, et qui semble lui plaire : vendeur en boutique. Avoir un travail, c’est exister, être enfin un membre actif de la société. Hakim trouve donc une forme de reconnaissance dans ce travail de vendeur. Mais c’est une boutique particulière : elle ne vend que des vêtements conformes à la religion islamique. De nouveau, Hakim se retrouve dans un entre-deux, dans ce magasin, moderne, qu’il a lui-même aménagé, et qui pourtant renvoie à un ailleurs : « le bled », « le pays », auxquels les personnages se réfèrent sans cesse pour désigner ce qui est permis et ce qui est interdit.

Hakim choisit encore de ne pas choisir et se contente d’exercer son métier : vendre. Mais sa famille ne le voit pas d’un bon œil. C’est là que réside toute l’ambiguïté du film, sur la question de la responsabilité : est-elle en premier lieu morale, politique, ou familiale ? Le père d’Hakim ne travaille pas, harassé par la mort de sa femme, et sa jeune sœur Soraya va à l’université. Quelqu’un doit donc payer les factures, prendre en charge la famille, la soutenir. Pourtant, à travers le prisme du regard de sa famille, un malaise grandit chez Hakim : c’est qu’il n’est pas en phase avec les articles qu’il vend, contrairement à son collègue, sorte de vendeur-prêcheur, pieux jusqu’à en découper les mannequins féminins pour ne pas offenser ses préceptes religieux et les clients.

Il y a une violence sourde qui se joue dans cette boutique. Une violence basée sur une série d’interdits, sur un monde noir et marron qui refuse la couleur ; métaphore d’un ségrégationnisme religieux qui se ferme à autrui - c’est la jeune cliente (jouée par Alma Jodorowski) qui refuse de porter un voile rouge. Le rouge, c'est pourtant la couleur de la mère d'Hakim, son souvenir – elle portait toujours un voile rouge, même au bled, comme il l'explique. Le rouge, c'est aussi la couleur qui domine le bar où il boit un verre avec ses amis - « c'est pas très musulman » dit l'un d'eux  - la couleur des soirées entre potes et de la liberté.

Cette jeune cliente, elle, ne vient pas du bled. Il y a eu ré-appropriation, démocratisation du religieux, qui se confond avec la mode et le merchandising : une image de marque. Cela se confirme à la fin du film, dans un échange mondain autour d’une vente de champagne « halal » à l’international. Entre la banlieue d’Hakim et Londres, il n’y a qu’un intermédiaire, Tony, le business man. Ultime ambiguïté du film, qui interroge sans donner de réponse, décidant, comme Hakim, de ne pas choisir, de ne pas se positionner, pour laisser le spectateur libre de penser : le marché du vêtement islamique est une enclave stricte et contraignante, mais elle ouvre le champ du possible pour Hakim sur le monde. Interdits et libertés se côtoient donc intimement.

  • - Qu’est-ce que vous avez pensé de la fin du film ? Comment la comprenez-vous ?
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  • - La religion doit-elle être vendue comme un vêtement de marque ? Est-ce que c’est une ouverture sur la modernité, ou une perte des valeurs ?
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  • - Pourquoi la jeune cliente refuse-t-elle de porter un voile rouge selon vous ? Que pensez-vous de ce refus ?
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  • - Que pensez-vous de la réaction de la sœur et du père lorsqu’ils découvrent où travaille Hakim ?
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  • - Hakim a-t-il raison de vouloir quitter son travail dans la boutique ?
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  • - A votre avis, quel rapport Hakim a-t-il avec l’islam ?