Sous la lame de l'épée

Dans son lycée parisien, Tom, d’origine chinoise, est un élève studieux qui fait partie du décor. Mais en-dehors des cours, il enfile sa tenue de graffeur et part taguer les tunnels du métro.

Public ciblé: 
Âge suggéré à partir de 12 ans
Genre: 
Drame
Durée: 
13 minutes
Langue: 
Français
Date de sortie: 
2011
Réalisateur / Réalisatrice: 
Hélier Cisterne
Comédiens: 
Yangfan Xiang
Léa Rougeron
Production: 
Les films du bélier

Consultez la page Unifrance du film.

 

Contactez la société de production :

LES FILMS DU BELIER

54 rue René Boulanger

75 010 Paris

01 44 90 99 83

contact@lesfilmsdubelier.fr

1. Un côté « super-héros » réaliste,

2. Discrète alchimie des jeunes acteurs,

3. Sobre et épuré.

La posture asiatique, souvent assimilée à un comportement taiseux et discret, est mise en perspective par la vie secrète du personnage. Le film révèle que sous un calme apparent se cache parfois un fort sentiment de révolte et nous initie à la culture du « graff ».

Festivals :

Festival International du court métrage de Clermont-Ferrand, compétition nationale 2011

Festival du film de Vendôme, compétition nationale 2012

Festival du cinéma européen en Essonne Cinessonne 2012

Festival Côté court 2011, Pantin, compétition fiction

Festival International du film Aye Aye, Nancy. Jeune public, 2012

Le jour le plus court 2012. L’Agence du Court Métrage

Indianapolis – Lison International Independent Film Festival, in the IndieJunior Section 2012 (Portugal)

Gijon International Film Festival, compétition Internationale 2011 (Espagne)

Festival international du court métrage de Belo Horizonte (Brésil)

Oberhausen International short film Festival, 2012 (Allemagne)

Seoul International Youth Film Festival, in the Clermont-Ferrand Intl. Festival for Kids Section 2012 (Séoul)

Prix :

Prix Qualité – CNC

Diffusion :

TV France 2

Dans les tunnels du métro, les trains éclairent par intermittence la silhouette de Tom, vêtu de noir tel un Shinobi. Muni de ses bombes de graff, il tague le mur puis disparaît dans l’ombre. On le retrouve dans le métro, se débarrassant de sa tenue de graffeur, pour revêtir ses lunettes et sa veste. Flo, une camarade de classe, grimpe à son tour dans le train, et lui demande de lui donner la solution d’un exercice de physique, avant de rejoindre ses amis, trois garçons beaucoup plus « cool » que Tom. Tom est un jeune garçon de 16 ans, grosse tête en maths, qui ne parle pas beaucoup.

En classe, Flo est envoyée chez le proviseur, et Tom est désigné par le professeur pour l’y accompagner. L’adolescente se plaint de l’école et des profs et Tom l’écoute sans rien dire. Elle l’embarque dans les toilettes pour fumer une cigarette en cachette et y cacher son couteau. Elle s’interroge sur un mystérieux graffiti qu’elle voit partout où elle va et qui est incrusté sur la porte des toilettes. C’est celui de Tom.

Après les cours, dans le métro, Tom observe Flo discuter avec ses trois amis. Lorsqu’ils descendent, Tom, lentement et avec assurance, enfile sa tenue de graffeur devant la jeune fille, et descend à son tour pour aller taguer à nouveau les tunnels du métro, révélant ainsi à Flo son « identité secrète ».

« J’essaye de montrer à demi-mot que les graffeurs, invisibles et masqués, sont en quelque sorte les super-héros de notre époque », Hélier Cisterne.

Hélier Cisterne, né en 1981, a grandi dans le Lot. Il suit des études de philosophie à l’Université Paris VIII et réalise son premier court métrage à 22 ans avec le GREC. Son court métrage « Les paradis perdus » a été nommé au César en 2009. Son premier long métrage « Vandal » sort en 2013.

Tom vit « sous la lame de l’épée ». Il se met constamment en danger dans sa pratique illégale du tag sur les murs des tunnels du métro parisien. Mais pas question, comme sa bruyante camarade de classe Flo, d’afficher sa révolte à l’école aux yeux de tous. Contrairement à Flo, Tom garde sa rébellion pour lui, quand la jeune fille l’affiche clairement par sa tenue vestimentaire et son attitude en classe.

Tom se cache derrière un cliché. Celui de l’asiatique taiseux et adepte des mathématiques. Le jeune homme endosse ce cliché comme un costume, pour cacher celui qu’il est vraiment. Lorsqu’il remet ses lunettes en sortant du tunnel qu’il vient de taguer, il se cache derrière, tel Superman qui devient Clark Kent. Il y a une dimension « super-héroïque » dans le film d’Hélier Cisterne, mais traitée de manière réaliste, sans aucun effet.

Tom devient ce super-héros, ce ninja, lorsqu’il revêt sa tenue de graffeur, entièrement noire, qui le rend invisible dans les tunnels sombres du métro. Visage couvert, il garde, comme tout super-héros, son identité secrète, pour pouvoir continuer à mener sa « mission » : écrire son message sur les murs, laisser sa trace. Exister.

Mais le graffiti est également un pont tendu vers l’autre. Les messages que Tom laisse sur les murs intriguent Flo : « j’en vois partout où je vais ». Le geste de taguer raconte quelque chose de la révolte intérieure qui anime secrètement Tom, et qui le relie à la révolte, visible et audible elle, de Flo. Le cran d’arrêt de la jeune fille équivaut aux bombes de graff du jeune homme : deux armes, deux moyens différents de se battre, de se rebeller.

Mais Flo est entourée de jeunes bellâtres qui semblent être des clones avec variantes de coupes et de couleurs de cheveux. Tom est au début du film condamné à l’observer de loin, et cette fatalité est traduite lors de la scène dans la classe de cours par un cadrage légèrement surélevé sur le jeune homme, qu’on appellerait en « légère plongée ». Cela donne la sensation que le personnage est écrasé, oppressé par l’image.

Pourtant, il parvient, grâce au stratagème de la trousse qu’il fait tomber (Tom est taiseux mais rusé), à partager un moment de rapprochement avec Flo, dans les toilettes de l’école. Juste avant, ils ont croisé une femme de ménage asiatique dans les couloirs de l’établissement, comme un rappel de la précarité qui concerne une partie de l’immigration chinoise, et qui vient, de manière discrète, dire quelque chose sur le quotidien de Tom.

Lorsque le jeune graffeur revêt sa tenue de « ninja » devant Flo, c’est une déclaration. Il lui montre qui il est vraiment, il devient visible, il sort de son anonymat. Sans un mot, il lui dit qu’il l’aime. Et il disparaît dans les tunnels : il y trouve tout un territoire à conquérir.

– En quoi peut-on dire, dans l’attitude de Tom, qu’il se cache derrière un cliché ?

– Qu’est-ce qu’ont Tom et Flo en commun ? Quelles sont leurs différences ?

– Pourquoi, selon vous, Tom revêt-il sa tenue de graffeur face à Flo à la fin du film ?

– Hélier Cisterne, le réalisateur du film, était en option cinéma au lycée d'Arsonval de Brive.

– Hélier Cisterne est en couple avec la cinéaste Katel Quillévéré.

– Hélier Cisterne a réalisé plusieurs épisodes de la série « Le Bureau des Légendes » diffusée sur Canal +.