Shéhérazade et le délice casher

Désespérée de trouver un boulot, Shéhérazade, jeune palestinienne sans-papiers, se présente rue des Rosiers suite à une annonce : Le restaurant de luxe Délice Casher recherche un aide-cuisinier juif. S’adresser à Esther.

Public ciblé: 
Âge suggéré à partir de 12 ans
Genre: 
Comédie dramatique
Durée: 
20 minutes
Langue: 
Français
Date de sortie: 
2017
Réalisateur / Réalisatrice: 
Agnès Caffin
Comédiens: 
Fanny Ardant
Nailia Harzoune
Jacky Nercessian
Production: 
Kaléo Films

Regardez le film en Vidéo à la demande sur Viméo.

 

Contactez la société de production :

KALEO FILMS

24 impasse Mousset 75 012 Paris

01 48 01 86 50

distribution@kaleo-films.com

 

Consultez la page internet du film.

1. Duo détonnant,

2. Humour et poésie,

3. Fanny Ardan.

Le conflit israélo-palestinien est abordé sous l’angle de la comédie, à travers l'histoire d'une restauratrice juive qui hésite à engager une jeune femme arabe. Le film va vers une réconciliation.

Prix et mentions :

Parpaings Short 2011- Audience Favorites,

Warsaw Jewish Film Festival 2011- Mention Spéciale Prix David Camera,

Interfilm Berlin 2012- Confrontations Mention spéciale contre la violence et l’intolérance,

New port Bach Film festival 2012- Outstanding Achievement Award – Story,

Euro Arab Film Festival Amal 2012- Prix du public,

Jewish Eye – Orlando Wishbone Film Festival 2012 Ashkelon-Israel – Prix du court métrage.

Principales sélections :

Parpaings Shortfest 2011 (USA)

Grenoble 2011 (France)

FilmCaravan Imperia 2011 (Italie)

Giffoni Youth Film Festival 2011 (Italie)

Cittadela del corto, Roma 2011 (Italie)

Concorto Pontenature 2011 (Italie)

Jean Carmet/Moulins-sur-Alliers 2011 (France)

Montpellier Cinemed 2011 (France)

Orlando Film Festival 2011 (Usa)

Stella Artois Saint Louis Film festival 2011 (USA)

Warsaw Jewish film festival 2011 (Pologne)

L’ombre d’un court, Jouy en Josas 2012 (France)

Interfilm short film festival Berlin 2012 (Allemagne)

Istanbul short film festival 2012 (Turquie)

Atlanta Jewish Film Festival 2012 (USA)

Cleveland International Film Festival 2012 (USA)

Larissa – Mediteranean Festival of New Filmmakers 2012 (Grèce)

Rochester Short Film Festival 2012 (USA)

Zagreb Jewish Film Festival 2012 (Croatie)

Toronto Jewish Film Festival 2012 (Canada)

Berlin Postdam Jewish Film Festival 2012 (Allemagne)

Shéhérazade débarque dans un quartier juif avec un tee-shirt « I’m muslim, don’t panic ». Les passants jettent des regards inquisiteurs à la jeune femme qui est en territoire hostile. Elle fait face au « Délice casher », un restaurant tenu par Esther, une femme juive qui a perdu son fils quelques mois auparavant. Shéhérazade est venue pour l’annonce : le restaurant cherche un aide-cuisinier. « Un aide-cuisinier juif » précise Esther qui refuse d’engager une jeune femme arabe, d’autant plus que Shéhérazade est palestinienne.

Mais Shéhérazade insiste : elle a terriblement besoin d’argent et il n’y a pas d’autres annonces. Esther finit par se laisser convaincre et embauche la jeune femme pour deux jours, à 54 euros par jour. La première mission de Shéhérazade est de conduire Esther jusqu’en Normandie pour qu’elle puisse, selon une tradition juive, bénir ses casseroles avec de l’eau de mer.

Esther fume durant tout le trajet en voiture et refuse de laisser Shéhérazade ouvrir les fenêtres. La jeune femme, irritée, doit subir les ordres contradictoires d’Esther : plus rapide, plus lent….lorsqu’elles s’arrêtent pour faire le plein, Shéhérazade confie à Esther que ses parents sont morts en Palestine, victimes de la guerre. Son petit frère, lui, a pu être sauvé par un juif et a été rapatrié en France où Shéhérazade faisait ses études. Elles reprennent la route et se disputent lorsque Esther refuse d’engager Shéhérazade pour de bon. Elle a peur qu’une Palestinienne en cuisine, rebute les clients.

Elles finissent par atteindre une plage et descendent de la voiture. Esther s’approche du rivage avec ses casseroles. Shéhérazade reste derrière. Toujours furieuse, elle a des vues sur l’argent qu’Esther garde dans son sac. Elle s’empare d’un couteau et s’avance vers Esther, l’air décidé. Mais Esther ne bénit pas ses casseroles ; c’est elle qui s’avance dans l’eau. Surprise, Shéhérazade se ravise et entre dans l’eau à son tour. Les deux femmes, face à la mer, s’apaisent, et se réconcilient. Esther accepte alors que Shéhérazade vienne travailler dans son restaurant.

Anne Caffin est une scénariste française. Elle a notamment travaillé sur les scénarios de « Très bien merci » réalisé par Emmanuelle Cuau (2007) et « La taularde » réalisé par Audrey Estrougo (2016). Elle passe à la réalisation en 2008 avec son premier court métrage : « Le courrier du parc », avec Bérénice Béjo. « Shéhérazade et le délice casher » est son deuxième court métrage.

« I’m muslim, don’t panic », arbore Shéhérazade dans les rues du quartier juif, comme pour dire « je viens en paix », avec un mélange de provocation peut-être. Une Arabe dans un quartier juif, voilà qui n’est pas normal. La réalisatrice Agnès Caffin nous le fait comprendre à travers les regards méfiants jetés à Shéhérazade, et l’attitude des deux vieilles dames dans le restaurant qui se cachent derrière leurs journaux et épient les moindres faites et gestes de la jeune femme.

Mais Shéhérazade n’est pas là de gaîté de cœur : malgré son diplôme de Sciences Po et les cinq langues qu’elle parle couramment, impossible pour elle de trouver du travail, car elle n’a pas ses papiers. Si la photographie dans la rue est plutôt froide, pour traduire l’hostilité qui règne dans la scène, les couleurs dominantes jaune et rouge du restaurant lui confèrent un aspect plus chaleureux.

Pourtant la relation entre Shéhérazade et Esther est conflictuelle. L’une est Palestinienne, l’autre juive. Entre elles se tient toute l’histoire du conflit israélo-palestinien. Plutôt que d’entrer dans une analyse des tenants et aboutissants du conflit, la réalisatrice choisit l’angle de la comédie pour montrer deux femmes qui à priori ont tout pour être ennemies et vont petit à petit se rapprocher. La comédie s’efface parfois pour laisser place à la gravité du sujet : lorsque Shéhérazade raconte la mort de ses parents, le rythme soutenu et dynamique du montage ralentit pour laisser le temps à la jeune femme de raconter son histoire. Le plan est plus long et la caméra reste sur elle.

Shéhérazade n’a plus ses parents et Esther a perdu son fils. Bien que de confessions opposées, elles souffrent toutes les deux de la perte d’un être cher, et se reconnaissent dans cette douleur. Lorsque Shéhérazade s’empare du couteau, celui-là même qu’Esther lui mettait littéralement sous la gorge quand elle la mettait au défi de découper les légumes, son animosité s’éteint quand elle voit Esther abandonner ses casseroles et s’avancer dans la mer. Face à l’immensité de l’océan mise en valeur par les cadrages, les tensions s’apaisent. Shéhérazade tend le couteau à Esther, et cette dernière répond : « je n’en ai pas besoin », comme pour dire qu’elle accepte de faire la paix avec la jeune femme. A travers la réconciliation tacite de ses deux personnages, la réalisatrice tend à réconcilier deux confessions engagées dans un cycle de violence. C’est un message d’espoir : au-delà des conflits qui les dépassent, les humains sont toujours capables de se comprendre lorsqu’ils confrontent leurs individualités, leur humanité.

– Pourquoi Shéhérazade s’obstine-t-elle à vouloir travailler pour Esther ?

– Pourquoi Esther refuse-t-elle d’embaucher Shéhérazade ?

– Quel est le rôle du couteau dans le film ? Dans quelles scènes est-il utilisé ? Que symbolise-t-il ?

– Pourquoi selon vous les deux femmes se réconcilient-elles à la fin, face à la mer ? Que symbolise cette réconciliation ?