La série « Noirs de France » regroupe trois moyens-métrages documentaires. De 1889 jusqu’à nos jours, ces films retracent l’histoire des migrations africaines et Outre-mer, avec les combats menés par les noirs pour être traités comme des citoyens français à part entière, et non « entièrement à part ».
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1. Archives inédites,
2. Histoire méconnue qui fonde la diversité d’aujourd’hui,
3. Témoignages variés et touchants.
Cette série donne une visibilité aux Noirs de France, qui a manqué pendant si longtemps. Elle raconte leur histoire pour raconter la France, raconter sa diversité et toutes les luttes menées par les Noirs pour l’égalité depuis plus de cent ans. Raconter les conflits d’intégration, mais aussi les joies et la richesse du vivre-ensemble.
Diffusion :
France 5
Prix et récompenses :
– Prix Focal du meilleur usage d’images d’archives dans un film d’histoire, Londres 2012
– Prix du Meilleur documentaire de télévision 2012
– Prix du Syndicat français de la critique 2012
– Étoile de la Scam 2013
Sénégalais, Maliens, Ivoiriens, Camerounais, Malgaches, Réunionnais, Martiniquais, Guyanais, Guadeloupéens, Comoriens, Haïtiens, Kanaks... Parisiens, Marseillais, Lillois et de bien d’autres lieux encore. Noirs et Français, tout simplement. Être noir en France, c’est être l’héritier de plusieurs siècles de luttes, de sacrifices et de passions pour obtenir la liberté, l’égalité et la fraternité. C’est aussi une histoire de rencontres et de combats partagés. Enrichie de documents d’archives inédits, la série plonge le téléspectateur au cœur d’une histoire encore mal connue et donne la parole aux acteurs et héritiers de ce passé commun.
PARTIE 1 : « Le temps des pionniers » (1889-1940)
Près de cinquante ans séparent le temps des « sauvages », majoritairement des Africains exhibés au Jardin d’Acclimatation de Paris, de celui des intellectuels et militants de la Négritude qui, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, vont affirmer la fierté noire. Une période fondatrice et complexe qui voit l’émergence de parlementaires noirs comme Hégésippe Légitimus, Blaise Diagne ou Gratien Candace. Une période où s’imposent aussi des intellectuels, des sportifs ou des artistes noirs, à l’image de la danseuse Joséphine Baker, du cycliste Major Taylor, du boxeur Jack Johnson ou du clown Chocolat. Le combat des militants nègres, au cours de l’entre-deux-guerres, alors que la France va glorifier son empire colonial dans d’immenses expositions populaires, est d’une intensité politique sans précédent. Le souvenir de la Grande Guerre et de ses célèbres tirailleurs sénégalais renforce l’idée que la France est devenue une nation ouverte au monde, attirant notamment les afro-américains et faisant de Paris la deuxième nation des Noirs de la diaspora. La France s’engage dans la seconde partie du siècle forte d’une expérience sans équivalent à l’égard de la diversité.
PARTIE 2 : « Le temps des migrations » (1940-1974)
Ce deuxième volet raconte les grandes mutations qui, en 30 ans, voient l’Afrique participer à la libération de la France occupée, les vieilles colonies devenir des départements (1946), les indépendances en Afrique (1960), la création du Bumidom orchestrant la migration d’État depuis les Antilles, et le début des migrations en provenance d’Afrique Noire. C’est l’époque de l’affirmation de la pensée noire notamment lors du premier Congrès des écrivains et artistes noirs à Paris (1956), sous l’impulsion de penseurs anticolonialistes comme Aimé Césaire ou Frantz Fanon. C’est aussi le temps des premières grandes luttes ouvrières noires, alors que la crise pétrolière de 1973 va bouleverser le destin de nombreux Noirs de France, provoquant le ralentissement du mouvement migratoire et une crise xénophobe sans précédent.
PARTIE 3 : « Le temps des passions » (1975 à nos jours)
Le troisième volet de la série voit les afro-antillais occuper une place majeure dans la société française. Les migrations antillaises, réunionnaises, africaines et malgaches se féminisent et se diversifient. L’immigration devient un enjeu politique majeur, avec des moments symboliques allant de l’expulsion des 101 Maliens à l’occupation de l’église Saint-Bernard, du combat pour les sans-papiers à celui de l’égalité citoyenne. Le combat pour la mémoire est omniprésent au cours de ces quatre décennies, connaissant un point d’orgue en 2001 avec la loi Taubira. Alors que des personnalités afro-antillaises s’imposent dans l’opinion, à l’image de Yannick Noah, Lilian Thuram, Joey Starr, Pascal Légitimus ou Audrey Pulvar, l’histoire des Noirs de France bouleverse les frontières de la République, entre exclusion, discrimination, nouvelles visibilités, identités métisses et émergence de personnalités fortes.
Juan Gélas est auteur et réalisateur de nombreux documentaires et reportages diffusés sur les chaînes nationales britanniques et françaises. Il travaille actuellement sur la collection documentaire « Les routes de l’esclavage » (4x52’) qui sera diffusée courant 2018 sur Arte.
PARTIE 1 : « Le temps des pionniers » (1889-1940)
« Vive la République, vive l’Afrique Noire » Léopold Sédar Senghor raconte que c’était le dernier cri qu’il avait prévu de pousser, avec ses camarades, prisonniers d’un camp allemand pendant la guerre, avant de se faire fusiller. Il n’est pas mort dans les camps, mais témoigne que son dernier cri du cœur aurait été à la fois pour sa terre natale et le pays d’accueil pour lequel il se battait.
Le film débute au sortir de l’abolition de l’esclavage (1848). Dans les colonies, les afro-antillais sont devenus des Citoyens, mais de nombreuses inégalités subsistent. En 1898, pour la première fois, un homme politique noir est élu Député en Guadeloupe : il s’agit d’Hégésippe Légitimus, qui fonde le Parti socialiste guadeloupéen. Cet événement oublié de l’Histoire a été éclipsé par le retentissement de l’affaire Dreyfus. Légitimus est un contemporain de Jaurès et milite contre les injustices (racisme et inégalités sociales) dont souffrent les afro-antillais dans les colonies. Pour lui, « le Noir n’est pas inférieur ». La presse se déchaîne contre ce « Jaurès noir » qui se bat contre les planteurs pour défendre les droits des antillais.
La domination de l’Empire français sur ses colonies varie selon les pays. Les Malgaches et les Kanaks sont considérés comme des « sujets de la République », privés de droits : on les définit comme des indigènes. Les Sénégalais, eux, ont un droit de vote limité. A Paris, on fait la promotion des colonies auprès du peuple avec la mise en place d’un « village nègre » au jardin d'acclimatation. Les badauds peuvent jeter des pièces dans l’eau pour regarder les villageois plonger les récupérer. Les Africains sont exposés aux yeux des visiteurs au même titre que les animaux d’un zoo. Une jeune femme témoigne, pensive : « C’est pour ça que c’est difficile. On peut pas passer en un siècle du statut d'animal enfermé dans une cage à "je veux être à la tête d'un parti politique" ». Les « sauvages de l’Empire » défilent pour les Français blancs. On les fait parader dans des zoos humains. Cela témoigne d’une époque où l’infériorité de la « race noire » était une évidence pour les blancs.
Cette hiérarchisation raciste a ses paradoxes. Nous sommes à la fin du 19ème siècle et la France se passionne pour Chocolat, le premier clown noir – une figure alors incontournable du Music Hall. On trouve quelques élus noirs au Parlement, alors même que des milliers d’hommes et de femmes afro-antillais sont considérés comme des indigènes. Le 20ème siècle s’ouvre sur une Exposition universelle. En marge, on découvre la musique des afro-américains.
Dans le monde du sport, Major Taylor, champion de cyclisme accueilli en France après avoir fui la ségrégation américaine, et Jack Johnson, le boxeur afro-américain qui vit à Paris, fascinent les foules et leurs victoires sont autant sportives que sociales : elles participent à faire reculer les clichés. La France a été un grand terrain d’accueil pour les afro-américains voulant fuir les discriminations raciales des États-Unis. L’« Art nègre » devient également un objet d'intérêt et de fascination pour de nombreux artistes, comme Picasso, mais va de pair avec une montée globale de la peur de l'étranger.
1914. C'est la mobilisation pour la guerre et des soldats noirs arrivent de tout l'Empire. « La force noire » est en marche : plus de 200 000 soldats noirs ont participé à la Grande guerre. Beaucoup d’entre eux s’enrôlent en 1916 en pensant obtenir la nationalité française, ce qui ne sera pas le cas. Les Américains refusent d’armer les soldats afro-antillais : « qu’est-ce que ça veut dire d’armer des noirs pour qu’ils tirent sur des blancs ? » A la fin de la guerre et malgré les sacrifices, les autorités décident d'organiser rapidement le rapatriement des soldats afro-antillais vers les colonies – on ne veut pas qu'ils s'installent en métropole.
Alors que la presse nationale ne prête pas attention au premier Congrès de la race noire présidé par Blaise Diagne, Député du Sénégal, et William Dubois, figure de proue du « panafricanisme » (solidarité des noirs à travers le monde), la France danse au rythme du fox-trot et du charleston, et s’éprend de Joséphine Baker, égérie des années folles d’après-guerre.
Près de 10 000 ouvriers, dockers et fonctionnaires noirs vivent dans les quartiers populaires des petites villes françaises. Des soldats afro-antillais qui ont échappé au rapatriement et sont restés en métropole après la guerre. Un militantisme noir émerge. Le terme « nègre » est revendiqué comme identité, et on demande l'émancipation des colonies, car aucune des promesses faites avant la guerre n’a été tenue. Pendant ce temps, la biguine emballe les foules : des bals antillais favorisent les rencontres et les mélanges.
Mai 1931 : une grande exposition coloniale continue de montrer les afro-antillais comme des indigènes. Une nouvelle génération de jeunes intellectuels noirs s’insurge contre cet immobilisme des représentations. Elle émerge de la crise de 1929 qui frappe durement les travailleurs immigrés et s’oppose à la montée des ligues d'extrême-droite. Léon Gontrand-Damas, Aimé Césaire, Léopold Sedar Senghor publient la revue "l’Étudiant noir" qui défie la pensée colonialiste d'une race blanche supérieure. Mais la guerre contre l'Allemagne nazie est imminente et leur voix n'est pas entendue. La République a besoin de soldats et se tourne de nouveau vers son empire colonial…
PARTIE 2 : « Le temps des migrations » (1940-1974)
Dans les images qui conditionnent notre vision de notre société, la politique qui l’organise, les citoyens qui la composent, il y a longtemps eu un manque. Images de cinéma, de télévision, de panneaux publicitaires, qui ont longtemps esquivé la question de la représentation de la diversité française.
Cette seconde partie s’ouvre sur la fin de la seconde guerre mondiale, lors de la libération de Paris en 1945. Les troupes qui y défilent ont été « blanchies » – tous les soldats noirs qui s’étaient battus pour la France ont été privés de parade, déjà mis au banc d’une imagerie collective qui fonde l’imaginaire des individus. Une injustice qui a mis du temps à être réparée : où sont-ils, ces soldats noirs qui s’engageaient contre l’idéologie raciste de l’Allemagne nazie, qui s’engageaient pour préserver un modèle républicain dans lequel ils plaçaient leurs espoirs d’une vie meilleure – où sont-ils dans nos films sur la guerre ? Dans nos manuels d’histoire ? Longtemps ils ont manqué, longtemps ils ont été invisibles. Les colonies françaises en Afrique ont été pourtant les premières à se rallier au Général de Gaulle. Des milliers de soldats noirs ont préparé la reconquête de Paris avec les alliés, et des dissidents antillais ont risqué leurs vies pour rejoindre les camps d'entraînement aux USA.
Les Africains s’engagent dans la guerre comme sujets coloniaux en espérant que leur investissement change la configuration des colonies et leur donne plus de libertés. Après la guerre, lors des premières élections législatives, des africains et des antillais siègent au parlement et veulent porter un changement sur les inégalités dans les colonies. Elles deviennent « départements Français d’Outre-mer », même si une très grande précarité y prédomine encore. Malgré tout, la départementalisation favorise l’immigration des jeunes d'Outre-mer qui viennent à Paris pour avoir un diplôme.
Le documentaire rappelle quelques dates importantes parfois oubliées de l’Histoire : les députés noirs obtiennent l’abrogation du travail forcé et la citoyenneté française pour les départements d’Outre-mer en 1946, même si une citoyenneté à deux vitesses perdure. Ironiquement, il y avait plus de noirs au Parlement après la guerre 39-45 qu’aujourd'hui ; on pouvait alors véritablement parler d’un « parlement divers ».
Une nouvelle France multi-culturelle naît dans les « 30 glorieuses », et un grand congrès d’intellectuel noirs est organisé en 1956 à La Sorbonne, pour donner un autre visage à l’immigration, souvent infantilisée par l’État et dont on préjugeait l’ignorance. Aimé Césaire et Frantz Fanon y donnent chacun une conférence. Pour Fanon, chaque homme peut être prisonnier des préjugés sur sa couleur de peau, blanc comme noir :« je veux être un homme parmi les hommes ».
Mais Antillais, Réunionnais et Africains restent des communautés distinctes, et des tensions subsistent entre elles. Elles sont alimentées par l’organisation étatique de l’immigration qui se fait en fonction des besoins de main d’œuvre sans considération des différentes cultures. Cette génération de migrants rêve à ses coutumes, sa culture, mais ne peut pas rentrer chez elle, car les départements d’Outre-Mer connaissent une expansion de la population qui conduit à plus de misère.
Le début des années 1960 marque les fulgurantes indépendances des colonies – c’est la fin de l'Empire Français en Afrique. Les intellectuels du Parlement rentrent au pays pour tenter de reconstruire. Des accords bilatéraux sont mis en place entre la France et ses anciennes colonies pour acquérir une main d’œuvre immigrée utile et peu onéreuse. Les travailleurs africains sont plus de 60 000 en France en 1967 et vivent dans des conditions précaires. Les immigrés sont, dans la loi, citoyens français, mais on les considère toujours comme des étrangers. L’un d’eux témoigne : « quand vous partez des Antilles, vous n'avez pas doute : vous êtes Fançais, mais en métropole vous n'êtes pas Français, vous êtes noir ».
Paradoxalement, face à cette montée de racisme, la diversité culturelle s'exprime par la télévision et la musique et donne, enfin, une visibilité aux noirs de France, en plus d’une adhésion du public qui danse au rythme du jazz et découvre les images des taudis dans lesquels s’entassent les travailleurs immigrés. Mai 68 arrive, c’est un moment de contestations noires et de révoltes contre la politique d'immigration. Beaucoup sont expulsés. En 1973, suite à la crise pétrolière, le gouvernement décide de fermer les frontières. Les migrants doivent choisir entre partir et rester, et ce, définitivement...
PARTIE 3 : « Le temps des passions » (1975 à nos jours)
Nous sommes à la fin des années 1970 et le visage de la France a changé : plus de 500 000 immigrés vivent maintenant dans l’Hexagone. Le processus migratoire, mis en place notamment par le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer), a été interrompu suite à la crise pétrolière de 1973. La grande majorité des travailleurs africains sont des hommes dont la famille est restée au pays, à la différence des migrants ultra-marins qui eux fondent une famille en France.
A cette époque, il n’y a pas encore de « ghettos ». Les immigrations afro-antillaises, italiennes, polonaises, portugaises sont mélangées avec des Français qui viennent de différentes régions. Mais la législation contre les étrangers se durcit progressivement. Une prime au retour volontaire est mise en place, la clandestinité explose et les Africains sont considérés comme des indésirables. Le gouvernement les loge dans les « foyers de travailleurs immigrés » où plus de 25 nationalités d’immigrés vivent les unes sur les autres. Tout est fait pour garder cette « population à risque » à part. C’est à ce moment qu’on assiste à la naissance des ghettos. Un mouvement africain de grève des foyers ancre l'immigration africaine dans l'histoire des luttes sociales françaises.
Construire sa vie en France était considéré par beaucoup comme un choix par défaut : la finalité était le retour au pays. Mais les revendications de développement des DOM n’étaient pas entendues par les syndicats et le gouvernement. Le milieu associatif prend alors une place importante dans la lutte sociale.
L'élection de la gauche en 1981 ravive les espoirs de nombreux afro-antillais. Le Bumidom disparaît pour favoriser une insertion avec formation professionnelle, affichant une volonté de sortir de la relation paternaliste que la France entretient avec les DOM. Les enfants grandissent dans la culture française, et un fossé croît entre cette nouvelle génération et la génération de leurs parents.
Le sport reste une plate-forme de visibilité importante, et en 1983, Yannick Noah gagne Roland-Garros. La même année, en réaction à une série de crimes racistes qui défraient la chronique, une marche pour l’Égalité part de Marseille et traverse la France, accueillie par près de 100 000 personnes à Paris. En parallèle, la France connaît une banalisation des discours xénophobes avec la montée du Front National. SOS Racisme est créé en octobre 1984 suite à cette croissance de l'extrémisme nationaliste. La jeunesse de France s’enflamme sur le Hip hop venue de la culture noire-américaine des États-Unis.
En 1986, les lois Pasqua durcissent à nouveau la législation sur l’immigration. On assiste aux premières expulsions des clandestins. Un million de noirs africains vivent alors en France avec leurs familles. Chaque communauté a son enclave et ses coutumes, même si les Français blancs ne font pas la différence. Le rap et la culture urbaine naissent dans les quartiers populaires, et revendiquent alors une identité à la fois issue de l’immigration et française. Les jeunes sont en recherche de représentation dans un pays qui leur donne peu de visibilité et ne prend pas en compte leurs Histoires. Car si les enfants d'immigrés nés sur le sol de France sont Français, ils ne sont pas forcément perçus comme tels.
La coupe du monde 1998 avec Lilian Thuram est la promesse de changer la vision d’une intégration qui ne fonctionne pas. Quelques jours avant la Coupe du Monde, une Marche pour commémorer la fin de l'esclavage réunit 40 000 personnes. Mais elle a été éclipsée dans les médias par la frénésie autour du football. En février 1999, Christiane Taubira (alors Députée de la Guadeloupe) présente son projet de loi déclarant la traite négrière et l'esclavage "Crime contre l'humanité". La loi sera adoptée en 2001, mais elle sera minimisée. Elle permet tout de même une reconnaissance de l’esclavage comme crime dans l'histoire de la République.
Pascal Légitimus, célèbre comédien repéré dans le trio « Les Inconnus », raconte sa difficulté à exister en tant qu’acteur noir de peau : « j'avais envie d'être un acteur et non pas d'être une couleur ». Lors de la 25ème cérémonie des Césars, une intervention spontanée du Collectif Égalité dénonce le problème de visibilité et de représentation des générations issues de l’immigration dans les médias, sur les affiches, dans la presse, et au cinéma. Quatre ans plus tard, Audrey Pulvar devient la première journaliste noire à présenter un journal télévisé national en France. Nous sommes en 2004. Une visibilité plus importante est alors donnée aux noirs à la télévision, même si dans les comités des cadres décideurs, le blanc prédomine toujours. La France compte plusieurs millions de citoyens noirs et métissés, et aucun député noir ne siège au Parlement.
2005 est l’année de la révolte des banlieues, où s’exprime tout le mal-être et la violence que ressent toute une jeunesse, de toutes origines, qui vit dans les quartiers populaires. Elle dure trois semaines. Les émeutes comptent des jeunes de couleurs de peau diverses, mais c’est la présence des noirs qui est mise en avant dans la presse et les médias.
Le documentaire se termine sur la constatation d’une progressive « ethnicisation » de la société en fonction des couleurs de peau et de la culture qu’on y associe. Pour en sortir, et voir au-delà des couleurs, il faut apprendre à changer notre regard. Et cela passe par changer nos représentations.
Téléchargez le dossier pédagogique complet réalisé par le CLEMI.
- L’historien Pascal Blanchard a collaboré étroitement avec le réalisateur Juan Gélas pour la création de cette série documentaire. Il a ensuite travaillé avec Lucien jean-Baptiste (réalisateur de « La Première étoile ») sur une série de quarante-deux portraits d’artistes issus de la diversité diffusée sur France Télévisions en 2017.
- C’est au lendemain des soulèvements des banlieues en 2005, dans un contexte de « fracture et de peur du communautarisme » que le réalisateur Juan Gélas a commencé à réfléchir à une œuvre audiovisuelle qui redonnerait une voix afro-antillaise dans les médias.
- 35 intervenants ont répondu présent pour apporter leurs témoignages et transmettre leurs histoires dans « Noirs de France ». Parmi eux, on compte Lilian Thuram, Manu Dibango, Soprano, Pascal Légitimus ou Christiane Taubira.