Le scooter à deux vitesses

Deux jeunes du 9-3 ont rendez-vous chez deux filles du 9-2 qu’ils espèrent séduire dans la soirée. Mais, alors que tout se passe bien, les parents des filles rentrent trop tôt et c’est le début d'une longue nuit de galères.

Public ciblé: 
Tout public
Genre: 
Comédie dramatique
Durée: 
25 minutes
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
92200 - NEUILLY SUR SEINE
Seine-Saint-Denis
Date de sortie: 
2008
Réalisateur / Réalisatrice: 
Julien Sicard
Comédiens: 
Saïd Moussa
Mourad Bouda Oud
Ophélie Bazillou
Valentine Catzéflis
Abdoullah Ben-Saïd
Lucas Ruffié
Production: 
Nexus Films

Regardez le film gratuitement sur Viméo.

 

Contactez la société de production :

NEXUS FILMS

36 rue Toxi-infectieux 93 500 PANTIN

01 43 52 98 71

nexusfilms@hotmail.fr

1. Humour,

2. Critique de la lutte des classes,

3. Effets « cartoonesques » .

« Le scooter à deux vitesses » est avant tout un film qui raconte les différences de classes sociales. On n’a pas la même vie si on est né à Neuilly, ou à Saint-Denis. Le réalisateur s’empare de cette question avec humour pour questionner les privilèges des uns, et dénoncer la discrimination et les préjugés dont sont victimes les autres.

Festivals :

"Le Scooter à deux vitesses" a été sélectionné dans une dizaine de festivals entre 2008 et 2009, dont les festivals internationaux de court-métrage de Brest, Contis, Pantin et Atibaïa (Brésil).

Diffusion :

- Trois diffusions (en 2008, 2009 et 2010) dans l'émission HISTOIRES COURTES sur France 2

- Multi-diffusion sur TV5 entre 2008 et 2010

Lamine déclare le vol de son scooter au commissariat. Un policier hilare lui répond que les chances de le retrouver son quasiment nulles. Ecoeuré, Lamine retrouve Koubiak, son meilleur ami. Ils ont rendez-vous à Neuilly avec deux filles de milieu aisé. Sans scooter, ils empruntent la voiture de la sœur de Koubiak pour s’y rendre et quittent leur 9-3 pour gagner le 9-2.

Arrivés sur place, ils découvrent un immense appartement bourgeois où se prélassent Cathy et Rachel, profitant de l’absence des parents de Cathy. Cette dernière sort avec Mathieu depuis quatre ans, mais leur relation est houleuse et elle a décidé de faire un « écart » avec Lamine. Koubiak lui essaye de séduire Rachel mais la jeune femme ne désire que papoter.

C’est alors que les parents de Cathy rentrent plus tôt que prévu. Lamine est noir, et les parents de Cathy sont racistes, alors avec Koubiak ils doivent fuir discrètement par la terrasse, en pleine nuit. De là-haut, ils aperçoivent Cathy et Rachel, en robes de soirée, qui partent avec deux hommes en scooter.

Lamine et Koubiak, dégoûtés, regagnent leur voiture, mais ils se rendent compte qu’ils ont laissé les clés chez les parents de Cathy. Ils font alors route vers Saint Denis à pied. En chemin, ils croisent Cathy et Rachel, accompagnées de leurs petits-copains – un des scooters est tombé en panne. Tandis que Koubiak donne un coup de main pour redémarrer le scooter en rade, Lamine tente de s’expliquer avec Cathy, mais elle le rejette. Mathieu, blondinet au costard de marque, s’amuse à provoquer Lamine en le réduisant à des clichés sur la banlieue. Lamine lui fait remarquer que lui aussi correspond à un cliché de la banlieue de Neuilly, mais Mathieu lui fait comprendre qu’il y a les bons et les mauvais clichés. Lamine parvient à rester calme tandis que Koubiak fait redémarrer le scooter en panne. Ils regardent leurs rencards s’éloigner sur la route avec les deux hommes.

Alors qu’ils essayent d’attraper un bus pour rentrer, Lamine se fait alpaguer par la police qui le passe à tabac sans motifs. Ils le relâchent après avoir vérifié auprès du central qu’il n’était pas l’homme qu’ils recherchaient, s’excusant comme si de rien n’était. A bout de nerf, Lamine se remet en route avec Koubiak. Ils tombent sur le scooter de Mathieu garé au bord de la route. Pour se venger, Lamine décide de voler le scooter. Koubiak grimpe derrière lui et ils rentrent dans le 9-3.

Mais il s’avère que Mathieu est le fils du Ministre de l’Intérieur. Alors quand il va déclarer le vol de son scooter, la police met tous les moyens à sa disposition. Lorsque Lamine sort de chez lui, une équipe complète d’intervention spéciale armée est là pour l’arrêter. Ils ont retrouvé sa trace en effectuant des prélèvements ADN sur le scooter volé.

Julien Sicard est né le 22 septembre 1970. A partir de l’âge de sept ans, sa mère l’envoie tous les mercredis après-midi au cinéma qu’elle surnomme « la garderie ». En 1989, il devient producteur. En 1995, Il fonde l’association « Les Engraineurs », atelier d’écriture audiovisuelle en Seine-Saint-Denis.

En 2005, il réalise « Des terres minées », un moyen métrage en 35mm, et en 2008, il réalise et produit le court métrage « Le scooter à deux vitesses », avant de réaliser un téléfilm pour France 2, « Des Intégrations ordinaires ».

Depuis 2007, Julien Sicard est président de l’association « Musik à venir », pour le développement des cultures urbaines, qui compte plus de 250 membres, principalement des jeunes de Pantin, Bobigny et Aubervilliers (93).

Son dernier court-métrage, « Le Bûcher de Saïd », sort en 2015 et participe à de nombreux festivals.

« Le Scooter à deux vitesses » est construit sur un effet de boucle : il débute par la fin. La scène d'ouverture commence très près du visage de Lamine, et la situation se dévoile à mesure que la caméra recule (on parle d’un mouvement « travelling »). La police envahit le cadre, elle est mise en scène comme une force hostile, et Lamine, au centre de l’image, encerclé par les forces spéciales, paraît impuissant, comme à la merci d’un destin implacable.

Ouvrir le film sur cette scène, c’est faire peser une inéluctabilité sur la trajectoire du personnage. C’est-à-dire qu’en nous montrant ce qu’il va se passer pour Lamine, le réalisateur Julien Sicard met en scène un personnage qui ne peut pas échapper à son destin. La police lui passe les menottes, et un flash blanc vient faire la transition pour nous ramener vingt-quatre heures plus tôt. Nous sommes dans un commissariat et des menottes sont passées à un homme, faisant écho à aux menottes de Lamine dans la scène précédente. Cette analogie entre les menottes de Lamine et celles de l’homme du commissariat, reliées par le flash blanc, vient associer les deux hommes : leurs destins sont semblables.

Lamine s’est rendu au commissariat pour déclarer le vol de son scooter. Une ironie parcourt le film ; il sera arrêté pour avoir lui-même voler le scooter de Mathieu. Mais malgré cette ironie du destin, le film garde un côté léger, voire parfois proche du « cartoon ». La réaction décalée du policier qui reçoit la plainte de Lamine, ou celle du père de Cathy qui surprend Lamine et Koubiak et leur crie « cassez-vous ou j’appelle ma femme ! » appuient la volonté du réalisateur de raconter l’injustice à travers la comédie. Des effets visuels et de mise en scène soulignent encore l’aspect « cartoonesque », décalé du film : le vol plané de Lamine et son passage à tabac par les policiers (on pense au cinéma d’Albert Dupontel, très cartoonesque lui aussi), l’aparté caméra inattendue de Cathy qui vient briser les codes narratifs en s’adressant directement au spectateur, les « fondus enchaînés » (apparitions puis disparitions successives des personnages dans le cadre) lorsque Lamine et Koubiak se disputent pour savoir s’ils vont emprunter la voiture de sa sœur.

Fort de cette énergie de comédie cartoonesque, Julien Sicard dénonce la lutte des classes. « Rien que le salon il fait trois fois mon appart » s’exclame Koubiak en arrivant chez Cathy. Il y a un fossé qui sépare le 9-3 et le 9-2, deux mondes qui répondent chacun à des codes différents. Ainsi quand Mathieu se moque du langage de Lamine qui « sonne tellement banlieue » et lui reproche d’être un cliché, Lamine lui renvoie son argument : « et toi avec ton costume de marque ? » C’est que le terme « banlieue » est associé à une image de précarité et de sweats à capuche. Lamine rappelle que la banlieue ce n’est pas que les cités défavorisés : « Neuilly, c’est pas la banlieue ? »

Lamine et Mathieu répondent tous les deux aux codes des banlieues d’où ils viennent (langage, vêtements….). Mais à la différence de Mathieu, Lamine n’est pas enfermé dans des clichés, il est capable de passer d’un territoire à l’autre (du 9-3 au 9-2), et ne répond pas aux attentes stéréotypées de Mathieu (il ne fume pas, n’est pas violent, n’est pas vulgaire). Mathieu lui est définit uniquement par les codes de sa banlieue bourgeoise. Il est un archétype.

Lorsque Rachel et Koubiak discutent, ils comparent leurs malheurs : elle est une comédienne qui a changé son nom de famille qui faisait trop bourgeois et à cause duquel elle se sentait rejetée, lui s’est toujours vu confié les rôles de « juifs et arabes de service, enfin d’immigré » au théâtre à l’école. Elle, est contente d’avoir maintenant un nom qui fait « rebeu », parce que « c’est plus rock ». L’une se rêve en « rebeu » prolétaire, l’autre en a souffert toute sa vie. La discrimination sociale est présente d’un côté comme de l’autre. A la différence que pour Lamine et Koubiak, une discrimination raciale s’ajoute à la discrimination sociale. Lamine ne doit pas être trouvé chez Cathy car ses parents sont racistes, et il est injustement rossé par les policiers à cause de sa couleur de peau. L’ironie est très forte lorsque Lamine et Koubiak passent devant l’affiche qui fait l’apologie du « vivre ensemble ». Car dans ce monde à deux vitesses, où la discrimination, à la fois sociale et raciale, est omniprésente, où les préjugés d’un milieu aisé s’abattent sans distinction sur une banlieue défavorisée, il est bien difficile de vivre ensemble.

Le film dénonce ainsi le fait que selon d’où vous venez, vous n’êtes pas égaux face aux stéréotypes, et vous n’êtes pas égaux face à la loi : une opération de grande envergure est menée pour retrouver le scooter de Mathieu, car son père est Ministre de l’Intérieur, là où Lamine était éconduit par le policier à qui il déposait sa plainte. L’ampleur de son arrestation, à la fin du film, a quelque chose d’absurde – les moyens déployés sont ridiculement grands. Cela nous fait d’autant plus ressentir l’injustice. Lamine n’est pas un délinquant, ni un voyou : c’est un type lambda qui, victime de discriminations, a passé la nuit à galérer. Son plus grand crime n’est pas le vol du scooter de Mathieu, c’est simplement de venir d’une banlieue où on vous considère par réflexe comme un délinquant.

La Fontaine écrivait dans « Les Animaux malades de la peste » : « Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de la cour vous rendront blanc ou noir ».

– Quel est le ton du film ? Justifiez votre réponse avec des exemples.

– Pourquoi Lamine se fait-il tabasser par la police ?

– Quelles sont les différentes discriminations présentes dans le film ?

– Quelles différences sont mises en avant entre Lamine et Mathieu pour montrer qu’ils ne viennent pas du même endroit ?

– Comment comprenez-vous le titre « Le Scooter à deux vitesses » ?

– « Le Scooter à deux vitesses » est inspiré d’un fait divers politique. Après avoir retrouvé le scooter volé de Jean Sarkozy, le fils de Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur et candidat à la présidentielle, la police avait effectué un prélèvement ADN pour retrouver les coupables. Cela avait provoqué des polémiques, en raison de l’extrême rareté d’un prélèvement ADN dans le cadre d’un vol de scooter.