À cause des bagarres de bandes, Didier, adolescent noir de 15 ans, est interdit de territoire à Évry. Pour lui éviter des ennuis judiciaires, Serge, son grand frère, le prend en charge chez lui, à Paris.
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ZADIG PRODUCTIONS
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1. Sans complaisance,
2. Réflexion sur la place du grand frère,
3. Intense.
Comment quitter le quartier quand on l’a dans la peau ? La violence que certains jeunes peuvent expérimenter au quotidien devient parfois une façon de s’affirmer, d’exister et de communiquer. Quand l’autorité du grand frère, sa responsabilité, entre dans cet engrenage, il faut trouver de nouvelles manières d’interagir.
Sélection officielle Festival « Premiers plans » d’Angers 2011
Didier dit adieu à ses amis, avec qui il a grandit. Il quitte Évry, pour aller vivre avec son grand frère Serge, dans une cité parisienne. Il n’a pas encore 15 ans mais est déjà une vraie terreur, bagarreur comme l’était Serge au même âge.
Didier découvre le quotidien de son frère. Serge vit avec Sabrina, qui attend un enfant. Il travaille comme gardien d’immeuble dans une cité aux murs blancs où les rues sont presque désertes. Alors que Serge lui fait visiter son local, Didier assiste à l’agression d’un adolescent par une bande. Serge met la bande en fuite, et Didier se lie d’amitié avec Luis, l’adolescent. Il tente de lui apprendre les attitudes à adopter pour se faire respecter.
Didier aperçoit Serge se diriger vers la cave et le suit. Il surprend son grand frère en train de fumer un joint, qu’ils partagent. Demain, c’est l’anniversaire de Didier. Serge le prévient : pas question qu’il s’attire des ennuis ici. Serge retourne à son travail et Didier trouve un pistolet que son grand frère a caché sous une caisse.
Accompagné de Luis, Didier retrouve la bande d’agresseurs. Il sort le pistolet et s’amuse à faire peur à Luis en faisant mine de tirer sur la bande. Puis Didier décide d’aller régler cette histoire. Il confronte le chef de la bande. Ils commencent à se battre, mais son adversaire sort un couteau. Serge arrive alors pour stopper la rixe. Une violente dispute avec Didier s’ensuit et Serge frappe son petit frère. Didier sort le pistolet pour menacer Serge, puis crache sur son grand frère avant de partir de son côté.
Serge retourne chez lui. Sabrina comprend que quelque chose s’est passé. Elle part à la recherche de Didier, qui erre dehors près des jeux pour enfants. Elle le console en lui disant qu’il faudra qu’il s’occupe du bébé.
Didier rentre à l’appartement. Serge dort profondément. Didier trouve un paquet cadeau, il l’ouvre. Il contient une paire de baskets à sa taille. Didier les enfile, puis grimpe sur le lit au-dessus de celui de son frère. Il s’endort à son tour.
« J’aimerais faire un film en Grèce et un au Japon – et je pourrai mourir tranquille », Basile Doganis.
Après des études de philosophie, Basile Doganis réalise un documentaire au Japon. Il écrit et réalise un premier court métrage de fiction, « Le gardien de son frère », puis en 2014, « Journée d’appel », sélectionné dans plus de 50 festivals internationaux. Il suit l’Atelier scénario de la Fémis en 2013 pour préparer son premier long métrage de fiction, qu’il développe actuellement avec Elzévir Films. Depuis 2006, il travaille sur un film documentaire au long cours avec le danseur Kô Murobushi, décédé en 2015.
C’est l’heure des adieux. Didier salue une dernière fois ses amis, un dernier « check », une dernière embrassade. L’image passe au ralenti, accompagnée d’une musique atmosphérique, comme pour appuyer l’importance du moment, en faire un instant grave, solennel. Pour Didier, pas de retour en arrière possible.
Il est maintenant sous la tutelle de son grand frère Serge. La première apparition de Serge est en « plan rapproché », ce qui signifie que le cadrage est proche de son visage. Cela vient contraster avec le « plan large » qui précède, où Didier et toute sa bande sont réunis dans le même cadre. Cette différence de cadrage souligne la domination de Serge qui remplit toute l’image à lui tout seul. Le premier mot qui sort de sa bouche est un ordre adressé à son frère Didier, dit sur un ton autoritaire. Cette scène nous montre, dès le début, le rapport de force entre Didier et Serge.
Didier découvre une cité blanchâtre, dans laquelle sa veste rose et celle de Serge, de couleur verte, font comme des taches de couleur. Ils sont les seuls à porter des vêtements aussi colorés, comme pour souligner le fait qu’ils dénotent dans cette cité parisienne, et exprimer le sentiment des personnages de ne pas être à leur place. La cité est filmée comme un décor à part, déconnecté du réel (« ils se sont crus sur la lune ici ou quoi ? » dit Didier). La mise en scène met en valeur la hauteur des immeubles avec des points de vue qui donnent le sentiment que les bâtiments dominent les personnages, qui sont ainsi écrasés par leur environnement.
La cité est quasiment déserte et a une allure de no man’s land. Une zone de non-droit désertée des hommes. Seules des petites bandes semblent y traîner et y faire la loi. Le jeune Luis en sera la victime, sous les yeux de Didier. Didier entreprend de lui apprendre à se faire respecter. Il le dirige comme un acteur, lui apprend à poser son regard, le rythme auquel se lever….tout est une question d’attitude, c’est un jeu, une représentation. Toutes les petites terreurs des banlieues jouent le même rôle et on apprend « en regardant les autres et en faisant pareil » explique Didier. Chacun prend exemple sur un modèle, pour être plus tard le modèle d’un plus jeune.
Didier reproduit dans sa nouvelle cité les schémas qu’il a appris à Évry, faits de confrontation et de violence. Pour sortir de la tutelle de Serge, Didier devient lui-même le grand frère de Luis. Il doit devenir son modèle, son exemple. « Je vais aller régler cette histoire tranquille sans que mon frère s’en mêle. Regarde bien ! » lui dit-il lorsqu’il va confronter la bande des agresseurs.
Mais Luis s’enfuit, et Didier se retrouve seul sous la menace d’un cran d’arrêt. Serge vient arrêter la bagarre, et le conflit avec la bande se transpose alors naturellement vers un conflit entre frères. Serge et Didier ne savent pas communiquer ensemble autrement que par la violence héritée de leur quartier.
Sabrina finit par retrouver Didier, qui erre près des jeux pour enfants : cette image de lui assis au bord d’un toboggan, l’associe à l’enfance. C’est que Didier est entre deux âges, pas encore sorti de l’enfance, mais déjà un pied dans l’âge adulte. C’est lorsque Sabrina lui demande s’il compte s’occuper du bébé qu’elle attend, que le passage d’un âge à l’autre se fait : en lui disant cela, elle le reconnaît comme un adulte avec des responsabilités, comme un grand frère.
Le film se termine dans la chambre de Serge. Didier y trouve le paquet cadeau dont Serge disait qu’il n’était pas pour lui. En l’ouvrant et en découvrant des baskets parfaitement à sa taille, Didier comprend, en même temps que le spectateur, que Serge a menti : le cadeau était bien pour son petit frère. La violence qui se tient entre les deux frères vient de cette incapacité qu’ils ont à exprimer leurs sentiments l’un envers l’autre. Quand Sabrina demande à Didier s’il a gagné sa bagarre, il répond « ouais, je crois ». Mais parle-t-il de celle contre la bande, ou de celle menée contre son frère, pour avoir son attention et son respect ?
Au final, le titre maintient cette ambiguïté : peut-être que Serge est autant le gardien de Didier, que Didier celui de Serge.
– Pourquoi Didier emménage-t-il avec son grand frère à Paris ?
– Quelle image de la cité parisienne le film montre-t-il ? (couleurs, cadrages, personnages croisés dans les rues)
– Pourquoi peut-on dire que Didier cherche à devenir un grand frère ?
– Peut-on se débarrasser de la violence quand on a grandi dedans ?
– Le réalisateur, Basile Doganis, est Maître de conférence à l’Université Lyon 3. Il est spécialiste en études japonaises.
– Basile Doganis est l’auteur de deux livres : « Le silence dans le cinéma d'Ozu » et « Pensée du corps : la philosophie à l’épreuve des arts gestuels japonais ».