Dans la cité du Franc-Moisin (Seine-Saint-Denis), plusieurs médecins généralistes vont prochainement prendre leur retraite. L’un d’entre eux, Didier Ménard, s’en est alarmé : qui va les remplacer ?
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1. Mise en relation du lien social et du domaine de la santé,
2. Un autre regard sur un quartier stigmatisé,
3. Approche innovante de la médecine de proximité.
Plongée au cœur du quotidien d’un centre de santé associatif. L’occasion de découvrir les habitants du quartier du Franc-Moisin, leur combat contre la précarité, mais aussi le lien social et le vivre-ensemble qui se créent avec les jeunes médecins et l’équipe de médiation sociale qui prennent la relève pour continuer d’assurer une qualité de soin dans ce quartier défavorisé.
Grand Prix au festival de l’Acharnière – 2013
Sélection officielle au Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du Documentaire de Société 2013, Le Touquet, sélection « autrement vu ».
Cela fait plus de trente ans que Didier Ménard est médecin généraliste à la cité du Franc-Moisin, en Seine-Saint-Denis. Militant profondément investi dans sa cité, il donne de son temps sans compter et se bat inlassablement pour les droits de ses patients. Ces derniers le pensent irremplaçable. Mais qui va le remplacer justement ? Comment donner envie à de jeunes médecins de venir s’installer dans ce quartier déshérité ? Epaulé par une association implantée de longue date, il crée « La Place Santé », un centre de santé associatif inédit, réunissant médecins et médiatrices de santé qui contribuent à créer du lien dans le quartier.
Mathilde et Maxime, jeunes diplômés d’à peine 30 ans, ont été séduits par le projet. En compagnie de trois autres jeunes médecins généralistes, ils débutent au sein de La Place Santé. Ne pas être isolés et travailler en équipe, être salariés de façon à pouvoir « travailler mieux et moins » et conserver une vie privée : nos jeunes médecins ne veulent plus exercer de la même manière que leurs aînés. Une chose est sûre : ils tiennent à donner du sens à leur métier.
Juliette Warlop est journaliste et réalisatrice de documentaires. Elle a suivi des études de filmologie et de journalisme à Lille et a réalisé le documentaire « Partir, revenir ou l’ambiguïté de la vie » (2009).
Elle est également l’auteur de livres cuisine et de recueils de témoignages.
Didier, médecin dans la cité du Franc-Moisin, part à la retraite. Le film s’ouvre sur des patients inconsolables : « il soigne tout le monde Didier, c’est pas un médecin, c’est un copain », « crois-moi Didier tu laisseras des orphelins ici ». Plus qu’un docteur, Didier est une figure paternaliste du quartier, un de ses piliers. Cette proximité presque familiale entre lui et ses patients témoigne d’une pratique de la médecine qui est, dans les quartiers, indissociable du lien social.
Didier s’inquiète donc de laisser ses patients « orphelins », d’autant plus que la plupart de ses confrères vont eux aussi bientôt atteindre l’âge de la retraite. Qui va prendre leur relève lorsqu’ils seront partis ? L’image des quartiers véhiculée par les médias, qui mettent en avant la violence et la délinquance, n’est pas engageante et n’incitent pas les jeunes médecins à venir pratiquer sur ces territoires. Didier s’insurge contre ces clichés : les médecins établis dans les cités y pratiquent depuis des décennies, ils y sont attachés, et la réalité de la délinquance ne les a jamais empêchés d’exercer leur métier.
Pour combattre cette vision maussade et fataliste d’une banlieue où il ne fait pas bon vivre, Didier, militant dans l’âme, a décidé de fédérer une équipe autour d’un projet de centre de santé appelé la « Place Santé ». A travers ce centre dont il accompagne la création, Didier passe le flambeau et transmet sa philosophie de la médecine de proximité aux jeunes médecins qui vont lui succéder. La Place Santé ouvre ses portes en novembre 2011, et regroupe une équipe pluridisciplinaire composée de cinq médecins et de cinq médiatrices qui proposent des services qui vont de la consultation médicale à l’aide aux démarches administratives, en passant par la musicothérapie ou encore l’atelier bien-être et diététique.
En associant dans un même lieu médical, social, prévention et éducation, la Place Santé répond pleinement aux besoins des habitants de la cité et est en adéquation avec la réalité de leur quotidien. En nous immergeant dans le centre de santé, la réalisatrice nous plonge donc dans le quotidien des habitants du quartier, dans leur intimité. Le centre de santé est un espace qui révèle les problèmes sociaux-économiques des habitants, ce qui permet à la réalisatrice de parler de la précarité qui règne dans ces quartiers, et de la dénoncer. Car suivre les médecins du Franc-Moisin, c'est s'immerger dans la pauvreté de ses habitants. Une femme d’origine portugaise doit travailler tous les jours sans interruption, une jeune femme de 19 ans est battue par son compagnon, une autre a 82 ans et ne peut pas se permettre d’arrêter son travail...beaucoup de soucis de santé se révèlent être liés à cette précarité et la difficulté de la vivre au quotidien.
Mais la Place Santé est aussi un lieu qui montre la convivialité qui règne entre les habitants et le vivre-ensemble dont ils savent faire preuve. Le centre de santé, au-delà de prodiguer des examens médicaux, est un facteur de lien social. « Sur vingt consultations, j’ai dû croiser dix-huit nationalités différentes, c’est incroyable ! » raconte Mathilde, jeune médecin du centre, alors que Maxime donne des petites leçons de santé en réunissant divers patients autour d’une même table. La Place Santé devient le miroir d’une vie de quartier où se côtoient toutes les origines et les couleurs de peau, et où les hiérarchies sociales semblent même parfois abolies : Maxime, le médecin, fait la vaisselle avec ses patientes après le cours de diététique où tout le monde mange ensemble dans une ambiance familiale.
Le quotidien de la Place Santé, c’est également son organisation, ses débats internes, sa pensée politique et militante. La réalisatrice filme beaucoup les mains, les gestes. Elle tente de rendre compte des interactions humaines, des conversations, des dynamiques de groupe, que ce soit avec les patients ou dans les discussions des membres de l'institut.
Outre Didier, il y a au cœur de ce projet de centre de santé les deux jeunes médecins Mathilde et Maxime ; la relève, ce sont eux. Mais ils ont leur propre vision du métier : salariés, ils se détachent du modèle de leurs aînés, qui travaillent parfois 70 heures par semaine, et veulent pratiquer une médecine de qualité en réduisant leur temps de travail. La qualité plutôt que la quantité, « travailler moins et mieux » comme dit Mathilde.
Cela ne les empêche pas de viser, sous l’impulsion de Didier, l’excellence : pratiquer la médecine en banlieue n’est pour eux pas synonyme de prodiguer des soins de moins bonne facture. Grâce à cette relève, Didier peut partir à la retraite sans avoir le sentiment d’abandonner ses patients. Mathilde et Maxime, eux, témoignent de leur satisfaction d’exercer sur un territoire où ils se sentent utiles et appréciés. Être là où on a le plus besoin d’eux.
Au début du film, l’équipe de la Place Santé se réunissait en cercle dans un jardin pour discuter de l’approche de la médecine qui définirait le centre de santé, et des limites du rôles d’un médecin. Un patient angoissé qui vient parce qu'il ne sait pas lire un papier, est-ce que c'est le rôle du médecin de l'aider et le rassurer ? Est-ce que le « Le bien-être mental » fait partie des prérogatives de la profession ? Pour Didier, il est clair que le médecin a un rôle social et « humain » important à jouer dans les quartiers. Avec Mathilde et Maxime, ils parlent « d’une véritable offre de santé et non pas simplement du soin ». Pour eux, la médecine en cité doit être corrélée au social.
C’est ainsi qu’on voit l’équipe de la Place Santé prodiguer des conseils qui sortent du strict cadre de la médecine, ou encore aider une femme à classer ses papiers. Maxime, lui, fait face à une jeune patiente handicapée mentale. Le centre est pensé comme un lieu d’accueil et d’accompagnement, à la fois médical et social et ouvert à tous. Pour Didier il faut que cet accompagnement social soit reconnu comme un temps professionnel.
« Le drame de cette cité, c’est le fatalisme ». C’est contre ce fatalisme que milite et lutte Didier, à travers le centre de santé mais plus globalement en promouvant une médecine tournée toute entière vers l’humain. La Place Santé peut-elle être un exemple, un modèle à développer sur le territoire national ? La réponse n’est pas dans ces lignes, mais relevons qu’en accueillant un centre de santé qui se veut un lieu de rencontre et d'apaisement, de dialogue et de douceur, la cité du Franc-Moisin se fait laboratoire d’innovation et sort un peu de son fatalisme.
- Quelles relations entretient Didier avec ses patients ?
- En quoi le centre « Place de la santé » pratique-t-il une médecine de proximité innovante ?
- De quelle manière souhaitent travailler les jeunes médecins Maxime et Mathilde ? En quoi cela s’éloigne-t-il d’une pratique de la médecine plus conventionnelle liée à « l’ancienne école » ?
- Dans quelles mesures un médecin peut-il et doit-il accompagner un patient au-delà des questions strictes de santé physique ?
- Selon Didier, un médecin qui fournit un accompagnement social doit être considéré comme étant dans l’exercice de ses fonctions. Qu’en pensez-vous ?
- Comment le film montre-t-il qu’un lieu de santé est aussi un lieu de lien social ? Quelle image du vivre-ensemble donne-t-il à voir ?
Pour aller plus loin :
Regardez l’interview de la réalisatrice en cliquant ici.
Consultez le document ciné-débat autour du film réalisé par l’Afdet en cliquant là.