Le 17 octobre 1961, la violence policière se déchaîne à Paris contre des milliers d’Algériens appelés à manifester pour le FLN.
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Agath Films & Cie
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1. Témoignages bouleversants,
2. Une vérité réhabilitée,
3. Images d'archive captivantes.
Ce film a pour ambition de rappeler la vérité historique et de souligner la dimension humaine de cet épisode trop longtemps passé sous silence. Il s’agit de faire émerger les paroles de certains acteurs de l’époque et d’immerger le spectateur, en utilisant tout au long du film les deux médias les plus consultés à l’époque par les Français : la radio et la presse écrite.
Sélections en festival :
Festival International du Film de Dubaï - 2011
Nomination "Meilleur film documentaire" César 2012
Festival International du Film Indépendant de Rome (RIFF) 2012
Festival International du Film Documentaire de Munich 2012
Prix :
Second Prix du documentaire au Festival International du Film de Dubaï - 2011
Prix Terre(s) d'Histoire FIGRA - 2012
Prix du Public pour le Meilleur Film au Annual African Diaspora Int. Film Festival (ADIFF), New York, USA, 2012
A l’appel du Front de libération nationale (FLN), des milliers d’Algériens venus de Paris et de toute la région parisienne, défilent, le 17 octobre 1961, contre le couvre-feu qui leur est imposé. Cette manifestation pacifique sera très sévèrement réprimée par les forces de l’ordre. Cinquante ans après, la cinéaste met en lumière une vérité encore taboue. Mêlant témoignages et archives inédites, fruits d’un important travail de recherche au sein des archives de la Préfecture de Police et des Archives nationales, le film retrace les différentes étapes de ces événements. Il fait se confronter passé et présent, histoire et mémoire et révèle la stratégie et les méthodes mises en place au plus haut niveau de l’État.
« Il ne suffit plus de dire "plus jamais ça" », Yasmina Adi.
Yasmina Adi est une réalisatrice d’origine algérienne. Elle a été attachée de presse avant de devenir documentariste. Elle sort son premier documentaire en 2008, intitulé « L’Autre 8 mai 1945 », qui a obtenu de nombreux prix. « Ici on noie les Algériens » est son deuxième film et sort en 2011.
Le film s’ouvre sur les eaux calmes de la Seine. Cette image, apparemment innocente, cache un drame historique terrible : celui des violences exercées à l’encontre des manifestants algériens du 17 octobre 1961. Beaucoup sont morts noyés dans le fleuve qui traverse Paris. Une femme raconte l’absence de son mari, l’histoire de ses enfants qui ont grandi sans père. A mesure que nous découvrons son récit, poignant, les images des eaux de la Seine, à la lumière de cette parole libérée, prennent une autre connotation, plus sombre – notre regard sur ces images a changé.
Changer notre regard sur cet événement, et sur les images d’archives qui le composent, est toute l’ambition du documentaire de Yasmina Adi. La réalisatrice retrace le déroulé du drame heure par heure, puis suit le fil jusqu’à plusieurs semaines après la manifestation, pendant lesquelles la violence et les traitements inhumains ont perduré. Elle fait se confronter la version officielle des faits, retransmise par les médias, avec les témoignages de personnes ayant vécu l’événement. D’un côté, l’événement est relaté d’une manière journalistique, sur un ton distant et descriptif. De l’autre côté, celui des témoignages, l’événement nous est raconté avec une émotion et une tristesse, qui redonnent au 17 octobre 1961 une dimension humaine, en mettant en avant le point de vue de ceux qui l’ont vécu et qui étaient au cœur du drame.
Les commentaires en « voix off » sont uniquement composés d’enregistrements radio de l’époque et de retranscriptions de communications de la Police et des Renseignements généraux lus par des comédiens. La réalisatrice recherche l’authenticité, dans un désir de réhabiliter la vérité sans l’interpréter et la détourner. Elle n’impose pas son point de vue, mais laisse le soin au spectateur, à travers la diversité des témoignages, des retranscriptions audios et des images d’archives, de reconstituer lui-même le déroulement du drame. Cet éclatement des moyens de montrer et de faire entendre donne une place active au spectateur, qui recompose et comprend les enjeux socio-politiques du drame par lui-même.
« Ici on noie les Algériens » veut aussi montrer comment la vérité peut être étouffée. Faux bilans des victimes de la part de la Police (qui déclare « deux morts » alors que plus de 60 manifestants Algériens seront tués), recommandations des Renseignements généraux sur la communication avec les journaux, le film nous fait découvrir les méthodes de l’époque employées pour masquer l’information. Les témoignages rappellent le racisme dont faisaient preuve certains policiers, qui traitaient les Algériens « d’indigènes » ou de « bougnoules ». Alors que les Algériens se rendaient à la manifestation « bien habillés, comme s’ils allaient à un mariage », dans un esprit de fête donc, la police a été impitoyable, exerçant une violence meurtrière sur ce qui était pourtant une manifestation pacifique.
Après la manifestation, les Algériens seront parqués pendant de longues semaines au Palais des Sports, puis à Vincennes. Les violences continuent, et les manifestants sont affamés. Ironie de l’histoire, en pleine débâcle de violences racistes, le Palais des Sports a dû être évacué pour laisser la place au concert de Ray Charles, un noir-américain, qui fera salle comble pendant plusieurs soirs d’affilée...
Certains témoignages rappellent à quel point une vie ne tient qu’à fil : un Algérien retenu au Palais des Sports est sauvé de justesse par un médecin, un manifestant réussit à échapper aux violences policières en se faisant passer pour un Italien...Mais pour ces quelques histoires de vies sauvées par la chance, des milliers d’hommes et de femmes ont vu leur vie basculer en ce mois d’octobre 1961. 150 manifestants sont renvoyés sous lourde escorte en Algérie.
Le film laisse une place importante aux femmes algériennes et rappelle qu’elles ont aussi manifesté, avec leurs enfants : « libérez nos maris, à bas le couvre-feu raciste, indépendance totale pour l'Algérie ». La réalisatrice, en mettant en lumière leur récit, rend hommage à leur force et leur courage face aux violences policières.
Le gouvernement de l’époque s’engagea à collaborer avec une commission d’enquête sur les événements du 17 octobre 1961, avant de faire un pas en arrière et finalement refuser cette collaboration. Un homme, à l’époque membre d’un contingent militaire, témoigne des morts qu’il a vu à Vincennes, de ses propres yeux, et de l’interdiction absolue de raconter quoique ce soit par sa hiérarchie. Grâce au film, les langues se libèrent, et certains témoins racontent cette histoire tragique, entourée de non-dits et de tabous, pour la toute première fois.
Le film se termine comme il a commencé : sur les eaux calmes de la Seine. En surimpression, c’est-à-dire « par-dessus » l’image, apparaissent des photos des manifestants Algériens, dont la mémoire est enfouie dans le fleuve, et qui a été extirpée, mise en lumière, par le documentaire de Yasmina Adi.
- Quels éléments composent les commentaires en voix off du film ?
- Quelle différence faites-vous entre les témoignages des personnes ayant vécu l'évènement et la façon dont il est relaté par les médias de l'époque ?
- Pourquoi les Algériens ont-ils décidé de manifester ?
- Combien y'a-t-il eu de manifestations et quelles sont leurs différences ?
- Quelles sont les informations qui ont été cachées au grand public à l'époque ?
- Pourquoi les manifestants algériens ont-il été persécutés ?
Pour aller plus loin : consultez le dossier thématique.
- « Ici on noie les Algériens » est sorti en salle deux jours après le cinquantième anniversaire des événements du 17 octobre 1961.
- Lors des projections de son précédent documentaire, « L’autre 8 mai 1945 – Aux origines de la guerre d’Algérie », la réalisatrice Yasmina Adi s’est rendue compte que le public confondait les événements du 17 octobre 1961 et ceux du métro Charonne qui se sont déroulés le 8 février 1962 (une autre manifestation violemment réprimée par la Police). C’est de là qu’est partie l’idée de faire un film pour réhabiliter la vérité et la mémoire des drames relatés dans « Ici on noie les Algériens ».
- Deux ans de travail et de recherches ont été nécessaires à la réalisatrice pour faire ce film. La Préfecture de police et les Archives nationales lui ont été d’une grande aide en lui ouvrant leurs portes.
- La plupart des témoins s’expriment en langue arabe. Yasmina Adi explique : « la télévision aurait sans doute imposé qu’on s’exprime en français, mais les gens ne sont pas des robots, ils ont la boule au ventre lorsqu’ils évoquent ces souvenirs et ils devaient être le plus à l’aise possible. J’ai décidé de ne pas adapter mon propos aux formats télévisuels ».