Fatima vit avec ses deux filles : Souad, 15 ans, adolescente en révolte et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français, ce qui créé un décalage avec ses filles. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, elle travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés.
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- 1. Émotion garantie,
- 2. Actrices attachantes,
- 3. Optimisme.
Le fossé sépare une personne de la société dans laquelle elle vit lorsqu’elle ne parle pas la langue peut être immense. Le conflit générationnel d’immigration est au coeur du film : entre parents qui sont en perte de repères dans un pays d’accueil et des enfants qui sont nés dans ce pays et en ont compris les codes et le fonctionnement, il est parfois difficile de se comprendre.
Le film dénonce également la condition précaire des immigrés, et montre les petits obstacles qui leur sont tendus au quotidien, aussi bien dans un racisme de tous les jours que dans une lutte des classes.
Récompenses :
- - Prix Louis Delluc 2015 : Meilleur Film Français
- - Prix du Meilleur Film Français du syndicat de la critique de cinéma
- - Prix Lumières du Meilleur Scénario 2016
- - Césars 2016 : Prix du Meilleur Film, Meilleure Adaptation, Meilleur espoir Féminin (pour Zita Hanrot)
Nominations : Césars 2016, Meilleure Actrice pour Soria Zeroual
Festival de Cannes 2015 : sélection à la Quinzaine des réalisateurs
Fatima est femme de ménage. Elle est séparée de son mari et habite seule avec leurs deux filles, âgées de 15 et 18 ans. Elle maîtrise mal le français, qu’elle continue d’apprendre difficilement aux cours d’alphabétisation, entre ses journées de travail. Elle vit avec frustration et humiliation cette séparation par la langue avec ses filles, nées en France.
Fatima est également habitée par la crainte que ses filles ne puissent connaître autre chose que le parcours de relégation sociale qui a été le sien. Elle s’efforce donc, avec une obstination têtue, de suivre la scolarité de la plus jeune (Souad), et de soutenir matériellement les efforts de l’aînée (Nesrine), dans ses débuts à l’université. Mais Fatima est confrontée à la révolte adolescente violente de Souad, tandis que Nesrine, prise par la nécessité de réussir ses études, doit de plus en plus s’isoler et s’absenter.
Un jour, sur son lieu de travail, Fatima chute dans un escalier. Entre ses visites chez les médecins, alors que sa situation sociale se fragilise, elle se met à écrire en arabe dans un cahier tout ce qu’il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles. A travers ses écrits, Fatima peut enfin s’exprimer et retrouver sa dignité.
« Je crois que la force, la beauté primordiale, l’intérêt véritable d’un plan vient d’abord du jeu, du comédien, de l’interprétation », Philippe Faucon
Philippe Faucon est né en 1958 au Maroc d’un père militaire. Ses grands-parents ne parlaient pas le français et sa mère ne le parlait pas lorsqu’elle était enfant.
Après ses études, il se lance dans le cinéma et commence comme régisseur. Il réalise son premier court métrage, « Jeunesse », en 1984. Par la suite, ses films « L’Amour » (premier long métrage en 1990) et « Samia » sont ancrés dans les banlieues. Son film « La Désintégration », qui aborde le sujet sensible de la radicalisation islamiste, sort en février 2012, quelques semaines avant l’affaire Merah.
Philippe Faucon crée en 2005, avec Yasmina Nini-Faucon, sa propre société de production : Istiqlal Films. C’est avec cette structure qu’il produit « Fatima », ayant plus que jamais à cœur de raconter les difficultés et les parcours de vie des immigrés.
« Fatima » est un très beau film de ‘’casting’’, où toute la place est laissée aux comédiens. Philippe Faucon, le réalisateur, a voulu rester dans des moyens de narration simple : pas de recherche d’effets de mise en scène, « pas de soulignements ou de surcharges inutiles, rien de ‘’fabriqué’’, pas d’emphase ni de pathos », comme il l’écrit lui-même. La technique ne prend donc jamais le pas sur le jeu, et chaque scène va à l’essentiel.
Philippe Faucon veut être au plus proche du réel. Ce n’est pas la science du récit, la volonté de raconter une histoire, qui guide son film, mais plutôt le désir de montrer la chronique d’une famille issue de l’immigration : c’est le quotidien qu’on veut mettre en avant, sa précarité, ses obstacles de tous les jours. L’école, le supermarché, les ménages, les études, les visites d’appartements, les patates qu’il faut éplucher, toutes ces scènes de la vie quotidienne viennent alimenter une immersion dans la vie des personnages. Nous avons ainsi accès à leurs doutes les plus profonds et leurs combats les plus intimes, ceux qui imprègnent les petits moments d’une vie.
Il y a une grande douceur dans le film et dans la manière dont sont abordés les sujets. Pourtant, cette douceur dans l’approche raconte la violence d’avoir perdu tous ses référents, ses repères, et de ne pas avoir la capacité de s’exprimer. La scène la plus révélatrice de cet effondrement est celle où Fatima assiste à une réunion à l’école. Autour d’elle, la professeure, tout comme les parents d’élèves, sont complètement flous à l’image. Ce flou est un indice visuel qui exprime l’immensité de la barrière de la langue et la confusion du personnage qui est comme coupé du reste du monde.
Cette rupture, cette faille entre deux univers, dont le pont de la langue française n’est pas fini de construire, et qui ne sont donc pas reliés, est présente au sein même de la famille. Les filles de Fatima lui parlent en français, elle leur répond en arabe. Il y a conflit générationnel d’immigration : les filles sont nées en France et parlent la langue, elles maîtrisent les codes et sont déconnectées d’une partie de la culture d’origine de leurs parents. On peut s’en rendre compte par exemple lorsque Souad, la plus jeune, refuse de se changer quand sa mère lui demande de couvrir ses épaules et de mettre un pantalon. Ou encore lorsque Nesrine, l’étudiante en médecine, tente de comprendre pourquoi dans la tête de son père fumer est un acte vulgaire pour une femme, alors que cela reste acceptable pour un homme.
Le poids de l’héritage peut être lourd : Nesrine en fait l’expérience avec ses études. Elle n’a pas le droit à l’échec, pour elle-même, pour sa mère qui travaille sans relâche pour financer ses études, mais aussi pour ce que représente son parcours, là d’où elle vient. Nesrine devient, malgré elle, un symbole. Le fardeau qu’elle porte sur ses épaules est celui de la représentation d’une « intégration réussie ».
Pour Souad, ce poids de l’héritage s’incarne dans la précarité dans laquelle elle vit avec sa mère. Elle voit sa mère trimer, « laver la merde des autres » comme elle dit à son père. « Je veux jamais faire ça, je veux jamais devenir comme ça » s’emporte-t-elle. Dans le regard qu’elle porte sur sa mère, quelque chose s’est perdu, effondré. Il s’agit de la dignité. Plus que tout, c’est cette quête de la dignité qui est l’enjeu principal du film. Le texte que Fatima écrit dans ses cahiers, qui s’adresse à sa fille, et qu’elle lit à son médecin, en devient presque un manifeste : « Sois fière des Fatima ».
La chute dans les escaliers est autant physique que métaphorique. La douleur persistante dans le bras de Fatima ne peut pas s’expliquer par un dérèglement physique, c'est une douleur psychologique, la douleur de la perte de la dignité. Cette chute, cet effondrement dans une société qui ne vous considère pas, est le vrai sujet du film : « Les enfants cherchent leur fierté. Déjà par la langue, ils n'ont pas de parents » dit Fatima.
Mais la fierté peut se retrouver, lorsqu’on parvient à communiquer ce pour quoi on se bat, ce dont on est fier. « Sois fière des Fatima ». Ce qui est beau, ce qui est digne chez Fatima, c’est son courage, son obstination, son sacrifice. Sa croyance que sa dignité ne se situe pas dans le travail qu’elle effectue, mais dans les raisons qui la poussent à faire, chaque jour, ses ménages.
- - Selon vous, pourquoi Souad, la plus jeune des deux sœurs, est-elle en colère ?
- - Pourquoi Fatima continue-t-elle d’avoir mal au bras malgré la guérison de sa blessure, selon le médecin ?
- - Que pensez-vous du travail de Fatima ? Est-ce humiliant, courageux, asservissant, digne ?
- - Que représente le cahier dans lequel écrit Fatima selon vous ? Comment pouvez-vous le relier à la scène de la réunion des parents d’élèves ?
- - Pourquoi est-ce aussi important pour Nesrine, la sœur qui est étudiante en médecine, de réussir le concours de première année à l’université ?
Pour aller plus loin : découvrez le dossier pédagogique complet réalisé par Zéro de conduite en cliquant ici.
- Soria Zeroual, qui interprète Fatima dans le film, est une comédienne non professionnelle. Son véritable métier est, comme son personnage, femme de ménage.
- Le film a été tourné en majorité en région Rhône-Alpes, même si une partie des intérieurs a été tournée à Marseille.
- L’écriture du scénario a été inspirée par les livres « Prière à la lune » et « Enfin, je peux marcher seule » écrits par Fatima Elayoubi, qui est arrivée en France sans savoir ni lire, ni écrire, ni parler le français. Elle a appris le français en autodidacte, entre les ménages qu’elle faisait pour gagner chichement sa vie. Aujourd’hui, son expression est riche et minutieuse.