Brooklyn

Coralie, jeune rappeuse suisse de 22 ans se produisant sous le nom de Brooklyn, quitte son pays et un père qui ne la comprend plus, pour s’installer à Paris. Logée chez Odette, une retraitée, elle trouve un petit job dans une association de musiques de Saint-Denis, en banlieue parisienne.

Public ciblé: 
À partir de 12 ans
Genre: 
Drame social
Durée: 
81 minutes
Langue: 
Français
Lieu Concerné - ville: 
Saint-Denis (93)
Date de sortie: 
2015
Réalisateur / Réalisatrice: 
Pascal Tessaud
Comédiens: 
KT Gorique
Rafal Uchiwa
Jalil Naciri
Liliane Rovère
Production: 
Cypher Films

Voir le film en Vidéo à la demande sur Youtube ou sur Univers ciné.

 

Contactez la société de production :

Cypher Films

4 Allées des Sablières

78170 La Celle-Saint-Could

01 70 46 32 40

brooklyn.lefilm@gmail.com

 

Consultez la page internet du film.

 

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1. Fougue de l'actrice,

2. Douceur du point de vue,

3. Vision positive de la banlieue.

Saint-Denis loin des clichés, avec sa vie associative engagée, ses jeunes talents qui foisonnent et sa diversité qui s’assume. La culture Hip-hop y est une tribune qui permet de s’exprimer et de communiquer, quelles que soient les origines.

France :

Festival Paris Hip-Hop 2014,

Festival Les Pépites du Cinéma, Seine-Saint-Denis,

Festival Ciné-banlieue 2014, Saint-Denis ,

Festival du Film Européen en Essonne, Cinessonne 2014,

Festival du Film de Saint-Paul-Trois-Châteaux 2014,

Festival Travelling Rennes, 2015,

Festival Ciné Junior 2015, Val de Marne, Prix des Collèges,

Festival international du film d’Aubagne 2015,

Festival Itinérances d’Alès 2015, 21e

Festival FEMI de la Guadeloupe,

Festival Diversité de Montbéliard,

Festival Hip OP Sessions de Nantes,

Festival International du Film d’Aubagne 2015 - Grand prix de la meilleure création musicale,

L’Original, Festival Hip-Hop 2015, Lyon

 

A l'international :

Milan Film Festival 2014 - Mention Spéciale du jury pour KT Gorique, comédienne principale,

Festival du film Francophone de Tübingen - Stuttgart 2014 ,

Rio de Janeiro International Film Festival 2014 ,

Göteborg International Film Festival 2014,

Da Bounce Urban Film Festival, Amsterdam 2014

Trinidad et Tobago Film Festival 2014 ,

Musée PERA - Programmation "We rule the streets", Istanbul,

British Urban Film Festival 2014 , Londres ,

Fête du cinéma français de Lisbonne et Coimbra,

Urban World Film Festival 2014, New York,

Festival du film français de l'Institut Français de Bucarest 2014,

See the sound 2014, Cologne,

Festival Internacional del nuevo Cine Latino 2014, Habana, Cuba ,

Black Nights Film festival 2014, Tallin, Estonie,

Cinémathèque de Tanger, Maroc,

Journées de Soleure 2015, Suisse,

Mill Valley film Festival2015, Etats-Unis,

Festival International Film Black de Montréal2015, Canada.
 

Coralie monte sur scène. Mais à peine a-t-elle eu le temps de prendre le micro qu’elle se fait huer : difficile d’être une femme dans le monde du Hip-hop. Face à cette hostilité, et à l’impasse qu’on devine dans la relation avec son père, Coralie décide de quitter sa Suisse natale pour débarquer à Paris. Elle découvre la capitale et trouve à se loger chez Odette, une retraitée qui lui loue une chambre.

Coralie trouve rapidement un travail dans une association de musique basée en banlieue, à Saint-Denis. Elle y fait le ménage et la cuisine. Mais c’est également l’occasion de faire ses premiers pas devant un public beaucoup plus accueillant. Coralie devient « Brooklyn » et fait découvrir son rap. Elle fait la rencontre d’Issa, rappeur lui aussi, l’étoile montante de la ville. Il travaille avec l’association sur l’enregistrement de ses premiers textes. Mais Yazid, qui gère le studio d’enregistrement pour l’association, reproche à Issa de vouloir reproduire une conception « bling-bling » que peut avoir le rap américain. Issa, qui aspire à une réussite prompte, quitte l’association pour trouver un autre manager qui lui promet le Stade de France.

Pendant ce temps, Issa et Coralie se sont rapprochés. Elle s’est ouverte à lui en lui parlant de sa famille, ils se sont embrassés. Mais dans son désir d’aller vite, Issa fait fuir Coralie : elle veut prendre du temps pour le connaître. C’est la dispute. Commence alors un chassé-croisé amoureux qui se solde par une déception de Coralie : Issa s’est réfugié dans les bras de la directrice de l’association.

Yazid, lâché par Issa, choisit Coralie pour le remplacer. Il a été très touché lorsqu’il l’a entendue par hasard répéter ses textes. Il lui ouvre les portes de la scène Hip-hop de Saint-Denis et elle découvre une variété d’artistes et de jeunes talents qui la portent et lui permettent de s’accomplir.

Mais Issa, jaloux, vole les textes de Coralie et s’en sert pour ses propres morceaux. Il sort son disque grâce à la directrice de l’association qui a détourné l’argent de la structure. Lorsqu’elle écoute le disque, Coralie comprend qu’Issa l’a trahie. Elle vole le matériel du studio de Yazid pour faire porter le chapeau à Issa, mais face au risque de fermeture du studio, elle décide de le rendre. Au final, Coralie met de côté son rêve de
devenir une rappeuse célèbre, mais trouve son bonheur auprès de Yazid dans la vie associative et le partage avec les autres artistes autour d’un projet musical commun.

                                  « C’est quoi vivre en banlieue à 20 ans aujourd’hui ? », Pascal Tessaud.

Pascal Tessaud naît à Paris et grandit en banlieue. Après ses études, il travaille comme animateur culturel à Saint-Denis. Il réalise quatre court métrages et tourne des documentaires autour de la culture Hip-hop qu’il aime et qui l’a marqué.

« Brooklyn » est son premier long métrage de fiction. Cest un film « guérilla » tourné sans structure de production dans les rues de Saint-Denis. Le film est sorti en salle et a rencontré le succès en festivals.

« Brooklyn » débute et se termine par un échec. La première tentative de Coralie de monter sur scène se solde par des huées. On lui jette des choses à la figure. Le monde du Hip-hop est montré comme un lieu hostile et sexiste. C’est le premier échec. A la fin du film, Coralie s’est faite voler ses textes, Issa a sorti un album à sa place. Son rêve est brisé, son ascension fulgurante est cassée dans son élan. C’est le second échec.

Mais d’un échec à l’autre, il y a eu la rencontre décisive entre Brooklyn (nom de rappeuse de Coralie) et Saint-Denis. Le réalisateur Pascal Tessaud capte l’ambiance de la vie du quartier en allant filmer là où le cinéma français est souvent frileux de s’aventurer. Tessaud filme la vie associative à Saint-Denis et met en avant l’essor artistique d’une jeunesse soudée autour d’une culture Hip-hop venue des États-Unis. L’accueil réservé à Coralie n’a rien à voir avec celui qu’elle a connu lors de la première scène du film, son premier échec. Saint-Denis la pousse à monter sur scène, à développer ses textes et lui prête une oreille attentive et enthousiaste. Il n’y a pas de ségrégation, pas de sexisme, pas de rejet, pas de peur dans le Saint-Denis que filme Pascal Tessaud. Il y a au contraire une solidarité et des valeurs humaines qui s’incarnent dans l’effort collectif, portées par Yazid, le mentor par qui la voix du réalisateur se fait entendre dans le film.

« Brooklyn » est un film sur la culture Hip-hop, sur le rap qui fonde une poésie urbaine et une tribune pour que toute une jeunesse puisse s'exprimer et se reconnaître. C’est un film sur la performance et l’acte même de la saisir, à vif. Chaque intermède musical semble être une urgence, un moment unique capté par la caméra. Au milieu du film, Pascal Tessaud s’attarde sur une scène de graff. Cette scène est une des plus emblématiques du film dans le fait même qu’elle n’a rien à voir avec l’histoire de Coralie. C’est une scène purement gratuite dans la narration. Mais elle est essentielle au dispositif du film, car Pascal Tessaud veut filmer la beauté du geste, il veut capter le vivier artistique qui existe à Saint-Denis et il veut le filmer dans toute sa diversité. Cette scène de graff, apparemment anodine, est en réalité très importante : la faire exister dans le film, malgré son manque d’intérêt dans le récit, c’est arborer haut et fièrement le drapeau de la vie artistique du quartier. C’est faire exister Saint-Denis d’une autre façon dans l’image, loin des clichés véhiculés par les journaux télévisés. Cet acte de graffer, Pascal Tessaud le filme comme un pur geste artistique, qui recherche la beauté, loin de la représentation du graffiti qui vandalise.

Pour être au plus près du « flow » du rap, des contre-rythmes et des impros incisives du Hip-hop, le montage privilégie les ellipses, les coupes franches, « cut ». On saute d’une scène à l’autre sans transition, tout va vite, les scènes sont courtes, majoritairement en caméra portée rivée au visage de l’actrice dès le début du film et qui ne la lâchera plus. On passe une grande partie du film à accompagner Coralie, la caméra est dans ses pas, dans son dos, ou dans ses yeux. On découvre Paris avec elle au début du film dans un montage « clipesque », qui exprime l’intention du réalisateur de rechercher une forme de musicalité dans l’agencement de ses images.

Mais si cette « musique » du montage passe beaucoup par la vitesse (celle de la juxtaposition brute des scènes entre elles), parfois le rythme ralentit, la caméra se pose, elle « s’alanguit » : les scènes sont plus longues, prennent plus le temps. C’est le cas d’une scène clé du film : le baiser entre Coralie et Issa dans la chambre. Lorsqu’elle est « Brooklyn », le personnage féminin est animé d’une fougue et d’une rage captées en caméra portée. Elle déborde d’une sincérité à fleur de peau qui lui met même les larmes aux yeux la toute première fois qu’elle rappe devant le public de Saint-Denis (cette fameuse sincérité dont manque Issa parce qu’il copie ce que d’autres font). Mais lorsqu’elle est Coralie, c’est la douceur qui ressort chez le personnage et la caméra est alors plus stable.

Il y a une coexistence, comme une cohabitation, entre Brooklyn et Coralie. On découvre le surnom, « Brooklyn », au moment où on fait monter le personnage sur scène pour la première fois à Saint-Denis. Le personnage gagne alors un nom qu’on ne lui connaissait pas avant cette scène. Jusque-là elle était taiseuse, presque mutique. Soudain, elle s’exprime, et elle devient Brooklyn à travers son flow. Elle naît avec la scène, elle gagne une identité avec son art.

Nous découvrirons son véritable prénom bien plus tard dans le film, lorsqu’elle laisse un message téléphonique à Issa pour tenter de sauver leur relation. Dans ces moments où elle s’ouvre à la naissance du sentiment amoureux, lorsqu’elle raconte l’histoire de ses parents à Issa dans sa chambre, lorsqu’elle l’embrasse, elle est Coralie. Ce deuxième nom du personnage est associé à sa relation avec Issa, et apparaît chronologiquement, dans notre expérience de spectateur, après l’avènement du nom « Brooklyn ». Lorsque Coralie surprend Issa avec la directrice de l’association, juste après avoir donné l’information de son vrai prénom au spectateur via le message téléphonique, elle redevient Brooklyn, la battante (cela s’exprime à l’image par le tee-shirt qu’elle porte sur lequel « Brooklyn » est inscrit). Son premier réflexe est de se réfugier dans le rap, dans ses textes. Brooklyn est l’alter-ego de Coralie, sa transformation guerrière qui lui permet de révéler, par ses textes, ce qu’elle a au fond des tripes.

On peut voir le personnage porter un tee-shirt « Do The Wrung Thing » dans le film. C’est une référence détournée au film de Spike Lee, dont la filmographie a inspiré Pascal Tessaud, « Do The Right Thing » qui se déroule à Brooklyn aux États-Unis. Cette référence appuie l’omniprésence d’un modèle américain (il donne son titre au film et au personnage, « Brooklyn »), qui dialogue avec le film de Pascal Tessaud sans le phagocyter, c’est-à-dire que le film sait se détacher des clichés qui peuvent être véhiculés par un pan de la culture Hip-hop américaine. « Brooklyn », le film, favorise l’émergence du collectif, le fait de vivre et réussir
ensemble, plutôt que l’ascension solitaire d’un « outsider » à l’américaine, comme dans le film « 8 Miles » avec Eminem par exemple. Pascal Tessaud défend à travers son film un rap engagé et sincère qui parle des inégalités sociales et du quotidien des quartiers, plutôt qu’un rap « bling-bling » qui se fonde sur des fantasmes américains clichés et clivants. C’est la leçon que Yazid fait à Issa, lorsqu’il lui demande de ne pas copier les rappeurs américains mais de trouver sa propre voie et de chercher la sincérité dans ses textes.

Ce que le film prend à son modèle américain, c’est la force de la culture Hip-hop, sa vitalité, et le mythe qu’à partir de rien, on peut construire sa vie avec la volonté et la force nécessaires. Ce qu’il refuse de copier, c’est l’obsession de la réussite individuelle et les rêves de grandeur décadente qui l’accompagnent. C’est cette dissidence par rapport au modèle américain qu’incarne le second échec de Coralie. A la fin, Issa réalise son rêve mais il est tout seul. Il a trahi Coralie et tous ceux qui comptent sur l'association (l'argent de l’association a été utilisé pour sortir l’album d’Issa). Coralie, elle, abandonne son rêve d’ascension à l’américaine, mais trouve la force de rebondir et nouvel un équilibre dans la vie associative, la création collective. Du premier au second échec, Coralie s’est construite et a trouvé sa véritable place.

- Pourquoi le film s'appelle-t-il Brooklyn ?

- Quel est le vrai nom du personnage principal ? A quel moment en prenons-nous connaissance ?

- Quel est le discours du film sur le rap "bling-bling" ? Pouvez-vous trouver des ressemblances et des différences entre la culture Hip-hop aux Etats-Unis et la culture Hip-hop de Saint-Denis qui ets montrée dans le film ?

- Comment comprenez-vous la fin du film ? Pourquoi Brooklyn semble-t-elle heureuse ?

- Quelle image de Saint-Denis veut donner le réalisateur selon vous ?

- Pourquoi peut-on dire que le film déconstruit les clichés ?

 

Pour aller plus loin : découvrez le dossier pédagogique complet réalisé par Zéro de conduite en cliquant ici.

- Le budget total du film est de 6 000 euros seulement !

- Pascal Tessaud a tourné son film en mode « guérilla », c’est-à-dire sans financements et sans autorisations.

- Les dialogues du film sont entièrement improvisés par les acteurs. Pascal Tessaud les guidait, mais ne voulait pas imposer une écriture. Les acteurs étant pour la plupart des spécialistes de l'impro et du free-style, Pascal tessaud a choisi de s'appuyer sur leurs compétences naturelles.

- Les cadreurs qui ont travaillé sur le film viennent du documentaire. Aucun mouvement n'était imposé aux acteurs qui restaient libres. Ce sont les cadreurs qui devaient s'adapter aux comédiens et pas l'inverse.

- C'est la première expérience de tournage pour la rappeuse KT Gorique, jeune interprète de Coralie.

- Après des négociations en coulisse quelques instants avant son concert à la Villette, le rappeur Radikal MC a accepté de faire monter KT Gorique sur scène pour que l'équipe puisse tourner la séquence du film. Mais ce jour-là, KT Gorique était aphone ! Radikal MC lui parle alors d’un remède miracle qu’elle court acheter en pharmacie et qui fait revenir sa voix pendant 30 minutes, tout juste le temps de faire sa performance sur la scène de la Villette ! Juste après le concert, KT Gorique est redevenue aphone.

- KT Gorique a beaucoup de points communs avec le personnage de Coralie : toutes deux rappeuses venues de Suisse, toutes deux battantes. C’est parce que Pascal Tessaud a construit son film sur la personnalité de la jeune rappeuse.

- C’est sous les conseils de ses amis Djinn Carrenard (réalisateur de « Donoma ») et de Rachid Djaïdani (réalisateur de « Rengaine »), qui ont tous deux tourné des films « guérilla », que Pascal Tessaud décide de faire « Brooklyn » avec ses propres moyens.

- Pascal Tessaud découvre KT Gorique dans une vidéo sur internet où elle gagne le championnat du monde d’impro Hip-hop « End of the Weak » à New-York. Elle était la seule femme de la compétition.

- Le film a été tourné quasiment intégralement à Saint-Denis.

- Les textes de Brooklyn dans le film ont été écrits par KT Gorique elle-même.