Bonne nuit Malik

Malik vit avec son petit frère Bilal. Ils sont tous les deux préoccupés par leur travail. Malik est à l’essai dans un club privé, Bilal doit écrire un poème pour l'école. Regards croisés de deux frères.

Thème(s): 
Public ciblé: 
Tout public
Genre: 
Drame
Durée: 
13 minutes
Langue: 
Français
Date de sortie: 
2006
Réalisateur / Réalisatrice: 
Bruno Danan
Comédiens: 
Zakariya Gouram
Samy Seghir
Production: 
Aeternam films
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ÆTERNAM FILMS

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Tél +33 1 44 54 02 48

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1. Complicité des acteurs,

2. Un charme tout simple,

3. Le poème de Bilal.

Qu’est-on prêt à sacrifier pour travailler ? Jusqu’où peut-on aller ? Malik, protagoniste du film, accepte un poste de videur où il doit discriminer les personnes de couleur. Le film fait état de l’engrenage du racisme qui, pour se consolider, transforme parfois des victimes potentielles en bourreaux.

Sélections :

1er Festival miroirs et cinémas d’Afrique (Marseille, France, 2007)

Cinquième édition Festival Paris Tout Court (Paris, France Sélection Panorama national 7, 2007)

Festival européen du film court de Brest (Brest – France – 2006)

Festival national et international du Court Métrage (Clermont-Ferrand - France – 2007)

Regards sur les cinémas d'Afrique et du sud (Rouen - France – 2007)

Festival du film d'amour (Mons - Belgique – 2007)

Festival international de Contis (Contis - France – 2007)

Festival européen du film court de Brest (Brest - France - 2007)

Distinctions :

Prix du public "1ere œuvre" – Festival du court métrage (Vélizy-Villacoublay - France – 2007)

Prix du public – Festival du premier court métrage (Fontainebleau - France – 2006)

Prix du public – Festival du film court (Villeurbanne - France – 2006)

Prix du public - La fête du court (Valloire - France – 2006)

Prix du public - Rencontres cinémaginaire (Argelès-sur-Mer - France – 2007)

Prix du public – Rencontres Ciné en Herbe (Montluçon - France – 2007)

Prix du public – Festival du premier court métrage (Pontault-Combault - France – 2007)

Prix du jury - Écran libre Festival des jeunes réalisateurs de cinéma et vidéo (Aigues-Mortes - France – 2007)

Prix du jury – Festival de courts métrages (Limoges - France – 2006)

Prix du jury – Cinéma au parfum "Les toutes premières fois" (Grasse - France – 2007)

Prix du conseil général – Festival du premier court métrage (Pontault-Combault - France – 2007)

Prix de la direction départementale - Festival du film (Saint-Paul-Trois-Châteaux - France – 2007)

Prix de la Région Rhône-Alpes – Festival du film court (Villeurbanne - France – 2006)

Prix de la francophonie – Festival du film court francophone (Vaulx-en-Velin - France – 2007)

Prix de l'école des mines – Festival du cinéma d'Alès "Itinérances" (Alès - France – 2007)

Prix d’interprétation - Festival du premier court métrage (Pontault-Combault - France – 2007)

Prix Ciné court – Festival du cinéma d'Alès "Itinérances" (Alès - France – 2007)

Prix Beaumarchais – Festival International du cinéma méditerranéen (Montpellier - France – 2006)

Mention spéciale du jury - La fête du court (Valloire - France – 2006)

Grand prix du jury TV Rennes35 – "Travelling" Festival de cinéma de Rennes (Rennes - France – 2007)

Grand prix du jury – Festival du cinéma d'Alès "Itinérances" (Alès - France – 2007)

Grand prix du jury – Festival du premier court métrage (Pontault-Combault - France – 2007)

Grand prix – Festival Pris de courts (Paris – France – 2007)

1er prix – Concours de courts (Toulouse - France – 2007)

Malik est en charge de son petit frère Bilal qui vit chez lui. Les deux frères sont très complices et s’amusent souvent à se taquiner. Malik dort le jour et travaille la nuit : il a été pris à l’essai comme videur dans une boîte de nuit. Les consignes sont claires : ne laisser entrer que les blancs. Malik prend sur lui pour garder son travail mais vit mal cette situation.

Bilal lui doit écrire un poème pour l’école. A la sortie de son entraînement de boxe, Malik encourage son petit frère à écrire quelque chose de personnel.

La nuit suivante, Malik est de retour à son travail de videur. Lorsqu’un couple de blancs accompagné d’un ami d’origine arabe insiste pour entrer, Malik, déstabilisé, perd son sang-froid. Le patron de la boîte de nuit intervient pour calmer le jeu.

Malik rentre chez lui à l’aube, encore secoué par l’altercation. Bilal se réveille et insiste pour lui lire son poème, qui vante les mérites de son grand frère. Malik immobile, allongé dans son lit, l’air perdu. Bilal, dans sa naïveté d’enfant, croit qu’il s’est endormi.

Il souhaite une bonne nuit à son grand frère et éteint la lumière.

Après des études de Droit et de Sciences politiques, Bruno Danan s’oriente vers une école de cinéma à Toulouse, puis entre au Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle à Paris. Il écrit aujourd’hui ses propres projets de films tout en participant à l’écriture de ceux des autres.

Dans la première scène du film, le réalisateur Bruno Danan installe une complicité entre ses personnages grâce à un cadrage large qui laisse exister les deux acteurs à l’image. Il n’y a pas de « coupe », pas de montage, l’alchimie entre les personnages naît de la longueur du plan, tout comme le moment où Malik et Bilal discutent de la poésie que l’enfant doit écrire pour l’école, assis sur un rebord à l’extérieur. Les personnages sont dans le même cadre, car ils sont dans la même énergie, dans le partage d’une affection fraternelle.

Malik a ainsi deux vies, l’une, de jour, faite de complicité avec son petit frère, tandis que l’autre se déroule la nuit, à son travail où il a été pris à l’essai comme videur dans une boîte de nuit. Pour conserver son travail, Malik doit se plier à la règle, et la règle, c’est d’interdire l’accès à la boîte à toute personne de couleur. Malik se trouve alors face à une situation paradoxale où il doit discriminer les personnes qui ne sont pas blanches de peau alors que lui-même est une personne de couleur.

Divisé entre son travail et son quotidien avec son petit frère, obligé d'agir d’une manière qu’il réprouve moralement, Malik se réfugie derrière sa fonction : ce n’est pas sa responsabilité, ce n’est pas lui qui choisit. Comme beaucoup de bourreaux dans ce monde, il ne fait qu’appliquer la règle, obéir aux instructions. Il se cache derrière son costume de travail, comme un déguisement qui lui permet d’opérer un travestissement moral. Lorsqu’il enfile son costume, il doit devenir quelqu’un d’autre, et la mise en scène insiste sur le moment où il sort sa chemise et sa veste de son placard. Malgré lui, Malik devient complice. Il devient acteur de la discrimination.

La lourde porte de fer de la boîte de nuit fait office de sentence qui s’abat face aux clients refoulés par Malik, coupables de ne pas être blancs. Mais en rejetant ces personnes, Malik rejette une partie de lui-même. On sent son trouble lors de la scène où il se regarde dans son miroir, comme s’il avait du mal à se reconnaître. Cette scène souligne sa dualité ; Malik est divisé, il perd pied.

Quand il ouvre la porte sur les trois clients avec qui une altercation aura lieu, un cadrage rapproché isole le personnage qui sera discriminé en raison de son origine arabe. L’homme esquisse un sourire discret, comme s’il reconnaissait Malik. Cette manière d’isoler son visage, très frontalement, par la mise en scène, contribue à appuyer la gêne que Malik ressent au moment où il le voit. L’ambiguïté est gardée par le réalisateur, mais Malik semble reconnaître lui aussi cet homme. « C’est quoi ton boulot, de pas me reconnaître ? » dira ce dernier. Lorsque le patron de Malik lui demande s’il le connaît, Malik ne répond pas, comme en proie à l’hésitation. Quand il finit par répondre « non je le connais pas », on sent qu’il vient de renier quelque chose, de se renier lui-même, de se trahir.

Malik perd son sang-froid car l’homme le met en face de ses contradictions, en face du choix moral qu’il doit faire. « Tu vois pas qu’on se sert de toi ? » lui dit l’homme. Malik est la caution « non raciste » du club privé : il est plus difficile d’accuser une boîte de nuit de discriminations quand c’est une personne d’origine arabe qui refoule les gens de couleur. La scène est filmée en caméra portée, pour traduire l’instabilité émotionnelle de Malik, son indécision face à la situation et la tension qu’il ressent. Lorsqu’il fume une cigarette pour se calmer, il se retrouve de l’autre côté de la porte, à l'extérieur, au même titre que les personnes qu’il a refusées. La plaque « Club privé » est mise en valeur dans le cadre, comme pour appuyer l’idée que Malik n’en fera lui non plus jamais partie.

La scène d’entraînement de boxe se construit sur le point de vue de Bilal. Il regarde Malik se battre avec des étoiles dans les yeux. Son grand-frère, c’est son héros. Le regard de l’enfant est la chose la plus difficile à accepter pour Malik, car lui sait qu’il n’est pas le héros dont rêve son petit frère. Quand Bilal lit son poème, Malik est confronté à la vision que l’enfant a de lui. Il est mis face à ses responsabilités. Alors qu’on interdit la parole à Malik dans le cadre de son travail (il ne doit pas se justifier auprès des clients), lui et Bilal élaborent leur fraternité dans l’échange. Mais dans cette scène finale, ils ne sont plus réunis dans le cadre. Le montage les sépare. Ils sont dans deux états émotionnels différents – Malik dans sa réalité d’adulte et Bilal dans sa naïveté d’enfant.

C’est Bilal qui a la dernière parole. Son « bonne nuit Malik » résonne comme une bénédiction, une confiance et une affection absolues. L’enfant est convaincu que son frère mérite les éloges de son poème. Malik en semble moins certain. Il garde les yeux ouverts.

– Pourquoi le travail de Malik le place-t-il dans une situation déstabilisante ?

– Voyez-vous une différence dans la manière de filmer la première scène entre Malik et Bilal et la dernière dans la chambre ? Comment l’interprétez-vous ?

– Quelle vision Bilal a-t-il de son grand frère ?

– Pourquoi Malik perd-il son sang-froid face aux trois clients ?

– Selon vous, Malik ment-il quand il dit à son patron qu’il ne connaît pas l’homme avec qui il a eu une altercation ?

– Pourquoi Malik garde-t-il les yeux ouverts à la fin du film ?

– Samy Seghir, le jeune acteur qui interprète Bilal, avait onze ans lorsqu’il a joué dans « Bonne nuit Malik ». Depuis, il a tourné dans des séries et des longs métrages.